Alors que la crise sécuritaire persiste dans le Sahel, l’imam Mahmoud Dicko, ayant effectué des missions de bons offices auprès des djihadistes, a ouvert un centre portant son nom. Cette structure, dédiée à la paix et au vivre ensemble, a été officiellement inaugurée, hier, jeudi 1er avril, par le Premier ministre Moctar Ouane. Ce dernier espère qu’elle » contribuera à renforcer la dynamique de dialogue » entre les acteurs dans le Sahel.
L’influent l’imam avait, en août 2020, annoncé, au cours du dernier rassemblement du M5-RFP, qu’il allait désormais s’investir pour la recherche de la paix et de la cohésion sociale. Ce leader religieux, dont le rôle a été déterminant dans la chute de l’ex-président IBK, ne cesse d’appeler le gouvernement à dialoguer avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa, deux leaders djihadistes maliens.
L’ambition du guide religieux d’être » un artisan de la paix et de la réconciliation « prend peu à peu forme avec l’inauguration, hier jeudi, du Centre Imam Mahmoud Dicko pour la paix et le vivre ensemble dans le Sahel. Cet institut, inauguré par le Premier ministre Moctar Ouane, se veut être » un forum de dialogue et une plateforme d’échanges d’idées « . Cela, en vue de » favoriser le retour de la paix en renforçant l’efficacité et la responsabilité des institutions endogènes et les sociétés de savoir dans les pays du Sahel « .
» Faire progresser la paix «
» L’ objectif du centre consiste à faire progresser la paix dans les pays du Sahel en favorisant l’entente, en offrant une plateforme de confiance favorable au dialogue, en créant des partenariats durables et en catalysant des solutions stratégiques « , a déclaré Dr Boubacar Ba (directeur d’un centre de recherche et proche de Dicko). Ce chercheur, qui ne sous-estime pas le rôle que peut jouer les religieux dans les crises au Sahel, souligne que l’ » apport du centre » sera » la formation, le dialogue et l’éducation fondée sur des réalités endogènes et historiques du Mali et du Sahel « .
» Contribuer à la stabilisation du Sahel «
Moctar Ouane, dont le gouvernement est dans la logique de dialoguer avec les chefs djihadistes, s’est réjoui de l’ouverture dudit centre qui, selon lui, participera à la culture de la paix et à la valorisation des connaissances. » La stabilisation du Sahel ne se fera pas seulement à travers les armes, mais aussi et surtout à travers des échanges, des réflexions et le dialogue. Ce centre, nous l’espérons, contribuera fortement à renforcer cette dynamique « , a affirmé le Premier ministre.
Son gouvernement pourrait ainsi s’appuyer sur ce centre pour » reprendre langue « avec Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa. L’imam Mahmoud Dicko a certainement les réseaux nécessaires à cela pour avoir été mandaté en 2017 par les autorités afin d’effectuer des » missions de bons offices » à Kidal et au Centre du pays. Celles-ci consistaient » à faciliter le retour de l’Etat à Kidal et instaurer un dialogue avec les hommes armés au Centre du pays « . Selon lui, Iyad Ag Ghaly avait accepté à l’époque le principe d’un dialogue avec le gouvernement malien.
Complémentarité avec l’Accord d’Alger
L’ancien président du Haut Conseil Islamique du Mali espère que le centre qu’il vient d’ouvrir sera » un catalyseur pour la paix au Mali « voire au Sahel. Son initiative a été saluée par son successeur au HCIM Chérif Ousmane Madani Haïdara, qui a pris part à la cérémonie d’inauguration.
» Je crois que c’est une bonne initiative dans le sens où ça va permettre aux différents acteurs maliens de produire la bonne information sur la situation au Mali « , a déclaré Hassan Naciri, ambassadeur du Maroc au Mali. Ajoutant que » c’est une bonne initiative pour contribuer à l’apaisement et au vivre ensemble « . Son homologue de l’Algérie, Boualem Chebihi, estime qu’il existe une » complémentarité « entre l’Accord d’Alger et ce centre. » C’est une initiative louable et qui concerne les défis auxquels le sahel est confronté « , a-t-il indiqué.
Ces deux diplomates annoncent accompagner et appuyer le centre de l’imam Mahmoud Dicko.
M.S.C
Source: l’Indépendant