Ainsi, il ressort que, dans un souci de transparence et de bonne gouvernance dans l’octroi de crédits, la BCEAO a mis en place, dans ses huit Etats membres, le Bureau d’Information et de Crédits (BIC) fonctionnel depuis quelques années. Qui, malheureusement, n’est pas consulté à hauteur de souhait par les banques maliennes.
Le BIC ou Crédit Bureau est une institution qui collecte auprès des organismes financiers, des sources publiques et des grands facturiers (sociétés d’électricité, d’eau et de téléphonie mobile) des données disponibles sur les antécédents de crédit ou de paiement d’un emprunteur ; traite les informations collectées à l’aide de techniques (statistiques, informatiques…) appropriées ; commercialise les produits dérivés de ces informations traitées (notamment des rapports de solvabilité et des scoring) auprès, entre autres, d’établissements de crédit.
Les objectifs visés, à travers la création du BIC dans l’UMOA sont, notamment de réduire l’asymétrie d’information (situation dans laquelle le signataire d’un contrat dispose de plus d’informations que l’autre partie sur sa situation avant la signature du contrat) sur la solvabilité des emprunteurs, qui contribue notablement au rationnement de crédit ; améliorer l’accès au crédit dans l’Union à moindre coût, tout en préservant la qualité du portefeuille des banques et améliorer le climat des affaires dans les Etats membres de l’Union, qui figure parmi les axes prioritaires de leurs politiques économiques.
En somme, le BIC met à la disposition des banques des informations sur les différents clients dont certains se promènent entre ces institutions financières en empruntant des crédits qui ne sont pas remboursés régulièrement. Avec le BIC, toutes les banques peuvent accéder aux données d’un client et savoir sa solvabilité et sa régularité dans le remboursement des prêts.
Malheureusement au Mali, les banques consultent très peu les données du BIC. Selon le Directeur national de la banque centrale, le taux de consultation du BIC au Mali est de 10%, loin derrière les autres pays de la sous-région. Konzo Traoré explique cela par le fait que l’adhésion d’un client au BIC doit se faire sur la base de son consentement. Autant dire que si un client n’est pas sûr de lui, il ne va pas accepter d’adhérer au BIC.
Par contre, l’ex-président de l’APBEF, Moussa Alassane Diallo justifie cette attitude par la frilosité des banques maliennes qui ont la possibilité d’aller plus loin que la banque centrale, en contraignant les clients à adhérer au BIC. Pour cela, il faut simplement conditionner l’octroi du crédit à cette adhésion au BIC. Ce qui n’est pas contraire à la loi. Une proposition qu’il avait soumise à ses collègues quand il était encore le président de leur association professionnelle. Mais, en dépit de la pertinence de cette démarche, les patrons de banques n’ont pas adhéré. Plus révélateur encore de cette indifférence des patrons de banques à la transparence dans les crédits qu’ils accordent, l’ex PDG de la BNDA et actuel Président du Conseil d’Administration de la même banque d’ajouter que, lorsqu’il était toujours président de l’APBEF, il avait constitué au niveau du secrétariat de cette structure un fichier sur les clients bancaires douteux.
» Tous les patrons de banques étaient au courant de l’existence de ce fichier dont eux-mêmes ont contribué à sa mise en place. Mais ils ne le consultaient jamais et continuaient à accorder des crédits à ces clients douteux « , a-t-il déclaré.
Youssouf CAMARA
Source : l’Indépendant