Le président sénégalais, Macky Sall, également président en exercice de la Cédéao était le dimanche dans nos murs pour présenter les condoléances de la communauté ouest-africaine au peuple malien en ces moments douloureux suite à l’attaque terroriste de l’hôtel Radisson Blu, le vendredi 20 novembre 2015. Une attaque qui a fait 21 morts dont 18 clients, un gendarme malien et les 2 terroristes.

Les deux hautes personnalités, après une visite sur les lieux du sinistre, ont animé une conférence de presse à Koulouba. Face aux hommes de médias, le président malien, Ibrahim Boubacar Kéita, a eu les mots extrêmement durs pour qualifier les auteurs de cette ignominie.

« Ce qui s’est passé le vendredi dernier, illustre parfaitement la nouvelle donne qui nous est imposée. Vivre avec au sein de nous des vrais montres, des êtres désincarnés auxquels on ne saurait trouver la moindre valeur nous liant au plan de ce qui est convenu d’appeler l’humain. Ces deux jeunes imberbes, ne semblent pas tout à fait dans un état normal, qui ont commis des crimes sauvages, gratuits, injustes.

Tuer des gens qui sont venus par sympathie pour le Mali, qui sont venus aider ce pays à se redresser après la crise multiforme très profonde qu’il a connue pendant 3 ans ! C’était leur volonté. Des hommes de paix en mission de paix dans un pays ami, fauchés irrémédiablement ! Cela nous est très douloureux », a souligné le président malien.

Il a salué son homologue sénégalais, lequel outre ses appels dès la survenue de l’évènement, s’est déplacé à Bamako pour montrer que le peuple malien n’est pas seul. C’est du reste pour confirmer cela que les pays de l’OMVS (outre le Mali, le Sénégal, la Mauritanie, la Guinée Conakry) ont décidé d’observer le deuil de trois jours avec notre pays.

Le président sénégalais et président en exercice de la Cédéao a confirmé que le Mali ne sera jamais seul dans ce combat. « Nous engagerons tout ce qu’il faut pour que tous nos peuples restent libres, libres de leur choix de vie, libres de leur choix de territoire, d’indépendance et de souveraineté ». Le numéro 1 sénégalais d’affirmer que le fléau du terrorisme a touché le monde entier et le plus grand nombre de victimes sont les musulmans eux-mêmes.

Que faire ? Macky Sall conseille de continuer à vivre, continuer à faire face quoiqu’il advienne dans la solidarité, dans la détermination puisque nous sommes des peuples libres et libres nous resterons. Pour le président sénégalais, la lutte contre le terrorisme est multiforme : s’occuper de notre jeunesse pour qu’elle ne soit pas une proie pour le terrorisme, il faut une posture nouvelle des forces de défense et sécurité qui n’opèrent plus dans un terrain neutre, des populations alertes et vigilantes, et une action globale à travers l’échange d’informations au niveau régional et international.

Selon le président IBK, toutes les mesures sécuritaires que les Maliens peuvent imaginer pour leur sécurité se trouvent dans l’état d’urgence qui a été décrété pour dix jours. Cela veut dire qu’un autre jour s’est levé, que beaucoup de choses que nous nous permettions ne seront plus convenables par rapport à la sécurité collective ; il faudra faire des sacrifices. « L’état d’urgence n’est pas une mesure légère, sûrement pas.

Tout est la-dans ». Mais le chef de l’Etat promet de poursuivre la formation et l’équipement des forces spéciales pour qu’elles interviennent dans les conditions sécurisées. « Ce qui doit être fait le sera Inchach Allah. Cela va nécessiter des efforts budgétaires, même s’il faut le faire à travers un collectif budgétaire pour que nous étoffions nos forces qui doivent augmenter en nombre et en exercité ».

Aussi, IBK est convaincu que la Défense est collective et chacun de nous devrait faire preuve de vigilance absolue. Il faudra que la vigilance collective s’exerce dans tous les domaines y compris dans la ‘’Jatiguiya’’ (l’hospitalité). Aussi, IBK demande l’aide de nos chefs religieux malgré tout ce qu’ils ont déjà fait, pour que nous continuons à barrer la route à ces charlatans qui n’ont rien à voir avec l’islam. « Il n’y a aucun village au Mali qui n’ait sa mosquée et le Mali est à 95% musulman ».

Aucun pays ne doit se considérer comme à l’abri dès lors qu’il y a une philosophie de la mort qui est vulgarisée malheureusement à travers internet, a indiqué le président sénégalais lequel a ajouté que la lutte  contre le terrorisme est difficile puisqu’il ne s’agit pas de faire face à des armées, mais à des personnes déterminées, qui sont prêtes à mourir et qui profitent beaucoup des médias, surtout les grands médias.

« L’un des aspects certainement de la lutte serait d’organiser le black-out, mais si en longueur de journée, on a des informations en boucle qui relatent, bien sûr ils sont des stars. On leur offre une tribune exceptionnelle. Dans la lutte globale, il faut qu’on réfléchisse à cela. Est-ce que les médias que vous êtes, dans ce que vous faites pour informer le public n’est aussi une de nos faiblesses ? Donc, c’est beaucoup de choses qu’il faut revoir ».

Pour IBK, ce qui a été fait à l’hôtel Radisson Blu a un but évident : faire peur, comme le terrorisme en a vocation. « Faire peur à des personnes de bonne volonté, de bonnes intentions qui se dirigerait vers le Mali, qui auraient l’intention d’aider le Mali dans son redressement, mais je pense qu’ils ne réussiront pas. Nous n’avons pas de crainte que la coopération va se poursuivre et à nous de créer les conditions chaque fois d’une sécurité plus renforcée, et nous le ferons. Je ne dirais pas que je vais mettre un élément des forces spéciales derrière chaque coopérant, mais que les gens sachent que les conditions de sécurité collectives d’intervention seront crées Inchach Allah, renforcées, autant que nous le pourrons », a prêché IBK.