Le maire de la Commune de Sitakily, située à 45 km de Kéniéba, région de Kayes, Alfousseiny Sissoko, le 3ème adjoint, Mamadou Fadiga, le secrétaire général, Abdoulaye Mounkoro et le régisseur des recettes, Dialy Cissé ont été placés sous mandat de dépôt, le jeudi 29 avril dernier, par le Procureur de la République près le tribunal de la commune III, chargé du le Pôle économique et financier de Bamako, Mamoudou Kassogué. Il leur est reproché le détournement de fonds publics à hauteur de plus de deux milliards de FCFA.
Cette affaire d’atteinte aux biens publics à la maire de Sitakily a été mise en évidence à la suite de deux plaintes introduites auprès du tribunal de la 1ère région dont la première par un groupe de personnes se faisant appeler » Nous population de Siatakily« .
Selon notre source, celle-ci a été classée sans suite. C’est ainsi qu’une autre plainte aurait été déposée par certains membres de la mairie sous couvert de l’anonymat pour dénoncer la gestion du maire Fassamba Sissoko de l’ADEMA élu en 2017. Ce qui a amené les autorités judiciaires à ouvrir une enquête sur la gestion des fonds de la municipalité durant ces dernières années. Cependant, si les plaignants, qui étaient dans la mairie depuis des années, avaient voulu que l’enquête porte sur la gestion de 2019 à nos jours, les contrôleurs sont allés au-delà en fouillant dans la gestion de l’équipe municipale précédente. Ce qui a mis en évidence d’énormes irrégularités financières.
Or, relève notre source, c’est avec l’arrivée du maire Fassamba Sissoko que la municipalité a réalisé plusieurs infrastructures sociales de base (école, mosquée, forage d’eau, ambulance etc) créant ainsi la jalousie chez certains conseillers qui étaient dans la mairie depuis des années et qui faisaient la pluie et le beau temps sur les ressources.
En effet, la commune de Sitalkily abrite deux sociétés minières d’envergure : Loulo et Tabakoto qui versent chaque année des taxes et des patentes pour le développement local. Sans oublier les nombreux sites d’orpaillage qui attirent des compatriotes venus d’autres localités du Mali mais aussi une importante colonie d’expatriés.
Deux sociétés minières présentes et plusieurs sites d’orpaillage à Sitakily
Cette extraction jugée illégale par une bonne partie des populations qui n’a pas hésité à mettre en place une coalition de lutte contre cette exploitation illégale de l’or par des sociétés étrangères notamment chinoises qui sont les plus indexées. Il est surtout reproché à ces entreprises de ne pas disposer de permis d’exploitation délivré par l’Etat malien alors qu’elles mènent une extraction semi-moderne avec des engins lourds qui renversent les terres dans tous les sens et des produits chimiques dispersés dans les cours d’eau. En fait elles ne prennent aucune disposition en terme de protection de l’environnement et du cadre de vie. Cependant, une bonne partie de la population soutient que ces entreprises sont couvertes par la mairie et certaines autorités locales auxquelles elles versent de l’argent.
Malheureusement alors que la procédure suivait son cours, le maire Fassamba Sissoko dont la gestion, plus ou moins saine des ressources, avait provoqué l’ire de certains conseillers, décéda et fut remplacé par Alfousseini Sissoko, son premier adjoint du parti SADI qui figurait parmi les anciens de l’équipe communale précédente.
Le Pôle économique et financier de kayes dessaissi au profit de celui de Bamako
Le Pôle économique et financier de Kayes a mené les auditions nécessaires des différentes personnes mises en cause durant des mois.
A en croire des sources, face à la lenteur dans l’évolution du dossier, la Cour suprême a décidé de dessaisir cette juridiction régionale au profit de celle de Bamako qui vient de donner un coup d’accélérateur audit dossier. En effet, le procureur du Pôle économique et financier de Bamako n’a pas tardé à convoquer les quatre personnalités incriminées dans le dossier, le 29 avril dernier, avant de les mettre sous mandat de dépôt. Il s’agit du maire Alfousseiny Sissoko, du 3ème adjoint Mamadou Mamdou Fadiga, du secrétaire général Abdoulaye Mounkoro et du régisseur des dépenses Dialy Sissoko.
Selon des sources proches du dossier, les deux maires emprisonnés sont tous en même temps promoteurs de plusieurs entreprises soit en leur nom ou à ceux des proches auxquels ils attribuent les marchés.
« Les actes de mégalomanies du maire et certains conseillers sont visibles partout à Sitalily. Ils ont des investissements qui dépassent l’entendement. Le maire même dispose d’un champ avec des bâtiments qu’on ne peut pas imaginer. C’est un investissement qui peut dépasser les 500 millions de FCFA dans une zone où les populations vivent dans la misère. Aujourd’hui c’est un ouf de soulagement dans notre commune. Certaines personnes qui ont été victimes d’expropriation foncière du maire sont prêtes à venir à Bamako pour porter plainte contre lui » a déclaré un ressortissant de la localité.
En tout cas, depuis le placement sous mandat de dépôt de ces quatre personnes, leurs proches notamment ceux du maire SADI, Alfousseiny Sissoko, crient à un règlement de compte politique orchestré par le parti ADEMA (avec lequel ils étaient pourtant en alliance lors des municipales passées dans la localité). Ils reprochent à ce parti de «vouloir récupérer à tout prix le fauteuil du maire après de décès de Fassamba Sissoko».
Youssouf CAMARA
Source: l’Indépendant