Loin d’une situation de famine, encore moins d’une situation alimentaire alarmante, notre pays se trouve par contre dans une position très difficile avec l’estimation des populations par phase de sévérité de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle qui fait ressortir que 965 926 personnes ont besoin d’une assistance alimentaire immédiate et que des actions de résilience doivent être réalisées en faveur de 3 517 574 populations des cercles en situation d’insécurité alimentaire. C’est du moins les recommandations spécifiques du Comité national du cadre harmonisé d’identification des zones à risques et des populations vulnérables au sahel et en Afrique de l’Ouest qui vient de clore ses travaux.
A l’issue d’une réunion d’expertise du 12 au 17 mars 2018, visant à identifier les zones à risques et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle, le Système d’alerte précoce (SAP), en tant que président du Comité national du cadre harmonisé, a présenté, le jeudi dernier à l’Hôtel Massaley, les résultats de ses travaux d’évaluation, au titre de la campagne 2017-2018.
Cet exercice, auquel 79 experts ont participé, a permis d’analyser la situation alimentaire et nutritionnelle dans 49 cercles du pays et les six communes du district de Bamako.
Les résultats, qui ont été présentés par le coordinateur du SAP, Mamy COULIBALY, sont le fruit d’un consensus des principaux acteurs de la sécurité alimentaire au Mali. Ces résultats qui se projettent jusqu’à la période de soudure devront permettre au gouvernement et à ses partenaires techniques et financiers d’anticiper et de répondre de façon adéquate, sur les questions de vulnérabilité alimentaire et nutritionnelle au titre de la campagne agricole 2017-2018.
Réunion d’évaluation et de restitution, la rencontre du jeudi a permis aux participants de se mettre au même niveau d’informations tout en retenant comme principale conclusion que même si la situation alimentaire n’est pas alarmante, elle reste particulièrement difficile au regard de tous les résultats obtenus par les experts. Ce d’autant plus qu’il ressort de l’analyse et des résultats présentés que ce sont plus de 4 millions de Maliens qui sont dans une situation de sous pression ou pire.
Ce qui démontre une évolution de la tendance comparativement à l’exercice de l’année dernière où les personnes ciblées et identifiées dans les mêmes situations s’élevaient à 3 millions.
Aussi, les résultats ont-ils révélés, les populations qui ont besoin d’une assistance alimentaire et nutritionnelle cette année sont estimées à 965 926 personnes alors que l’année dernière, les couches vulnérables à qui l’Etat a apporté une assistance étaient au nombre de 600 000.
Faisant une comparaison rapide des deux campagnes agricoles, le ministre Commissaire à la sécurité routière est revenu à la conclusion selon laquelle : «cette année 2018 paraît difficile».
Voilà pourquoi, il s’agissait pour le ministre Commissariat à la sécurité alimentaire, à travers cette séance d’évaluation et de restitution des résultats définitifs au titre de la campagne 2017-2018, d’envisager un certain nombre d’actions pour soutenir les populations qui sont dans la vulnérabilité et la précarité. Ce par les moyens de plusieurs types d’actions, notamment l’assistance alimentaire que le Commissariat apporte chaque année aux populations. A ce niveau, le service, par la voix de son patron, le ministre Oumar Ibrahim Touré, n’a pas un problème particulier, ce d’autant plus que toutes les dispositions ont été prises par l’Etat pour la prise en charge des populations.
Aussi bien la situation est particulière pour les populations, elle l’est aussi pour les animaux. C’est pourquoi des actions vont également être menées en faveur des éleveurs à travers une assistance en aliments bétails subventionnés pour leur permettre de pouvoir de passer la période de soudure.
Conscient que le pays se trouve dans une année très particulière, le Commissaire à la sécurité alimentaire est aussi convaincu qu’il faut aller vite.
En tout cas, il a rassuré que les dispositions sont en cours pour que l’aliment bétail soit mis à la disposition des éleveurs parce que tout simplement la soudure pastorale, justifie-t-il, est différente de la soudure des populations. C’est dire, selon le ministre Touré, qu’il y a d’autres actions pour renforcer les moyens d’existence des populations en faisant en sorte que le Commissariat à la sécurité alimentaire puisse renforcer leur résilience notamment dans les domaines du maraichage et d’autres types d’activités génératrices de revenus.
Pour autant le ministre Touré a indiqué que cette rencontre est certes une étape cruciale, mais que d’autres étapes se profilent également à l’horizon notamment la tenue de la commission mixte de concertation avec l’ensemble des partenaires techniques et financiers pour partager ces résultats avant la tenue, le 12 avril prochain, du Conseil national de sécurité alimentaire sous la présidence du Premier ministre.
En tout état de cause, le Commissaire à la sécurité alimentaire est catégorique: « le Mali connaît certes une situation alimentaire difficile, mais je le dis et je le répète : il n’y a pas de famine en République du Mali ».
En guise de recommandations spécifiques au gouvernement et ses partenaires, le Comité national du cadre harmonisé d’identification des zones à risque et des populations vulnérables au sahel et en Afrique de l’Ouest les invite à mettre en œuvre un programme d’assistance alimentaire immédiat aux 965 926 personnes en phase 3 et pire lors de la période de soudure (juin à août).
Aussi, les experts ont-ils recommandé la réalisation des actions de renforcement de la résilience dans les cercles en insécurité alimentaire, soit 3 517 574 personnes.
En clôturant les travaux, le Commissaire à la sécurité alimentaire a félicité l’ensembles des experts qui se sont investis une semaine durant pour passer en revue toutes les preuves disponibles pour analyser de façon professionnelle en vue d’aboutir à des résultats consensuels.
Selon Oumar Ibrahim TOURE, le cadre harmonisé est devenu le principal outil d’aide à la décision permettant au Gouvernement et à des partenaires d’alléger les souffrances des populations et particulièrement celles qui sont les plus vulnérables.
Par Mohamed D. DIAWARA
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