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POLITIQUE : Le prix des élections communales !

Les consultations électorales de dimanche dernier auront des répercussions sur la vie de la nation.
« Ce que nous voyons aujourd’hui (ndlr dimanche dernier) est contraire à nos attentes », a déploré le président des Forces alternatives pour le renouveau et l’émergence (Fare), Modibo Sidibé, lors des communales du 20 novembre dernier.

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Ces propos de l’ex-Premier ministre et opposant politique tranchent avec le satisfecit du président de la République. « Ces communales étaient tellement attendues! Enfin elles sont là: la démocratie est encore une fois en marche. Quand on y souscrit, il faut respecter toutes les règles », a déclaré Ibrahim Boubacar Keita après avoir voté à Sebenikoro en Commune IV du district de Bamako.
En accomplissant son devoir civique, IBK avait choisi d’ignorer la journée électorale cauchemardesque que connaissait le Mali : des fraudes massives, un très faible taux de participation, un scrutin insécurisé… Pour le chef de l’Etat, l’essentiel était la tenue des élections. Quelles qu’en soient les conditions.
Les autorités estiment avoir réussi le pari de l’organisation de ces consultations même si le pays se retrouve dans un trou plus profond. Ce scrutin test a laissé des traces qui pollueront la vie de la nation encore longtemps. A cette allure, la « victoire de la démocratie » dont se prévalent les dirigeants peut coûter cher au pays.
Le scrutin de dimanche dernier a prouvé que l’on est loin de la cohésion politique que requiert la situation de la nation. Au sein de la mouvance présidentielle, l’apparente solidarité politique entre les différents partis de ce bord a volé en éclats. Plusieurs formations de la majorité ont accusé le parti au pouvoir, le Rassemblement pour le Mali (RPM) de ne considérer que ses propres intérêts, au détriment du bien-être du regroupement.
En constituant certaines listes de candidatures, le RPM, selon ces partis « récalcitrants » de la majorité, a foulé aux pieds les principes élémentaires de la cohabitation politique. Un traitement cynique des compagnons politiques rendu possible par la bénédiction du système en place. L’opposition politique a vivement condamné les manœuvres du pouvoir visant à permettre au parti présidentiel d’avoir le maximum de conseillers communaux.
De l’Union pour la République et la démocratie (URD) aux Fares en passant par le Parti pour la renaissance nationale (Parena), les contestations ne sont pas près de prendre fin.
Rejet
Certains partis de l’opposition avaient même laissé entendre qu’ils n’accepteraient pas les résultats du scrutin avant sa tenue. Dans ces conditions, il y a de fortes chances que le dialogue politique indispensable à la remise du pays sur les rails n’ait pas lieu. Cela est d’autant plus vrai que des partis qui se sentent spoliés de leur victoire auraient d’autres raisons de prendre leurs distances des cadres d’échanges politiques que le gouvernement tente vainement d’instaurer.
A l’image du dialogue politique, les communales semblent avoir porté un grand coup au processus de paix. Opposée à l’organisation des communales avant la mise en place des autorités intérimaires, la Coordination des mouvements armés (CMA) a vigoureusement dénoncé une « violation flagrante » de l’accord pour la paix et la réconciliation. L’on comprend aisément pourquoi le mouvement sécessionniste a empêché le déroulement du vote dans plusieurs localités, particulièrement dans son fief de Kidal, dont l’avenir reste des plus flous. Familier de méthodes dilatoires, le mouvement rebelle serait sur le point de reprendre le processus de paix en otage à cause de la tenue de ces élections municipales.
A en croire une déclaration signée par son secrétaire général, Bilal Ag Achérif, la CMA ne reconnaît pas les résultats des consultations de dimanche, encore moins les élus qui en sont issus. Ce qui présage des moments tumultueux dans les zones septentrionales où le regroupement séparatiste est influent.
Le jour du scrutin a déjà donné un avant-goût de la scène de violence infernale qui pourrait suivre la proclamation définitive des résultats des communales. Plusieurs âmes innocentes, dont des militaires maliens, ont péri aux assauts des jihadistes dimanche dernier. Quand on sait la connivence entre ces derniers et des têtes de proue de la rébellion, l’on se rend à l’évidence que la tâche ne sera pas facile pour le gouvernement. Des leaders rebelles pourraient pactiser avec les terroristes afin de saboter les initiatives de Bamako visant à favoriser la normalisation de la situation au nord. Les élections communales ont réveillé les démons de la violence. L’équation sécuritaire se corse et tout indique que l’Etat malien devra revoir sa copie s’il ne veut pas baisser pavillon devant les terroristes et leurs alliés. Les municipales ont eu lieu contre la volonté des ennemis de la paix. Mais ceux-ci ne semblent pas avoir dit leur dernier mot.
Ogopémo Ouologuem
(correspondant aux USA)

 

Source: lesechos

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