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Poliscopie : La viande moins chère à Korhogo qu’à…Bamako

La viande est moins chère à Korhogo qu’à Bamako. C’est le ministre en charge du Commerce, Abdel Karim Konaté en personne, qui l’a affirmé plus d’une fois. En déplorant cette anomalie, le ministre voulait mettre en garde contre le phénomène des exportations abusives de bétail vers les pays limitrophes.

 

Malgré cette alerte, force est de constater que le prix de la viande continue de prendre l’ascenseur. A la veille de la fête de Ramadan, le kilo de viande avec os était vendu 2 500 FCFA sur le marché bamakois et dans certaines grandes villes du Mali, comme Kati.

Une tendance qui se maintient, au grand dam des consommateurs. Les bouchers jurent leurs grands Dieux qu’ils vendent souvent à perte. Les éleveurs invoquent la cherté de l’aliment bétail. Quelque part, tout le monde ment de temps en temps, pour défendre ses intérêts catégoriels. Toujours est-il que les méfaits de cette situation sont bien là.

Le Malien moyen n’arrive plus à se procurer de viande, à cause de son prix prohibitif, avec comme conséquence une malnutrition due à une carence en protéines animales. Ce qui n’est pas sans conséquences négatives sur le classement de notre pays dans l’indice du développement humain du PNUD.

Ce sombre tableau est d’autant plus révoltant que le Mali, avec une dizaine de millions de têtes de bovins et plus de 26 millions d’ovins – caprins (statistiques de 2009) possède l’un des cheptels les plus importants d’Afrique subsaharienne. La faute incombe, en grande partie, aux exportations sauvages de bétail sur pied, phénomène qui a cours depuis l’ère Kankou Moussa.

Traditionnellement, les pays d’exportation sont la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Burkina Faso. La Guinée vient d’entrer dans la danse. On raconte qu’à la veille de la dernière Aïd El Fitr, il a été importé du Mali entre 3 et 4 remorques de bovins, tous les jours de foire, à partir du Drall de Kati, le plus grand marché à bétail du Mali.

L’un des ministres d’ATT avait laissé entendre, en son temps, que l’exportation de viande pourrait rapporter au Mali la bagatelle de 250 milliards de FCFA par an. Pourquoi n’arrivons-nous pas à l’exporter convenablement? Ce n’est tout simplement qu’une affaire de volonté politique, serait-on tenté de répondre. Il est vrai que, pour ce faire, voire valoriser toute la filière élevage, il faut une politique bien pensée, déclinée en plusieurs volets.

Pourquoi, à titre d’exemple, ne pas construire un abattoir frigorifique moderne à Sikasso et exporter la viande sur la Côte d’Ivoire voisine, à l’aide de camions frigorifiques ? L’élevage contribue à 11% du PIB national. Amener cette contribution à 20% du PIB peut valoir au Mali au minimum 2 points de croissance, à travers, entre autres, la promotion des cultures fourragères, de l’embouche bovine et ovine et, pourquoi pas, la multiplication de feed-lots (ensemble de parcs en plein air pour l’engraissement intensif des bovins).

Sans compter la valorisation des sous-secteurs lait, peaux et cuirs et sous-produits d’élevage. Les peaux et cuirs sont, malheureusement exportés à l’état brut, par centaines et même par milliers de tonnes. Pour la petite histoire, la Tunisie, qui produit 3 fois moins de peaux et cuirs que le Mali, arrive à tirer annuellement plus de 120 milliards de FCFA de ce sous-secteur. Chez nous, il dépasse difficilement les 5 milliards de FCFA. IBK, qui a eu récemment la chance de visiter au Zimbabwe une ferme moderne appartenant à la famille Mugabe, a vu ce que la valorisation de l’élevage pouvait apporter à un pays.

Yaya Sidibé

 

source : 22septembre

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