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Le Mali à l’aube de la 4ème République

Les lampions se sont éteints le vendredi 10 mai 2024 au Centre International de Conférence de Bamako sur les travaux du Dialogue Inter-maliens entamés depuis trois mois, pour élaborer de façon concertée entre les forces vives un nouveau cadre de gestion du pays. Patiemment, grâce à sa détermination et sa volonté de libérer le territoire national de toutes les emprises étrangères, Assimi Goïta a su mobiliser autour de son projet. C’est l’annonce d’une nouvelle ère au Mali, après la gestion tant décriée des affaires publiques sous la 3ème république.
DROIT D’INVENTAIRE POUR UN HÉRITAGE TOXIQUE


A voir dans quel état de déconfiture Alpha Oumar Konaré a plongé l’ADEMA pour céder le pouvoir à un putschiste, ainsi que les circonstances dans lesquelles Amadou Toumani Touré et Ibrahim Boubacar Kéita ont dû de leur « plein gré » quitter Koulouba, peut-on encore soutenir que la première expérience démocratique est un succès ? Puisqu’on juge de l’arbre d’après son fruit, l’école malienne n’a pas produit des citoyens modèles et des acteurs du développement ; l’armée nationale jadis crainte et respectée était devenue du jour au lendemain une armée des ombres abonnée aux replis stratégiques ; la politique au lieu d’être un moyen de régler les affaires de la cité s’est muée en sésame de la réussite facile et de la grande corruption ; le « kokadjè » promis est resté un slogan finalement noyé trente ans durant dans un « tagnini » effréné. Même si tous les politiciens ne doivent pas être logés à la même enseigne, il faut reconnaître que les actes de prédation l’ont emporté sur le reste. Les populations déçues et en manque de repères avaient fini par se tourner, nostalgiques vers les souvenirs de Modibo Kéita et même de Moussa Traoré. La pilule est difficile à avaler pour les « démocrates de 1992 » mais les faits sont têtus à l’heure du bilan. En effet, ils ont octroyé au Mali trois présidents aimant manier le verbe, confinant du coup les griots, véritables maîtres de la parole dans un rôle d’auditeurs. Assimi Goïta apparaît comme un leader charismatique parlant peu mais agissant beaucoup. Les nombreuses réformes institutionnelles, les décisions de rupture avec l’ordre ancien et la libération de Kidal en sont la preuve patente. En outre, autour de lui s’est constituée une véritable équipe au sein de laquelle de nombreux cadres civiles et militaires sont en train de briller, sans même lui faire de l’ombre. Tout au long du Dialogue Inter-maliens, le droit d’inventaire a été permanent face à un héritage jugé toxique qui avait livré le pays à ses pires ennemis, occasionnant une perte de souveraineté et un délitement du sens civique et moral. Appuyées sur la nouvelle Constitution, les recommandations du Dialogue Inter-maliens constituent la rampe de lancement du Malikura.
LE PEUPLE AIME CEUX QUI ONT L’ÉTOFFE DU HÉROS
Le vrai mal dont souffre le Mali est le laxisme et la complaisance communément appelés « moussalaha » qui permet de déroger à toutes les règles établies, favorisant la montée aux affaires des incompétents et des irresponsables. Depuis 1992, aucun problème sérieux n’a pu être tranché grâce à la Constitution et aux lois. Par contre, on a vu des guides religieux et des patriarches bien connus faire plier les autorités à leur guise. Certains chefs d’Etat leur avaient même confié leur sort, se servant d’eux comme de grands électeurs. Ce sont donc les hommes politiques eux-mêmes qui, dans la plus grande vénalité, ont introduit les religieux au cœur de la politique, en violation de tous les principes républicains qu’ils avaient pourtant juré de respecter et de faire respecter. Le changement de paradigme s’impose à tous les niveaux, à commencer par l’éducation nationale et la gestion des affaires publiques. L’école malienne n’éduque plus et elle forme au rabais, les diplômes scolaires étant inscrits sur la liste des marchandises. Tous les secteurs de l’administration et de la société sont malades, parce qu’ils sont tenus en laisse par des fonctionnaires et des politiciens affairistes. Autant Modibo Kéita avait conduit une gouvernance de rupture aux premières heures de l’indépendance, autant Assimi Goïta est entré dans un schéma de rupture face à la vieille garde politique qui avait choisi de se coucher devant la France et les bailleurs de fonds internationaux, allant jusqu’à briser les carrières de ceux qui s’opposaient à eux. Aujourd’hui, la voix du Mali s’entend distinctement dans le concert des nations. Le Burkina Faso et le Niger ont suivi l’exemple, brisant son isolement et renforçant leur position commune au sein de l’Alliance des Etats du Sahel. La dynamique actuelle est telle que le point de retour est quasiment atteint, ce qui offre une chance inouïe aux pays du Sahel sur la voie de la souveraineté et de l’appropriation des ressources nationales.
La question de fond reste la future architecture du Malikura, qui doit être suffisamment souple pour intégrer tous les aspects essentiels de la vie nationale et solide pour résister aux vents contraires, notamment les forces occultes qui veulent imposer leur dicktat au Mali. Le temps est donc venu de définir sans complaisance le profil des futurs responsables, afin que les cadres dirigeants dans tous les domaines passent par le sas du patriotisme et de la compétence, sous le contrôle vigilant de la Cour Suprême pour le volet moral, pour éviter que des incompétents parviennent à des postes de responsabilité par la seule voie de la politique. Pour cela, la candidature d’Assimi Goïta à la prochaine élection présidentielle a été vivement recommandée. Le peuple malien tient son héros !

Mahamadou Camara
Email : mahacam55mc@gmail.com

Source: Info-Matin
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