Depuis 2012, le Mali connait l’une des crises les plus graves de son histoire. Cette crise politico sécuritaire qui a commencé dans les régions nord du pays s’est progressivement déplacée dans les régions centre, notamment Mopti et Ségou. La menace terroriste dans ces régions présente une situation de trouble de plus en plus généralisée. Des forces obscures tentent désormais de communautariser la violence afin que le chaos qui en découle leur serve de rempart. Des violations graves des droits de l’homme ont été commises de part et d’autre. Face à cet état de fait, les responsables du projet Benbéré ont organisé, le vendredi 16 novembre 2018, au Mémorial Modibo Keïta de Bamako, une conférence débat sur les « préjugés » qui existent entre les communautés du Nord et du Sud du Mali afin de dégager des pistes de solutions. Au cours de cette conférence débat, la plupart des intervenants ont invité l’Etat malien à prendre ses responsabilités pour résoudre le conflit intercommunautaire tout en déployant, en nombre suffisant, les forces de défense et de sécurité.
Cette conférence débat a enregistré la présence de l’ancien premier ministre, Moussa Mara, des responsables de Benbéré dont le coordinateur de la plateforme d’information Web « Benbéré », Abdoulaye Guindo, président de Doniblog (la communauté des blogueurs du Mali), le responsable financier de Benbéré, Amadou Konaré et bien d’autres. « La cérémonie à laquelle nous participons aujourd’hui est le couronnement d’une campagne dénommée SPEAK Nord, Centre et Sud du Mali. Cette campagne a débuté depuis le mercredi 14 novembre 2018 par la publication des articles portant sur des préjugés qui existent entre les communautés du Nord et du Sud du Mali », a déclaré Amadou Konaré, responsable financier de Benbéré dans ses mots de bienvenue.
Avant d’ajouter que la présente conférence-débat va servir de cadre pour permettre aux jeunes de discuter non seulement sur les préjugés mais aussi sur le conflit entre Dogons et Peulhs qui minent la cohésion sociale et la stabilité du Mali. Selon lui, cette conférence-débat n’est pas un tribunal pour se porter des accusations, mais plutôt, un cadre pour faire des témoignages, de proposer des solutions et de déconstruire les préjugés entre les jeunes du Nord, du Centre et du Sud du Mali.
A l’en croire, la campagne SPEAK Nord, Centre et Sud du Mali fait partie d’une campagne de sensibilisation mondiale pour aider à ce que tous et toutes, partout, aient une voix. « Cette année, le thème de la campagne est « parler avec » (“speaking with”, en anglais). Pendant 72 heures, du 16 au 18 novembre, des centaines d’évènements auront lieu de par le monde pour faire tomber les barrières nous divisant et aider à établir des connections et plus de compréhension. Enfin, je vous signale que la présente cérémonie est organisée par Benbéré, un projet mis en œuvre par DONIBLOG et avec l’appui de l’ONG Néerlandaise RNW et le réseau Alliance Mondiale pour la Participation Citoyenne », a conclu Amadou Konaré.
Lors des débats proprement dits, Mr Cissé, participant, a invité l’Etat malien à prendre ses responsabilités pour résoudre le conflit intercommunautaire tout en déployant en nombre suffisant des forces de défense et de sécurité. Par ailleurs, il dira que les communautés doivent aussi aider l’Etat à travers des renseignements. « L’armée doit être reformée », a-t-il conclu. Pour sa part, l’ancien premier ministre, Moussa Mara a fait savoir qu’il y a un problème de disfonctionnement qui fermente le conflit au centre du Mali depuis quelques décennies. Il a déploré l’absence de l’Etat au centre du pays. « L’Etat doit prendre en compte les aspirations de la population », a conclu l’ex premier ministre.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain