Cameraman à l’ORTM pour couvrir les activités sociopolitiques entre 1983 et 1993. Pendant cette période, mon travail consistait entre autres à filmer les activités des Présidents Moussa Traoré, Amadou Toumani Touré et Alpha Oumar Konaré dans presque tous les cercles du Mali, en France, Japon, Koweït, Sénégal, etc.
En 1983, désigné par la télévision, j’ai eu la chance d’être dans la délégation du Mali pour rendre compte en images du séjour du Président de la République en Guinée-Bissau, en Mauritanie et au Sénégal. Pour ce premier voyage de la jeune télévision, pendant 5 jours, j’ai filmé le Président Moussa Traoré et sa délégation dans trois pays.
C’était le début d’un long apprentissage des réalités de mon pays, je voyais et j’entendais les représentants du pays qui défendaient les intérêts supérieurs de la Nation. Aux cours des différentes visites présidentielles dans les régions, j’ai filmé le Président Moussa Traoré dans presque tous les cercles du Mali. Le matin, c’était l’accueil populaire ensuite la visite des réalisations et le soir la rencontre avec les cadres de l’administration. Je voyais et j’entendais ce qui se disait. Ses Ministres et lui écoutaient et prenaient des notes afin de trouver les voies et moyens pour soulager les populations et résoudre les problèmes. À mon avis, à travers leurs propos, ils étaient sincères.
J’ai filmé le Président Moussa Traoré dans plusieurs pays dans le monde, France, Japon, Koweït, etc. À la Mecque en Arabie Saoudite, j’ai eu la chance de rentrer avec lui à l’intérieur de la sainte Kaaba. Je voyais et j’entendais ce qui se disait. Ses Ministres et lui œuvraient afin de trouver les voies et moyens pour soulager les populations et résoudre les problèmes. À mon avis, à travers certains de leurs actes et leurs propos, ils défendaient les intérêts supérieurs de la Nation, ils étaient sincères.
Un matin, alors que le pays était en crise car les manifestants brûlaient les pneus dans les rues et bloquaient les voies, j’ai filmé au Palais présidentiel la délégation envoyée de la Bourse du travail pour demander la démission du Président. J’ai eu peur pour mon pays.
Les maisons des responsables étaient ciblées et incendiées et les agents de l’ORTM étaient assimilés au pouvoir. Après avoir déposé le matériel de tournage à l’ORTM, j’étais en difficulté pour rentrer chez moi car le militaire qui habitait avec moi dans le quartier et dont la fille jouait avec la mienne avec ses compagnons armés me bloquèrent à un passage au niveau du pont à côté du monument de l’indépendance. J’ai eu peur pour le risque d’une guerre civile. L’aide de camp du Président me trouva en détresse devant le barrage, il me demanda de monter dans sa voiture et me déposa près de chez moi.
Les voisins me demandèrent de partir de chez moi avec ma famille car je voyage souvent avec le Président et que ma maison est certainement sur la liste des maisons à incendier par les manifestants. J’ai répondu que je n’avais rien à me reprocher. Le Président Moussa Traoré et ses Ministres furent arrêtés. J’avais sillonné presque tout le Mali et fait le tour du monde avec des hommes et des femmes accusés de tous les maux et de crimes de sang.
Au palais de la culture, lorsque que le Président Moussa Traoré et ses Ministres accusés passèrent à côté de ma caméra et me saluèrent, j’ai eu des larmes aux yeux.
Le lendemain de l’arrestation du président, j’étais avec ma caméra au balcon de la Bourse du travail pour filmer la rencontre des militaires et les membres du mouvement. J’avais la conviction que je travaillais pour mon pays et je faisais le compte-rendu pour l’actualité et la postérité des activités de leurs représentants en images. J’ai filmé la conférence nationale.
Au cours de la transition, j’ai fait plusieurs voyages à l’intérieur et à l’extérieur du Mali avec le Premier ministre Zoumana Sacko. Avec ses ministres, ils œuvraient afin de trouver les voies et moyens pour soulager les populations et résoudre les problèmes ou les reporter à la fin de la transition. À mon avis, à travers certains de leurs actes et leurs propos, ils défendaient les intérêts supérieurs de la Nation, ils étaient sincères.
Au cours de la transition, j’ai fait plusieurs voyages à l’intérieur et à l’extérieur du Mali avec le Président Amadou Toumani Touré. J’ai eu la chance d’être dans la délégation du Mali pour rendre compte en images du premier séjour d’ATT en France comme Président de la Transition.
Avant les événements, je le connaissais comme chef de la garde présidentielle en grand professionnel au cours de certaines cérémonies ou des visites présidentielles à l’intérieur du Mali que nous faisions ensemble.
En France, au cours de ce voyage pour le Sommet de Chaillot, en délégation réduite, j’ai découvert un côté positif à ce grand homme qui devenait le Président en présence des gens et à leur départ, nous formions un groupe avec lequel, il faisait des confidences dans le genre :
J’ai demandé à rencontrer le Premier ministre du Canada, au cours de nos propos j’ai dit que mon grand regret serait de finir la transition sans avoir l’aide promise par le Canada en faveur de l’école alors que je sais que toute la classe : les élèves et les enseignants tournent avec l’ombre des arbres. Il a été sensible à ma parole et a immédiatement doublé le montant de l’aide promise et a ajouté qu’elle sera très vite disponible. ATT compléta ses propos en ces termes : en plus de la diplomatie, l’humour et la dimension humaine débloquent certaines situations.
Quelque temps après notre retour à Bamako, ATT posa la première pierre de plusieurs écoles avec ce fonds et procéda à leur inauguration avant la fin de la transition. J’ai filmé plusieurs de ces actes. Avec ses ministres, ils œuvraient afin de trouver les voies et moyens pour soulager les populations et résoudre les problèmes ou les reporter à la fin de la transition. À mon avis, à travers leurs actes et leurs propos ils défendaient les intérêts supérieurs de la Nation, ils étaient sincères. Ils ont respecté leur promesse de remettre le pouvoir à un Président démocratiquement élu.
À la fin de la transition, j’avais la conviction que je travaillais pour mon pays et je faisais le compte-rendu pour l’actualité et la postérité des activités de leurs représentants en images.
J’ai fait un seul voyage avec le Président Alpha Oumar Konaré.
Ensuite, à ma demande, la direction de l’ORTM a accepté que je fasse la réalisation. C’est ainsi que j’ai quitté la chose politique pour la chose culturelle, décision que je ne regrette pas. Car il a été récemment dit que Boubacar Sidibé primé plusieurs fois au Fespaco avec les films : Les aventures de Séko, Sanoudiè, La lutte contre les pauvres etc., est le seul réalisateur africain à écrire et réaliser des séries pour défendre les couleurs de son pays aux quatre dernières éditions du Fespaco : Les rois de Ségou (saison 1) 21 épisodes de 26 minutes, a représenté le Mali à la sélection officielle au Fespaco 2011. Les rois de Ségou (saison 2) 20 épisodes de 26 minutes a représenté le Mali à la sélection officielle au Fespaco 2013. La série Dougouba Sigui 26 épisodes de 26 minutes a représenté le Mali à la sélection officielle au Fespaco 201. La série l’enfant béni 28 épisodes de 15 minutes a représenté le Mali à la sélection officielle au Fespaco 2017.
Selon un sondage de la presse internationale, plus de 250 millions de foyers ont regardé ses séries dans le monde pour le rayonnement de la culture du Mali. Ses séries ont représenté notre pays dans les sélections officielles de plusieurs autres festivals à travers le monde (Festival Vues d’Afrique au Canada, Festival Nord-Sud à Genève, Festival de la fiction TV en France, etc.).
Alpha Oumar Konaré, avec ses ministres dont le Président actuel Ibrahim Boubacar Keïta, œuvraient afin de trouver les voies et moyens pour soulager les populations et résoudre les problèmes. À mon avis, à travers certains de leurs actes et leurs propos, ils étaient sincères. Alpha Oumar Konaré, après 10 ans, a respecté sa promesse de quitter le pouvoir à la fin de son mandat.
Après mes 33 ans de service à l’ORTM, mon constat est le suivant : le meilleur Président, le meilleur Premier ministre est celui que le peuple et ses dirigeants aident d’une manière sincère à tous les postes de responsabilités politiques, administratives et sociales du Mali. Car le pays est pour nous tous et ensemble, nous devons œuvrer à sa prospérité et à son développement pour notre bonheur à tous. Bonne année 2018. Que Dieu vous guide et vous protège.
Boubacar Sidibé
Réalisateur- Scénariste
Administrateur des arts et de la culture
Le Reporter