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Petits métiers : Les porteuses d’eau tirent leur épingle du jeu

Sur les chantiers de construction, les besoins en eau sont énormes. Le précieux liquide rapporte gros

Il existe de petits métiers, dont peu de gens savent l’existence. C’est le cas de l’arrosage des briques par les femmes dans les quartiers périphériques. En effet, en dehors des tâches ménagères, de nombreuses femmes exercent ce métier sur des chantiers de construction en remplissant des fûts pour les maçons. Pour pouvoir subvenir à leurs besoins, elles font aussi la lessive, sont des tresseuses, etc. Nous nous sommes intéressés à ces femmes.

Au quartier de Tabacoro, Fatou Théra, mère de trois enfants, explique qu’elle est devenue veuve alors que ses enfants étaient tout petits. Seule à les élever, elle s’est rabattue sur les petits métiers pour les nourrir et les entretenir. « Je vendais des oranges dans les quartiers, je faisais la lessive pour les gens et maintenant j’arrose les briques des chantiers avec mes amies du quartier pour subvenir aux besoins de mes enfants », confie-t-elle.

Une autre arroseuse, Ramata Traoré, résidant au quartier Farako/Mountougoula, pratique ce métier depuis deux ans. « Ça m’aide à subvenir à mes besoins. Mon mari est mécanicien à Sirakoro. Il revient vers le soir et nous aide à remplir le reste des fûts pour qu’on puisse vite terminer. Les enfants m’aident souvent à arroser et il nous arrive de gagner plus de 5.000 francs par jour », explique-t-elle. Mais, ce n’est pas tous les jours qu’elle travaille. Il y a des moments où, les chantiers sont à l’arrêt, déplore notre interlocutrice qui achète de l’eau de château ou de robinet, mais en hivernage, recueille l’eau de pluie dans les récipients. « Contrairement à la saison sèche, la pluie nous permet d’économiser un peu d’argent car nous arrosons sans acheter de l’eau », souligne-t-elle.

50.000 FCFA PAR MOIS

Fanta Coulibaly, une jeune fille âgée de 17 ans habite à Sirakoro Cité. Elle est élève en 9è année. Pendant les vacances, en plus des travaux ménagers, elle accompagne sa mère pour arroser des briques. Sa maman fait aussi la lessive pour des particuliers et ramasse des cailloux. « J’achète mes fournitures scolaires avec les sous que je gagne en travaillant avec ma mère. Ainsi, je ne fatigue pas mon père». Selon elle, le contenu d’un baril équivaut à 10 bidons de 20 litres chacun et sur chaque baril rempli d’eau, elle gagne 650 Fcfa.

Korotoumou qui habite aussi à Sirakoro, indique qu’elle pratique ce métier grâce à une amie d’enfance et gagne sa vie. « Souvent, on peut gagner 50.000 Fcfa par mois et même plus. Ce qui nous permet de subvenir à nos besoins comme on peut. Mon frère aussi est arroseur de briques comme moi. Puisqu’il a des relations avec des maçons, il nous informe à chaque fois que des chantiers démarrent, il nous prévient », raconte-t-elle.

Quant à Moustapha Diarra, propriétaire d’un chantier en construction, il s’est dit satisfait de l’arrosage de ses briques par les femmes. Pour lui, cela contribue à la lutte contre le chômage, car plus de 5 femmes peuvent s’occuper d’un seul chantier alors qu’il existe de très nombreuses maisons en construction dans les quartiers périphériques. « Elles remplissent un baril à 750 Fcfa et peuvent en remplir jusqu’à 10 par jour. Nous, les propriétaires, donnons cet argent aux maçons qui le leur remettent», souligne Moustapha.

Thérèse Ongoïba se réjouit de pratiquer ce boulot, car elle peut subvenir aux besoins de sa famille. « Mon mari est un chauffeur de taxi, il sort le matin et ne revient qu’au soir. Avant son retour, je fais ce boulot pour pouvoir acheter de petites choses à nos enfants », dit-elle.

Ce travail a des avantages comme des inconvénients, poursuit-elle. « D’abord, c’est un travail physique, donc pénible. Ensuite, certains propriétaires de chantiers ne nous font pas confiance. Ils pensent qu’on a l’habitude de les voler et pour cette raison, ils envoient de temps en temps des superviseurs pour contrôler le remplissage des barils. Par ailleurs, il y a des maçons qui, eux aussi, ne sont pas très orthodoxes avec nous, car ils tentent de nous gruger, ce qui provoque des fois des bisbilles entre nous à propos du montant qu’ils nous doivent », déplore-t-elle.

Aminata DIAKITÉ

Source L’Essor

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