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Perspectives politiques : Les Fare dans l’œil du cyclone

ce, les Forces Alternatives pour le Renouveau ont pu s’imposer  comme une formation qui compte sur l’échiquier politique. Mais à peine  lancée sur sa rampe victorieuse, les voilà déjà à la croisée des chemins, face à des turbulences et à une remise en questions qui interpelle son autorité morale,  Modibo Sidibé, ainsi que les membres fondateurs.

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Les Forces Alternatives pour le Renouveau (FARES)  ont fait irruption sur la scène politique en mars 2012, à la veille du coup d’Etat militaire des mutins de Kati. Elles ont émergé de la convergence de clubs de soutien à l’ancien premier ministre d’ATT, Modibo Sidibé, dans le but d’accompagner ce dernier à l’élection présidentielle  programmée pour la même année. Mais le parti a dû ajourner ses ambitions jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel perturbé par les événements de mars 2012. C’est ainsi que les Fare  ont pris part à la présidentielle de 2013 organisée par la transition démocratique sous la conduite de Dioncounda Traoré, en juillet dernier. Les FARE se sont donc distinguées comme une formation politique prometteuse, née sous une bonne étoile, au regard d’une  pléthore de cadres supérieurs ayant fait leurs preuves dans la haute administration. Le premier tour de la présidentielle ayant gratifié leur candidat, l’ex premier ministre Modibo Sidibé, d’une respectable quatrième position, la question de positionnement par rapport à la majorité présidentielle s’était aussitôt posée. Le parti ayant signé avec le Front pour la Sauvegarde de la Démocratie et de la République (FDR) une plateforme politique, il se devait de soutenir au second tour le candidat de ce regroupement, en l’occurrence Soumaïla Cissé de l’URD. Ce qui fut fait, du moins officiellement car des voix discordantes se sont aussitôt élevées pour ranger le parti dans le camp d’Ibrahim Boubacar Keita, lequel avait visiblement les faveurs de tous les pronostics au second tour.

 

Les dissensions se sont accentuées après les législatives, qui avaient vu les FARE conserver leur quatrième place sur l’échiquier politique national. Du jamais vu au Mali! Les partisans de l’alliance avec le président élu et sa majorité présidentielle étaient conduits par le douanier Zoumana Mory Coulibaly, l’un des barons et des plus importants bailleurs du parti et ami personnel de Modibo Sidibé. Parce qu’ils pensaient qu’un parti aussi jeune prometteur ne devait pas se confiner dans une opposition stérile et improductive, en se fermant notamment à toutes les opportunités qui ne manqueraient pas de se manifester en cas de collaboration avec le pouvoir, eu égard à la qualité de ses cadres. Des arguments qui avaient de quoi séduire la nomenklatura du parti. Le désir de Modibo Sidibé était pourtant d’inscrire les FARE et les députés à l’opposition politique et parlementaire, pour le bien de la démocratie malienne et pour prendre date avec l’histoire. Ses adversaires ne l’entendent pas de la même oreille, d’où des communiqués contradictoires faisant tantôt état de la décision des FARE de se ranger du côté de l’opposition, tantôt de celui de la majorité.

 

Pour mettre un terme au désordre et à l’indiscipline régnante qui menace dangereusement sa famille politique, il semble que Modibo Sidibé a finalement décidé de reprendre les choses et le parti en mains. Un congrès extraordinaire, à son initiative, est pour ce faire envisagé pour une date très prochaine.  Comme on le voit, lesdites assises pointent à l’horizon dans une ambiance de cacophonie totale au sommet du parti. Amadou Cissé, l’un des porte-paroles des FARE, au nom de Modibo Sidibé, a récemment affirmé que le parti se place résolument à l’opposition. Mais les élus renâclent vet mettent au défi, désaveu à l’appui, Modibo et ses partisans d’aller à l’opposition. Ainsi, les six députés FARE ont affiché leur appartenance à la mouvance présidentielle en le déclarant  publiquement, il y a une dizaine de jours, à la faveur de leurs journées parlementaires. Pour lever toute équivoque, ils ont même envoyé une correspondance à cet effet. Tout cela s’est fait avec l’assentiment du président du parti, Alou Keita, qui souffle dans la même trompette que Zoumana Mory, l’un de ses principaux bailleurs et fondateur. Ce tribun hors pair est la véritable tête pensante des FARE. Comme lui et les députés, nombre de cadres du parti pensent qu’un parti aussi jeune et aussi prometteur que le leur ne peut se permettre d’aller s’enterrer  dans une opposition stérile et infructueuse, une posture pleine d’inconvénients. Chacun d’eux à une carrière à défendre, un profil à respecter, un agenda de promotion en travers duquel rien ne doit pouvoir se mettre au travers. C’est cette dure réalité que Modibo et ses soutiens ont du mal à comprendre, parce que l’ancien Premier ministre d’ATT  n’en a cure pour avoir déjà atteint les plus hauts sommets. Ses lieutenants ou conseillers lui ont-ils indiqué une fausse piste susceptible d’entrainer le parti dans une aventure périlleuse ? Cela en a tout l’air, mais le parti sortira difficilement indemne d’un tel bras de fer, tant les enjeux sont importants pour la majorité des cadres adeptes d’une coopération avec la pouvoir et déterminés à accompagner honnêtement et efficacement le président Ibrahim Boubacar Keita et le gouvernement dans la réalisation du projet de société.

 

Oumar Coulibaly

 

SOURCE: Le Témoin 

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