Compte tenu de la situation actuelle que traverse notre pays, les femmes du Mali ont décidé de briser le silence pour lancer un vibrant appel aux plus hautes autorités afin d’assumer leurs responsabilités face à la crise multidimensionnelle qui perdure dans le pays, depuis 2012. C’était à la faveur d’une conférence de presse animée, ce lundi 6 mai 2019, par la plateforme des femmes leaders du Mali, au CNDIF.
Ladite conférence était animée par Mme TRAORE Nana SISSAKO, vice-présidente de la plateforme en présence de Mme Mama KOITE ; Mme DIALLO M’Bodji SENE, toutes les deux membres de ladite plateforme.
D’entrée de jeu, Mme TRAORE, conférencière, a regretté la situation socio politique de notre pays qui se dégrade de jour en jour.
« Les femmes du Mali regrettent que la crise multidimensionnelle que connaît le pays, depuis 2012, soit encore lion de son dénouement, en dépit de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Nous constatons avec une grande amertume la dégradation générale de la situation générale du pays notamment sur les plans paix et sécurité, sociale et économique », a-t-elle dit. Selon elle, la crise qui n’a pu être éradiquée au nord du pays s’est rapidement propagée dans le centre, pour gagner petit à petit le reste du pays. Mme TRAORE a regretté l’absence de l’État et des forces de défense et de sécurité dans les régions les plus exposées aux pires actes de banditisme et de terroristes qui n’épargnent ni les populations ni leurs biens.
En plus de la situation sécuritaire, les femmes ont déploré l’insuffisance de services socio de base, dans plusieurs parties de notre pays.
« Nous les femmes, nous exprimons notre inquiétude et désarroi face à la situation chaotique que vit notre école, avec les grèves interminables des enseignants et des élèves et étudiants. L’école malienne tend irrésistiblement vers une année blanche avec des conséquences désastreuses sur la scolarité des élèves et étudiants, sur la qualité des ressources humaines, et d’une manière générale de l’économie malienne », a-t-elle déploré.
Cette conférence de presse a été une occasion pour les femmes leaders de décrypter la situation sociopolitique de notre pays. Elles ont en effet égrainé un chapelet de recommandations aux plus hautes autorités pour sortir le pays de l’impasse.
« Le coût de la vie est actuellement insupportable et l’on se dirige vers un étouffement économique avec la hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires qui grèvent le panier de la ménagère et le manque de contrôle et de suivi par les autorités, des décisions prises. Conscientes des effets néfastes de cette situation socioéconomique et sécuritaire déplorable, nous protestons avec la dernière énergie contre l’inadéquation des dispositifs de maintien de la paix, de lutte contre l’insécurité et la mauvaise gouvernance généralisée, doublée d’une impunité coupable », a-t-elle lancé.
Malgré ce ton dur, elles réaffirment leur volonté indéfectible à ne rien ménager pour que le Mali préserve son unité nationale, l’intégrité de son territoire et le caractère laïque et républicain de l’Etat dans la paix et la légendaire cohésion sociale. À la communauté internationale, les femmes ont, par la voix de Mme TRAORE, recommandé le respect strict de son engagement à aider le Mali à retrouver la paix, la sécurité et son intégrité territoriale, l’intensification de la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme la révision du Mandat de la Minusma pour l’engager dans la lutte contre ces fléaux.
Pour finir, les femmes ont regretté d’être une fois de plus trahies par le président de la république, en ce qui concerne le respect de l’application de la Loi n° 2015-052/du 18 décembre 2015 instituant des mesures de promotion du genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives dans le nouveau gouvernement.
PAR CHRISTELLE KONE