Au carrefour situé non loin du Gouvernorat et du Conseil régional, une banderole postée par le Conseil Régional des Jeunes donne le ton d’une urgence en ce qui concerne la pénurie d’eau qui sévit dans la ville de Gao depuis le mois de mars 2016.
Portant un message « Avertissement… De l’eau… De l’Eau… De l’eau. Gao meurt de soif. SVP de l’eau… J’ai soif », « cette banderole est une interpellation des autorités en vue de répondre aux attentes de la population » a souligné M. Aboubacrine Bohainata, président du Conseil Régional des Jeunes, qui participait ce matin à une réunion d’urgence convoquée par le Gouverneur de la région de Gao.
Plusieurs acteurs dont les autorités régionales, la société civile, les humanitaires et la Société Malienne de Gestion de l’Eau Potable (SOMAGEP) ont pris part à cette rencontre dont « l’objectif était d’examiner l’efficacité des actions concertées à engager dans l’approvisionnement d’eau potable de manière régulière dans certains quartiers périphériques de la ville de Gao à travers une opération dénommée Opération-Citerne » a dit M. Seydou Traoré, le gouverneur de la région.
« Depuis hier et aujourd’hui et grâce à l’appui de la MINUSMA qui vient de mettre des citernes de 3000 litres à la disposition des populations des quartiers d’Aldjanabandja, Château-Est et Gadeye, les populations de ces trois quartiers ont pu s’approvisionner en eau potable » a enchaîné le Gouverneur.
M. Ousmana Seydou, Directeur Régional de la SOMAGEP, s’est dit très satisfait du déroulement de l’Opération-Citerne par les différents contingents de la MINUSMA en collaboration avec la Direction Régionale de la Protection Civile. « La distribution d’eau potable a commencé hier et va se poursuivre » a-t-il assuré tout en soulignant les difficultés d’ordre financier que rencontrent cette structure étatique.
« En ce qui concerne la mise en œuvre de son Plan national, la SOMAGEP avait un programme de 700 millions de FCFA pour financer l’Opération-Citerne à travers le pays. Nous sommes aujourd’hui à plus d’un milliard de FCFA investi. Le dépassement budgétaire ne nous a pas permis d’éviter cette situation actuelle de pénurie d’eau à Gao » s’est inquiété le Directeur Régional de la SOMAGEP.
Les poteaux et bouches incendie installés par la SOMAGEP dans quelques coins des quartiers aident les citernes de la Mission onusienne à s’approvisionner en eau potable pour une distribution dans des quartiers les plus touchés de la ville.
M. Ousmana Seydou a exprimé ses regrets du fait que « cette année à Gao, nous avons voulu à ce que notre structure prenne seule cette opération en charge, mais faute de moyens conséquents, nous avons dû recourir aux bons offices de la MINUSMA et d’autres partenaires pour la réussite de ladite opération. Heureusement, ils ont répondu favorablement à notre requête ».
Une forte chaleur est observée à Gao ces derniers temps et le manque d’eau potable constitue un grand danger pour le bien-être de la population. Mamadou Issa dit Biga Maiga, président de l’Association des Consommateurs de la ville de Gao, confirme que depuis le mois de mars 2016, il fait une chaleur de plomb dans la ville. « Nous sommes très contents que cette Opération-Citerne est arrivée à point nommé et que si cela n’avait pas commencé hier, je me demande ce qui allait advenir aux populations de Gao. En tant que natif de cette partie du pays, je n’ai jamais connu une telle montée de température et l’eau potable est bien une nécessité ».
Mme Salamata Maiga, une femme aveugle qui était présente ce matin au site de distribution d’eau potable à Gadeye, a fait éclater sa joie. « Toute la population de Gao remercie infiniment la MINUSMA pour ses efforts de nous approvisionner en eau potable.
En buvant de l’eau qui n’est pas propre à la consommation, cela entraîne des maladies hydriques » a-t-elle souligné. Mme Salamata Maiga a fait ses études à l’Institut des Jeunes Aveugles à Bamako. Le Gouverneur de la région de Gao et le Président de l’Association des Consommateurs de la ville de Gao ont lancé un appel pressant à la population de s’abstenir de boire l’eau du fleuve pour être à l’abri des maladies hydriques.
Source: MINUSMA