Depuis plusieurs jours, il est presque devenu impossible de s’approvisionner en gaz. Les plus chanceux doivent débourser en 5000 et 10000 FCFA pour la bouteille de 6 kg autrefois vendue à 3.500 Fcfa. Les « gorobinets » pour les rares passages qu’elles font à la cuisine se salissent les mains au charbon et au pire des cas utilisent le bois. Résultat des courses, des plats bien aromatisés de fumée.
La pénurie a provoqué la hausse des prix du charbon et du bois de chauffe sur le marché.
Un responsable d’une société de distribution de la place nous explique que cette pénurie est due à un manque de gaz. Nos fournisseurs demandent de l’argent liquide.
Ce produit est largement subventionné par l’État pour encourager les populations à abandonner le charbon et le bois depuis 1982, pour soulager nos forêts, dont il ne reste plus grand-chose. Aujourd’hui, les sociétés de distribution ont du mal à se faire payer par l’État.
Malgré la prolifération de sociétés dites de distribution de gaz (Sodigaz, Sigaz, Coumba gaz, Kama gaz, Fasogaz, Dilli gaz, Bama gaz) j’en oublie volontiers, l’utilisation du gaz butane peine à se généraliser dans notre pays, un pays sahélo désertique de surcroit. Dans l’utilisation, le Mali occupe la lanterne rouge derrière la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Burkina Faso et la Mauritanie.
Au Mali, environ 80% de la population est rurale. L’énergie domestique est produite à plus de 98% par le bois et le charbon. Selon les statistiques de la Direction nationale des Eaux et forêts (DNEF), le pays perd chaque année 400 000 hectares de forêts à cause de la coupe, de la commercialisation et de l’utilisation du bois de chauffe et du charbon de bois. A ce rythme, nous allons inexorablement vers la disparition totale de nos forêts. Les conséquences seront bien évidemment catastrophiques pour la vie des hommes et des animaux.
Les deux-tiers du territoire malien sont désertiques. Et le désert avance d’environ 7 kilomètres par an, selon les estimations. Les causes de cette avancée du désert sont à la fois naturelles et liées aux activités humaines, selon les spécialistes. Parmi les conséquences, le recul du couvert végétal, la baisse de la productivité des sols, l’ensablement des cours d’eaux, les migrations environnementales et les conflits autour des ressources naturelles.
La pénurie de gaz est un business pour les revendeurs et livreurs de charbon.
Mahamadou YATTARA
Source: Infosept