Du 19 au 21 septembre, le centre Djoliba a abrité l’atelier préparatoire du colloque international des écrivains, journalistes, communicateurs traditionnels. Organisé par PEN et Malivaleurs, cet atelier de trois jours (lundi, mardi, mercredi) s’inscrit dans un contexte préparatoire en vue de l’organisation de la prochaine grande rencontre qui est prévue pour les 25,26, 27, et 28 Octobre, ayant comme thème « La montée des intégrismes comme menace sur les droits et libertés. »
Ainsi, cette phase préparatoire a été riche en débats. Elle a regroupé des écrivains, journalistes, professeurs d’université, représentants des réseaux de droits de l’Homme. Les réflexions qui ont été menées traduisent le contenu du thème « Regards croisés entre chartes précoloniales (kurukanfuga/ Dina du Macina) et constitutions. Des énoncés précoloniaux en matière de droits et libertés ? » La culture malienne était à l’honneur. Les valeurs traditionnelles relatives à l’organisation sociale politique et constitutionnelle telles que les anciennes chartes nous les présentent ont été développées. En effet il s’agit, comme l’a souligné Maitre Amadou Thiéoulé Diarra, commissaire scientifique de l’atelier « d’exiger l’intégration de certains textes des chartes précoloniales dans notre constitution, la relecture des anciens manuscrits, de saisir à partir de cette relecture les textes qui promeuvent les libertés et droits fondamentaux , de pallier à la montée de l’extrémisme religieux. »
Par ailleurs, le ministre de la Justice, des Droits de l’homme et Garde des sceaux, a évoqué les difficultés liées à l’application des lois dans notre pays, tout en déplorant que celles-ci soient importées et imposées à un peuple qui n’a aucune idée des contenus. Il a stipulé qu’une meilleure compréhension de la constitution par le peuple, nécessite un retour aux chartes anciennes. Ce discours a été suivi par une série d’exposés et de débats qui ont successivement amené au présidium les différents panelistes. Ainsi, Professeur Bakary Camara, doyen de la faculté de droit public, a fait l’entrée en matière. Son intervention était centrée sur la définition et l’explication des concepts de droits et libertés, d’établir le lien et la différence entre les libertés publiques et droits humains. Ces deux concepts ont émaillé tout le débat. Dr Fodé Moussa Sidibé, écrivain et chercheur, a dévoilé, dans son exposé sur la charte de Kurukanfuga, la place importante des droits et libertés dans la société traditionnelle. Cette charte qui date du XIIIe siècle est, selon lui, la première déclaration des droits de l’Homme. « Elle a aboli l’esclavage, la traite et a garanti l’égalité et les libertés individuelles », a-t-il dit. Elle peut ainsi servir de référence à notre constitution actuelle, qui a du mal à s’adapter à nos réalités. Outre les chartes, l’islam et les religions africaines étaient au rendez-vous. Salem Ould Elhaj et Boubacar Ba (tous écrivains) ont présenté l’image d’un islam modéré en s’inspirant des anciens manuscrits, en l’occurrence ceux de Tombouctou et Djenné, et de la Dina, dans lesquels le respect des droits humains était une exigence. Quant aux religions africaines, elles avaient pour défenseur Fakoli Doumbi qui a dressé un constat dramatique des religions africaines. Pour lui, la substitution des religions africaines par celles étrangères, signifie la perte de l’identité africaine. En marge de ces exposés, d’autres thématiques ont été développées par les intervenants comme entre autres Hamidou Magassa (écrivain, éditeur), maître Cheick Omar Konaré, maître Amadou Tiéoulé Diarra, Zéidane Ag Sida Lamine (écrivain). Ils ont touché à un nombre de domaines : La gouvernance, la presse, l’éducation, l’Etat. L’atelier a été clôturé par un café littéraire des écrivains de Tombouctou et une introduction en plénière. Ismaila Samba Traoré, président de PEN MALI, est revenu sur le prochain colloque qui est prévu pour le mois d’octobre.
Bacaï Yalcouyé
Source: lepays