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Paysage politique post-présidentielle : L’opposition diminuée et fragilisée par la main tendue d’IBK

Deux grosses pointures de la scène politique malienne se regardent en chiens de faïence depuis que le président Ibrahim Boubacar Kéita, déclaré élu par les instances compétentes a tendu la main à ses adversaires pour la construction du Mali. Le premier, Soumaila Cissé  s’est classé 2ème et le second, Aliou Boubacar Diallo, 3ème lors de l’élection présidentielle de juillet et août derniers. Tout porte à croire que ces alliés de circonstance ne portent plus les mêmes idéaux. Et le divorce entre eux a déjà été consommé. La main tendue d’IBK en est la cause. Une main tendue que Aliou Boubacar  Diallo et les siens ont décidé de saisir avant de tourner la page de l’élection présidentielle.  

Au moment où Soumaila Cissé appelle ses militants à marcher dans la rue, l’autre candidat malheureux arrivé 3ème, Aliou Boubacar Diallo appelle les siens à tourner la page de l’élection présidentielle. Un appel qui a fait un choc chez les partisans de ‘’Soumi champion’’ qui n’arrivent toujours pas à digérer leur défaite face au président IBK réélu avec 67,16% des voix.

Un adage dit : « quand le vin est tiré, il faut le boire ». C’est ce que semble avoir compris Aliou Boubacar Diallo de l’ADP-Maliba qui a décidé  d’accepter la main tendue du président IBK. Contrairement au candidat de l’ADP-Mali, Soumaila Cissé persiste et signe : il a gagné les élections et IBK lui a volé sa victoire à travers une fraude massive.  Aussi, il estime que la main tendue d’IBK n’est pas sincère.

Bien que la sincérité de la main tendue d’IBK soit remise en cause par le camp de Soumaïla Cissé,  Aliou Boubacar Diallo s’est démarqué pour la saisir en demandant à ses supporters de tourner la page de l’élection présidentielle pour  se concentrer sur les législatives.

«Nous ne sommes pas opposés à un homme ou à un clan mais plutôt à un système. Nous nous engageons à le combattre farouchement en cherchant à construire plutôt qu’à détruire. Nous resterons donc mobilisés et nous ne tomberons ni dans la compromission ni dans la violence. J’en appelle au sens du dialogue et de la responsabilité de mes frères Ibrahim Boubacar Keita et Soumaila Cissé. Toute l’élite politique sur laquelle les yeux des Maliens sont rivés doit montrer l’exemple et mettre de côté les différences pour s’entendre sur l’essentiel: refonder le Mali…. »,  a déclaré Aliou Boubacar Diallo dans un discours à l’occasion de la fête du  22 septembre.

Après cette déclaration, un membre de l’URD (principal parti de l’opposition) du nom de Macké Diallo a publié sur sa page facebook, son incompréhension face à ce comportement de leur ami de l’ADP/Maliba.

«Ce parti avait forcé l’admiration quand il avait décidé de quitter la majorité à un moment où le régime était bien fort. La décision était osée et montrait un acte de conviction. Après, son président d’honneur avait fait une sortie où il avait expliqué que le chef de l’État est un homme qui est peu reconnaissant. Il avait exposé des faits et avait fait savoir qu’il avait soutenu financièrement et socialement la candidature du président en 2013, et que dans la gestion du pouvoir, il a été ignoré et même torpillé. Ensuite, le candidat Aliou Diallo avait montré toutes les failles dans la gestion du régime sortant pendant sa campagne. Puis entre les deux tours, il avait contesté vigoureusement contre la fraude lors des élections, il avait même publiquement proposé une solution moderne et pratique, approuvée par beaucoup de patriotes. Pendant les contestations contre la révision constitutionnelle, les cadres du parti ADP-Maliba étaient au-devant de la fronde », a-t-il rappelé. Avant de s’indigner contre les propos tenus par le porte-parole du parti qui a traité son camp « d’une certaine opposition ».

La réaction du porte-parole de l’ADP-Maliba Cheick Oumar Diallo ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué, il dit ceci : « J’ai l’impression que la moindre position qui ne cadre pas avec certaines personnes est vue comme une trahison ou une compromission. Tout ce que nous disons, c’est qu’il faut revenir à la réalité. Ce qui n’a pas été fait avant l’investiture solennelle ne se fera certainement pas après, sauf à appeler à l’irréparable. Aujourd’hui, le vrai défi du Mali se trouve sur le terrain politique et institutionnel. Il n’est plus dans la rue. Et le terrain politique n’est pas un champ de bataille où il faut “abattre” un “ennemi”. C’est un terrain de confrontation d’idées…. ». Selon lui, malgré leur grande déception durant l’élection, ils acceptent de regarder de l’avant après l’investiture, sans compromission, ni violence.

« Nous faisons le choix de donner une chance au dialogue. Nous faisons le choix de la République et de la Démocratie. Le choix de continuer à défendre nos convictions tout en étant constructifs. Voilà ce que les Maliens attendent de nous. Il revient à présent aux plus hautes autorités de donner du contenu et un sens à la “main-tendue”», a-t-il ajouté.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que la main tendue d’IBK est en train de diviser le camp de l’opposition. Laquelle est en train de se fragiliser de jour en jour. Le candidat de l’ADP-Maliba pourrait d’ailleurs être suivi dans les jours à venir, par d’autres membres de l’opposition qui seraient sur le point d’accepter la main tendue du président de la République Ibrahim Boubacar Kéïta.

Mais bien avant sa main tendue après son  investiture, certains candidats qui étaient dans le camp de l’opposition avaient appelé à voter pour IBK au second tour. Après l’investiture d’IBK, le CDR de Ras Bath  qui était l’un des poids lourds de l’opposition a aussi décidé de mettre fin à son alliance avec Soumaila Cissé. Et du coup, l’opposition de Soumaïla Cissé se retrouve diminuée et fragilisée.

Moussa Sékou Diaby

REUTERS

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