Plus de 60 chercheurs, scientifiques, universitaires, conservateurs des manuscrits anciens du Mali et de 12 pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique et d’Europe, prennent part, depuis hier, à une conférence sous régionale sur le thème : « Les manuscrits africains et la recherche en Afrique de l’Ouest : nécessité d’un soutien mutuel, défis et perspectives ». Les travaux ont démarré à la salle Kumablon de l’Azalaï Grand hôtel de Bamako et prendront fin cet après-midi. Cette conférence est organisée par l’ONG Sauvegarde et valorisation des manuscrits anciens pour la défense de la culture islamique (SAVAMA-DCI) avec l’appui financier de la Fondation Ford des Etats-Unis d’Amérique.
L’objectif visé par cette conférence est de faire l’état des lieux des recherches menées ou en cours sur les manuscrits africains, particulièrement ceux de l’Afrique de l’Ouest. Elle discutera des problématiques liées à l’utilisation des manuscrits par les chercheurs : potentiel, contenu scientifique, disponibilité ou accessibilité des manuscrits ainsi que les mesures induites. On peut notamment citer le travail collaboratif entre chercheurs et gestionnaires des manuscrits, la numérisation, la traduction, l’édition, la publication et la création d’organes de publication scientifique. Enfin, elle permettra d’explorer les voies et moyens pour une considération plus accrue des manuscrits dans la recherche scientifique en Afrique de l’Ouest.
Malgré la richesse reconnue du contenu des manuscrits, force est de reconnaître qu’il n’y a pas eu un véritable travail de recherche dans le sens de leur exploitation scientifique. Certes, il y a eu quelques efforts éparpillés, mais ils restent insuffisants par rapport au besoin et au potentiel de ressources manuscrites. Il est évident que l’immense travail accompli dans le domaine de la sauvegarde et de la conservation ne saurait être valorisé sans une action exploratoire de recherche et d’exploitation du contenu de ce riche patrimoine écrit.
« Les manuscrits maliens et les manuscrits en Afrique de l’Ouest, explique Abdoul Kader Haïdara, coordinateur de l’ONG SAVAMA-DCI, n’ont pas fait l’objet d’un domaine privilégié de recherches menées par les orientalistes occidentaux ». Ils n’ont pas fait, non plus, l’objet d’investigations poussées par les ethnologues africanistes et les récentes élites africaines.
En matière de recherche sur ces sources, pourtant dignes d’intérêt, on est à la phase exploratoire. Les études sur leur histoire, leurs caractéristiques (codicologie, paléographies, leur catalogage, leurs usages, leurs conservations) restent à parfaire pour permettre leur gestion, leur valorisation et, de façon plus globale, pour connaître les sociétés et les systèmes qui les ont produits. Ainsi, pour orienter les universitaires, les chercheurs et les institutions de recherche vers ces sources manuscrits, la SAVAMA-DCI ouvre le débat. Il y a presque un an, la SAVAMA-DCI, ses collaborateurs et partenaires étaient réunis à Bamako pour discuter des enjeux de la conservation et de la valorisation des manuscrits en Afrique de l’Ouest. Ces assises ont permis de faire l’état des lieux de leur conservation en Afrique de l’Ouest et les difficultés financières et techniques auxquelles sont confrontés plusieurs de nos pays. L’implication des politiques est plus que nécessaire pour un changement positif de la situation. Les recommandations issues de cette rencontre ont été officiellement remises au représentant du ministre de la Culture, le conseiller technique Bouréima Fofana. Ce dernier, qui présidait la présente cérémonie, rappelle que les acteurs se retrouvent encore à Bamako pour parler de l’exploitation de ces précieux documents au profit de la science et du développement. M. Fofana en appelle à la clairvoyance des participants durant ces deux jours de travaux afin de faire l’état des lieux des recherches menées ou celles en cours. « Pour ce faire, le ministère de la Culture place la question des manuscrits au centre de ses préoccupations », a conclu le conseiller technique.
Youssouf DOUMBIA
Source: Essor