Les Nations unies, l’UNESCO, l’Union européenne et la Suisse ont décidé d’appuyer les efforts de notre pays pour la réhabilitation des sites culturels affectés lors de l’occupation du nord par les groupes terroristes
La Conférence internationale sur les enjeux et défis liés à la protection du patrimoine culturel en zone de conflit se tient, depuis hier, au Centre Maeva à Hamdallaye ACI 2000. Elle s’achève, cet après-midi, avec des résolutions sur la seconde phase du plan de sauvegarde et de protection du culturel.
La cérémonie d’ouverture a enregistré la participation du ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo et de sa collègue de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Pr Assétou Founé Samaké Migan. On y notait aussi la présence des représentants des partenaires techniques et financiers (PTF), des chercheurs et spécialistes du patrimoine en péril, venus de 15 pays et de l’UNESCO.
La rencontre crée un cadre de concertations et d’échanges sur les préoccupations essentielles liées au patrimoine en péril. Elle offre l’opportunité d’évoquer le bilan des quatre dernières années d’acharnement à reconstruire, restaurer, réhabiliter et revaloriser notre patrimoine matériel et immatériel. D’entrée de jeu, le ministre de la Culture a déclaré : « Assurément, nous avons de quoi être fier après le travail abattu. Quand il s’est agit de plonger le mental et le moral du peuple malien dans la guerre des abîmes, en s’en prenant de façon physique au patrimoine et à la culture, comme un seul homme, la communauté internationale a mis de côté ses divergences pour se dresser, avec le Mali, contre l’agresseur ».
Evoquant le Plan d’action de l’UNESCO pour la réhabilitation du patrimoine culturel endommagé par les djihadistes, c’est-à-dire de Tombouctou à Saint Petersbourg, en Russie, en passant par Paris, le message a été unique, fort et intransigeant. « Toucher à la culture, c’est toucher à l’âme du monde. En le comprenant, on a fait le pari de permettre aux générations futures de notre pays et d’ailleurs de toujours faire le voyage vers soi que seule la culture permet ». Mme le ministre pousse l’analyse plus loin : « En s’attaquant aux ressources précieuses de la culture dans les Régions septentrionales, les groupes armés ont cherché à porter atteinte à l’identité culturelle et aux valeurs sociétales fondamentales de nos populations. En détruisant leur patrimoine et en étouffant les expressions culturelles diverses, ils ont créé un choc et un traumatisme importants qui ont affecté les valeurs essentielles de coexistence pacifique et de cohésion sociale au sein des communautés locales, toutes choses qui ont fragilisé la société et créé la méfiance entre les communautés ».
Cette situation a débouché sur une volonté d’actions portée par le gouvernement, à travers le département en charge de la Culture et ses partenaires, notamment l’UNESCO grâce au leadership de Mme Irina Bokova et autres qui se mobilisent depuis 2013 pour Tombouctou et l’ensemble des sites du patrimoine du Nord afin qu’ils conservent leur valeur universelle. L’on peut se satisfaire des résultats engrangés dans la première phase du projet. Cependant, ces résultats ne sauraient occulter les difficultés qui ont jalonné les sillons, a indiqué le ministre.
Nonobstant les difficultés, avec la détermination de l’UNESCO, du gouvernement et des partenaires, ce projet est en passe de devenir un cas d’école dans le monde et dans le contexte de reconstruction des sites et monuments détruits pendant la guerre. « Notre pays a marqué de bons points. Il a tenu le défi de la reconstruction et de la réhabilitation, en moins de 48 mois et à mobiliser l’ensemble de la communauté internationale », a encore dit Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo. Pour Mme le ministre, cette mobilisation a été traduite par le mandat historique de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) qui, pour la première fois dans une résolution du Conseil de sécurité, incluait la protection des sites culturels et historiques dans le mandat d’une opération du maintien de la paix.
La première phase du projet a vu 14 mausolées reconstruits, des bibliothèques privées réhabilitées, des structures publiques en charge de la culture équipées et enfin le tissu socioéconomique à nouveau dynamiser. Pour la seconde phase, différents partenaires ont renouvelé leur engagement à soutenir notre pays. Il s’agit des Nations unies, de la MINUSMA, de l’UNESCO, l’Union européenne et de la Suisse. Ce pays n’a pas précisé sa contribution pour cette nouvelle phase, mais la directrice du service de Coopération suisse, Mme Béatrice Meyer, a déclaré que son pays a débloqué 646 millions de Fcfa. L’ambassadeur de l’UE, Alain Houlleville, a, lui aussi, annoncé que son organisation fera une nouvelle contribution de 330 millions de Fcfa.
Le directeur adjoint du patrimoine culturel de l’UNECO et ancien chef du bureau de l’organisation dans notre pays, Lazare Eloundou Assomo, s’est félicité de l’accompagnement des partenaires pour le travail réalisé. Il a rappelé que les communautés locales et leurs leaders ont été les premiers protecteurs du patrimoine. A cet effet, il a tenu à saluer l’imam de la mosquée Djigareyber, Mahamoud Essayouti, et le père Najeeb Michael, venu spécialement d’Irak pour partager l’expérience de son pays. Il a invité la communauté internationale à travailler avec notre pays et d’autres dont le patrimoine a été détruit pour une meilleure résolution des problèmes.
Y. DOUMBIA
Source: essor