La parole gouvernementale a été retirée au tonitruant Ministre du commerce, Abdel Karim Konaté dit « Empé ». Elle revient désormais au Ministre de la Jeunesse et de la Construction Citoyenne, le Jeune Amadou Koïta. Si les motivations n’ont pas été évoquées de façon officielle, nous estimons que c’est la propension du premier à se contenter des simples conférences de presse plutôt que de véritablement porter la parole du gouvernement qui lui a valu d’être amputé de cette responsabilité. Donc, pour un manque de résultats très attendus de lui.
Quel est le bilan d’Abdel Karim Konaté « Empereur », en tant que porte-parole du Gouvernement ? Difficile de le dire. La seule touche de l’Homme est d’avoir, dès sa nomination, initié des conférences de presse hebdomadaire. À la sortie de chaque Conseil des Ministres, les membres du Gouvernement ayant fait voté des mesures phares se présentaient devant la presse pour expliquer le contenu des dites lois. Très vite, cette innovation va s’essouffler tout comme celle dont elle s’est inspirée à savoir les «Rendez-vous avec Koulouba » de Racine Thiam. Si le «Rendez-vous de Koulouba » agaçait parce que son initiateur marchait sur les plates bandes, les conférences d’Empé, elles, devenaient de plus en plus ennuyeuses et sans intérêts.
Lors de ces conférences où souvent les Ministres invités se servaient des arguments tirés par les cheveux et d’autres se la jouaient pédants à l’image de notre Ministre de la Communication, Harouna Modibo Touré, le porte-parole, lui-même, n’était qu’un simple maître de cérémonie. Un maître de cérémonie qui ne se privait pas souvent de censurer les questions gênantes. Mais au-delà de cette mesure qui a fait long feu, l’on peut surtout reprocher à Empé son absence des débats politiques et de souvent monter au créneau pour défendre le Gouvernement quand celui-ci reçoit des tirs souvent groupés. En a-t-il la compétence intellectuelle ?
Il fallait, donc, pour le régime et surtout pour IBK, à l’approche de la présidentielle, se choisir un tribun qui n’hésiterait pas à aller au charbon comme on dit. Le régime a trouvé en la personne d’Amadou Koïta, ce tribun-là, qui n’a pas peur du débat, qui a une assise intellectuelle indiscutable. On se souvient qu’il a été l’un des rares membres de la majorité présidentielle à affronter Me Demba Traoré sur un plateau télévisé pour défendre le projet de révision constitutionnelle d’alors. Il a mordu la poussière, certes, on s’en souvient. Il a bu assez d’eau ce jour, on s’en souvient encore. Mais on retiendra son courage d’avoir défendu l’indéfendable. Qui ne se souvient pas de ce jeune que les vieux avaient envoyé au front en le faisant porte-parole du FDR. Il était celui qui devait apporter la riposte à la junte et à leurs souteneurs. Il l’a fait avec brio. Du mouvement citoyen au PDES en passant par le compagnonnage avec Jeamille Bittar, Amadou Koïta a toujours su se faire écouter quand il prenait la parole. Éloquent il l’est. Pertinent, il l’est. Des qualités que peut lui envier son prédécesseur. S’il constitue un atout majeur pour la communication gouvernementale au vu de son parcours et de son expérience de porteur de parole, il l’est encore plus pour sa connaissance de l‘opposition actuelle et des Hommes qui la constituent. Il était un des leurs, il y a peu. L’idée en est qu’en le choisissant à la place d’Empé c’est pour qu’il mette à profit son expérience et sa connaissance de l’opposition actuelle pour défendre jusqu’au bout le régime. Cela, d’ici l’élection présidentielle en vue. De sa capacité à répondre aux attentes résultera son maintien au sein du Gouvernement si jamais le Mandé Massa voulait encore en faire un autre avant la présidentielle.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO
LE COMBAT