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PANEL DE HAUT NIVEAU INITIE PAR “LA LETTRE CONFIDENTIELLE DU MALI” : LA PROBLEMATIQUE DU SAHEL ET SES OTAGES AU CENTRE D’UN DÉBAT CONSTRUCTIF

Hier s’est tenu à l’hôtel Koira, ex-Sheraton un panel initié par le bimensuel « la lettre confidentielle du mali » et le think tank indépendant et panafricain, «  Cailcedrat group ». Ce panel de haut niveau qui s’est déroulé en deux parties,  a marqué la participation de panelistes fins connaisseurs de la question du « sahel et de ses otages ». Parmi les éminentes personnalités ayant intervenues dans la première partie,  on pouvait compter notamment son excellence Mr Mohamed Mahmoud  El oumrany ancien diplomate, Soumeylou Boubeye Maïga, ancien premier ministre, Mr Isselmou Sahili Mauritanien et spécialiste des questions sécuritaires  au sahel et Mr Ibrahim DIALLO, journaliste Nigérien.

 

Ces personnalités qui ont été impliquées dans des libérations d’otages ont pendant près de deux heures, échangées et répondues aux questions de Mr Serge Daniel, journaliste et modérateur du panel, concernant la problématique du sahel et ses otages. A l’ouverture, le modérateur Serge Daniel a tenu à planter le décor et contextualiser les choses. Selon lui, depuis 2003, le nord du Mali est devenu un « entrepôt d’otages » ,ou est automatiquement acheminé tout otage ayant été kidnappé dans n’importe quelle zone ou pays du Sahara. A partir de cet aspect les panelistes se sont enchainés chacun exposant les causes qui ont conduit à cette situation que vit actuellement le Mali et les raisons pour lesquelles celle-ci perdure.

LE SAHARA ET LE NORD MALI,  DES ZONES PROPICES AUX TRAFICS ET PRISES D’OTAGES  

Mr Mahmoud El OUMRANY, a rappelé que le territoire du Mali est vaste et qu’il y a un manque viscérale d’autorité étatique qui fait que cette zone , laissée a elle-même , est en proie à toute sorte de trafic, y compris les trafics humains. L’absence de l’état dans cette vaste zone crée donc une insécurité et instabilité et les personnes y résidant sont contraintes de s’adonner d’une manière ou une autre a toute sorte de trafic pour subsister. La prise d’otage devient alors un moyen d’obtenir des puissances étrangères ou nationales ce dont ils ont besoin que ce soit en termes financiers (argent liquide) ou en nature ( échange de prisonniers).  Selon l’ancien premier ministre qui a aussi été Directeur de la sécurité d’état, ceux qui enlèvent les otages sont différents de ceux qui revendent et de ceux qui négocient. Très souvent, les otages se font enlever par les populations qui sont-elles mêmes « otages » de cette situation car dépendantes de l’apport financier qu’engendre ces prises d’otages. L’autre aspect et non des moindres évoqué par les panélistes, est l’absence totale de l’état dans ces zones, particulièrement dans le nord du Mali ou ces « terroristes » ont foi d’autorité et remplace l’état. Selon Soumeylou Boubeye Maïga «  Tu peux traverser tout le nord du mali jusqu’au tchad sans ne jamais rencontrer personne, et pas de gendarme. Les personnes qu’on peut souvent rencontrer aux frontières sont souvent de la même famille mais sur des territoires différents ». Les panélistes ont insisté sur la nécessite pour l’État Malien d’avoir des relais dans chaque ville, région ou localité du nord comme du centre du pays. Ces relais constitueront une présence étatique a laquelle les populations se référeront.

Le Sahara étant une zone très vaste étendue sur plusieurs pays, la solution selon eux serait « une réponse sécuritaire commune » des états afin d’endiguer le phénomène et avoir une main mise sur cette zone. Un constat a néanmoins été fait concernant le Mali qui est plus victime de ces terroristes que les pays frontaliers. La raison selon les panelistes n’est autre que le laxisme de l’état malien qui n’a pas été capable de s’imposer dans ces zones. Laxisme qui se traduit par le manque d’infrastructures ; pas de routes, d’écoles, d’hôpitaux, ce qui poussent les populations à aller se soigner dans les pays frontaliers les plus proches.  Aujourd’hui les populations ont plus confiance en ces terroristes qu’ils ne considèrent en réalité pas comme tel, car ils les côtoient tous les jours.  L’aspect décentralisation a aussi été abordé par l’ancien premier ministre «  je ne comprends pas pourquoi quand on parle de décentralisation les gens sont choqués. Il vaut mieux décentraliser et que l’Etat soit présent dans toutes les régions ; dans le cas contraire on risquerait ne voir que le district de Bamako être sous le contrôle de l’Etat. »

LA NÉGOCIATION UN ASPECT INCONTOURNABLE POUR LA LIBÉRATION DES OTAGES

Selon le journaliste nigérien Ibrahim DIALLO, « quand on négocie, on contribue à nourrir la bête, qui finit par grossir », néanmoins les panélistes étaient unanimes sur le fait que la libération  des otages sains et saufs ne peut se faire  sans négociation. « Il n’y a que deux méthodes pour libérer les otages : la première c’est le combat et là, le résultat n’est pas garanti et il peut y avoir des pertes en vies humaines ; la deuxième solution c’est la discussion» a précisé Isselmou SAHILI, spécialiste des questions sécuritaires au sahel. Toujours en est-il que la question des recommandations issues du Dialogue national inclusif, visant à instaurer un dialogue avec ces groupes terroristes est revenu sur la table. L’ancien diplomate Mohamed Mahmoud El Oumrany a précisé que les terroristes dont il est question sont malien, «  Iyad AGHALI, est malien, pourquoi ne pas dialoguer avec eux ? ». « Il nous faut une solution nationale ». «  Si vous voyez que les puissances étrangères sont venues c’est que entre nous nous n’avons pas pu trouver de solution, nous ne nous sommes pas entendus » a précisé Mr Isselmou SAHILI.

Les panélistes ont plus que jamais prôné la nécessité pour les maliens de se parler, de dialoguer entre nous, et de nous-mêmes trouver des solutions nationales à nos problèmes nationaux. Car « La présence de ces puissances étrangères constitue une complication dans le dialogue inter malien ». « Il ne faut pas se faire d’illusion ces forces étrangères sont là pour défendre leurs propres intérêts. Leurs intérêts qui se trouvent chez nous. Et ça les populations européennes elles-mêmes ne le comprennent pas » a précisé Soumeylou Boubeye Maïga. Selon les panelistes, ces forces étrangères constituent des intermédiaires qui peuvent « alimenter un camp contre l’autre pour servir leur propres intérêts » . Chose qui crée la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui. « Toutes ces forces sont là mais on a de plus en plus d’attaques » a précisé l’ancien diplomate El Oumrany. A l’unanimité les panelistes ont évoqué les limites du modèle de gouvernance actuel du Mali et la nécessité de changer la conception de l’Etat.

Pour rappel Ce panel de haut niveau a pour but d’inciter à la réflexion. « On consomme toujours les réflexions qui viennent d’ailleurs et l’intérêt c’est d’avoir soi-même des réflexions de société avec des personnes ressources qui connaissent les sujets et qui ont été aux affaires et qui sont ou ont été sur le terrain. » A précisé Serge Daniel. A noter que d’autres panels de ce genre sur des sujets d’actualité sont a venir.

AWA TRAORE

Source : NOUVEL HORIZON

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