Hier, jeudi 11 février 2021, trois membres du gouvernement étaient interpellés au Conseil national de transition (CNT) pour s’expliquer sur la situation de la pandémie de covid-19 dans les établissements scolaires, sur la démolition de la zone aéroportuaire de Bamako-Sénou et sur l’octroi d’une prime spéciale COVID-19 aux personnels de santé. Il s’agit du ministre de l’éducation nationale, Pr. Doulaye Konaté, du ministre des affaires foncières, de l’urbanisme et de l’habitat, Dionké Diarra et du ministre de la santé et du développement social, Dr. Fanta Siby. Ils étaient respectivement interpellés par Adama Fomba et Aboubacar Sidick Fomba du conseil national de transition (CNT).
Les travaux de cette séance d’interpellation étaient présidés par le président du CNT, Malick Diaw, en présence des membres du CNT, des membres du gouvernement et d’autres personnalités. La première interpellation a été faite par Adama Fomba du CNT qui a adressé ses questions orales au ministre de l’éducation nationale, Pr. Doulaye Konaté. « Monsieur le Ministre, quelles étaient les dispositions prises pour protéger les apprenants et le personnel enseignant contre cette pandémie ? Les mesures barrières sont-elles respectées dans tous les établissements du Mali ? Tous les établissements sont-ils dotés de moyens de protection ? Avez-vous associé les partenaires de l’école dans la prise de décision ayant conduit à l’ouverture des classes ? Qu’envisageriez-vous si on découvrait un cas de maladie à Coronavirus dans un établissement? », c’est entre autres les différentes questions adressées au ministre de l’éducation nationale, Pr. Doulaye Konaté par Adama Fomba du CNT. Répondant aux questions de Adama Fomba, le ministre de l’éducation nationale, Pr. Doulaye Konaté a fait savoir que le Mali est frappé de plein fouet par la pandémie du coronavirus. « Nous mettons en œuvre les mesures barrières dans les établissements pour protéger les apprenants et les enseignants. Le gouvernement a mis à la disposition du département 3 500 000 masques de protection », a-t-il dit. Avant d’ajouter qu’il y a eu aussi la distribution de kits de lavage des mains, des gels hydro alcooliques, des savons. Le ministre reconnaît que la distanciation physique est un peu difficile à appliquer compte tenu de l’effectif dans certains endroits. Il a précisé qu’un comité de veille est mis en place pour veiller au respect des mesures barrières. En outre, il dira qu’une leçon modèle sur la covid-19 a été dispensée comme matière inaugurale dans tous les établissements scolaires du Mali. Selon le ministre, tout ne se passe pas comme prévu partout, dont le respect de la distanciation physique. « Nous travaillons à doter tous les établissements des moyens de protection. Nous avons toujours associé les partenaires de l’école dans la prise de décision au besoin », a-t-il dit. Pour le ministre, personne ne sait quand est-ce que cette crise sanitaire prendra fin. Il a indiqué que si un cas de covid-19 est détecté dans un établissement, l’école en question est fermée pour dégager la menace. Devant les membres du CNT, le ministre a mis l’accent sur les cours en ligne. N’ayant pas eu satisfaction aux éléments de réponse apportés par le ministre, Adama Fomba revient encore à la charge. Selon Adama Fomba, les 3 millions de masques sont insuffisants. « Aucun moyen n’est de trop pour sécuriser l’espace scolaire », a-t-il dit. En outre, il pose la question de savoir si le comité de veille fonctionne normalement. Il a invité le ministre à aller sur le terrain, d’aller au delà des rapports fournis par les directeurs de CAP ou d’académie. « Le Mali de demain, le Mali nouveau passe par l’école. Le gouvernement de transition doit réussir le pari de l’école. Il faut mettre les moyens nécessaires à l’école. Le changement passe par l’école », a-t-il dit. Le ministre Konaté dit qu’il n’a pas eu connaissance qu’il y a des gens qui sont contre l’ouverture des classes. Il reconnaît que 3 500 000 masques sont insuffisants, mais il ajoutera que ces 3 500 000 masques sont venus s’ajouter à 2 millions de masques distribués en juin 2020. Aux dires du ministre, la santé des Maliens et des Maliennes passe avant tout. Enfin, le ministre Konaté dit avoir pris bonne note des recommandations.
La deuxième interpellation est l’œuvre de Aboubacar Sidick Fomba du CNT qui a adressé ses questions orales au ministre des affaires foncières, de l’urbanisme et de l’habitat, Dionké Diarra. « Nous avons assisté à une démolition de la zone 11 de l’espace aéroportuaire de Niamakoro-Diallobougou à la date du 14 janvier 2021 qui a continué les jours suivants jusqu’à Faladiè. Quels sont les motifs de cette démolition ? Pouvez-vous donner les limites exactes de cette zone aéroportuaire, sachant qu’il y a eu deux décrets présidentiels signés par le Président Alpha Oumar KONARE, l’une à la date de 15 février 1995 sous le N°95-068/P-RM prévoyant 8 720 ha et le deuxième qui abroge le premier à la date du 15 septembre 1999 sous le N°099-252/P-RM pour une superficie de 7 194 ha ? Pouvez-vous confirmer que tous les déguerpis de 1995 ont été recasés ? Si oui pourquoi d’autres continuent à se plaindre ? Si non pourquoi ? Quelles dispositions préconisez-vous pour les remettre dans leur droit ? », a interrogé Aboubacar S Fomba du CNT, le ministre des affaires foncières, de l’urbanisme et de l’habitat, Dionké Diarra. Répondant aux questions de Fomba, le ministre Dionkè a fait savoir que la démolition est due aux occupations illicites de la zone aéroportuaire. A l’en croire, les déguerpis de 1995 ont été tous recasés. Selon le ministre, 5 milliards de FCFA ont été dépensés par l’Etat en son temps pour recaser les déguerpis. A ses dires, des demandes sont en train d’être étudiées pour savoir s’il y a réellement des gens de 1995 qui n’ont pas pu être recasés. N’ayant pas été satisfait par les réponses données par le ministre, l’interpellateur Aboubacar S. Fomba revient encore à la charge. Selon lui, il n’y a que 1000 déguerpis qui ont pu être recasés, ça reste 2000 déguerpis qui n’ont pas pu être recasés. Le ministre Dionkè affirme qu’il ne possède pas ces chiffres. Il a indiqué que l’huissier a informé les gens qu’il y aura la démolition. Le cas de l’usine de Togouna Agro industrie n’a pas été occulté lors des débats. Selon le ministre, Togouna est dans la légalité. «Togouna a bénéficié d’un bail. Il a transformé son bail en titre foncier. Togouna ne fait pas partie de la zone aéroportuaire juridiquement. Togouna est dans la légalité », a-t-il dit. Selon le ministre, il est temps que l’autorité de l’Etat s’exprime. « Cette démolition aurait dû être faite depuis longtemps », a-t-il conclu.
La troisième et la dernière interpellation de la journée est toujours l’œuvre de Aboubacar Sidick Fomba qui a adressé ses questions orales cette fois-ci au ministre de la santé et du développement social, Dr. Fanta Siby. «Le décret numéro 2020-0407/PT-RM du 31 Décembre 2020 fixant le montant de la prime spéciale COVID à 207 500 FCFA par personne, payé une seule fois dont 25 664 agents du Ministère de la Santé et du Développement Social seront concernés par ce décret. Madame la Ministre, pouvons-nous savoir les critères qui ont abouti à ce chiffre ? Pouvez-vous me confirmer que tous les personnels sont concernés par cette prime spéciale ? Votre cabinet n’étant pas opérationnel sur le terrain, comment peut-il bénéficier de cette prime pendant que ceux opérationnels sur le terrain n’en bénéficieront pas étant aussi les plus exposés ? Comment les bénéficiaires percevront cette prime ? Quand est-ce qu’ils percevront cette prime ? », a-t-il interrogé Dr. Fanta Siby. Répondant à ces préoccupations, la ministre Fanta Siby a fait remarquer que ce processus a démarré avant le gouvernement actuel. Cependant, elle dira que 25 664 personnels de santé bénéficieront chacun la somme de 207 500 FCFA une seule fois comme prime spéciale Covid-19. A l’en croire, une enveloppe de 5 milliards de FCFA est dédiée pour cela. Elle a précisé que son cabinet bénéficie de cette prime car il est impliqué et il est dans les hôpitaux pour constater l’effectivité des mesures prises. Elle a signalé que la prime sera payée par virement bancaire et son cabinet est en train de travailler pour diligenter ce processus.
Aguibou Sogodogo
Source: Le Républicain- Mali