Les deux jeunes journalistes du quotidien allemand “Süddeutsche Zeitung”, à l’origine des “Panama Papers”, affirment être “surpris” par le retentissement des révélations qui déstabilisent aujourd’hui plusieurs gouvernements, et annoncent de nouvelles divulgations fracassantes.
“Je n’aurais jamais imaginé qu’il y aurait autant de réactions, que les télévisions en parleraient et que nous aurions des demandes des médias du monde entier”, explique l’un des deux rédacteurs, Bastian Obermayer, 38 ans, dans un entretien à l’AFP, au siège du journal à Munich (sud).
Deuxième quotidien d’Allemagne en terme de ventes, la Süddeutsche Zeitung a reçu plus de 11 millions de documents issus du cabinet d’avocats panaméen Mossack Fonseca d’un informateur anonyme et qui mettent en lumière les secrets financiers des riches et puissants du monde entier.
Le quotidien libéral de gauche a partagé cette mine d’informations avec un consortium de journaux internationaux. Depuis dimanche, les révélations de ces “Panama Papers” ont déjà provoqué la chute du Premier ministre islandais, la démission d’un responsable de l’UEFA, et mis en mauvaise posture le chef du gouvernement britannique David Cameron et le président argentin Mauricio Macri.
“Nous n’en sommes encore qu’au milieu des révélations”, poursuit son collègue Frederik Obermaier, 32 ans. “Dans les prochains jours, il y aura encore quelques thèmes qui concernent de nombreux pays et qui vont faire les gros-titres”, assure-t-il.
– Casser le système au marteau –
Dans ces données pharaoniques transmises au journal allemand fondé au lendemain de la Seconde guerre mondiale, “nous voyons les crimes les plus différents, nous voyons comment les cartels de la drogue blanchissent de l’argent, nous voyons que les marchands d’armes sont impliqués, que les sanctions (économiques) sont contournées (comme dans le cas de la Syrie, ndlr), nous voyons de la fraude fiscale”, résume Bastian Obermayer.
“Si les responsables politiques veulent vraiment y mettre un terme, ils doivent agir maintenant”, selon lui. “On a vraiment besoin d’un marteau pour détruire le système des sociétés offshore”, juge-t-il car “la politique des petits pas ne suffit pas (…) On voit avec ces données qu’ils s’adaptent, qu’ils trouvent de nouvelles idées” pour détourner l’argent vers des paradis fiscaux quand des mesures nationales sont adoptées.
Son collègue Frederik Obermaier se montre plus réservé : “Je pense qu’on parle beaucoup, mais ce qui se sera fait au final c’est autre chose”.
Sur l’identité de la source à l’origine du scoop, il assure ne pas connaître le “nom” de la personne qui a communiqué toutes ces données sur les sociétés offshore “il y a plus d’un an”.
“Je ne sais pas si c’est un homme ou une femme, ou un groupe. Je ne connais pas l’identité de cette personne”, affirme-t-il, même si “on a fait un peu connaissance en un an”.
Afin de protéger cette source, il ne souhaite pas révéler s’il est toujours en contact avec elle, ni comment elle a éventuellement réagi depuis les premières révélations.
Mais ses motivations sont claires et sont “morales”, selon lui. Elle “veut que ces crimes soient rendus publics. Notre source a manifestement déjà vu beaucoup, beaucoup de ces données et a pensé qu’il fallait les publier”, selon le journaliste d’investigation.
“Elle veut que (le cabinet panaméen) Mossack Fonseca cesse ses activités”, reprend Bastian Obermayer.
– La coopération, avenir du journalisme –
C’est lui qui a reçu le premier courriel de cette source anonyme dans lequel elle lui proposait des informations, sans plus de précisions. “Nous ne pouvons que spéculer sur les raisons pour lesquelles nous avons été contactés” et pas une autre publication, dit-il.
Source: Yahoo