La réunion de haut niveau qui durera 3 jours abordera entres autres, des concepts d’armée reconstituée, de police territoriale, d’unité spéciale
L’opérationnalisation des actions prioritaires relatives aux aspects Défense et Sécurité de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, est, depuis hier, au cœur d’une rencontre de haut niveau. Le coup d’envoi des travaux a été donné par le ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, Lassine Bouaré. C’était en présence du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général de brigade Salif Traoré, du Chef d’Etat-major général des armées (CEMGA), le général de division M’bemba Moussa Keïta, et de la représentante du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali, Joanne Adamson, notamment.
Les thèmes traités durant ces échanges portent sur la reconstitution et le redéploiement des forces de défense et de sécurité, la police territoriale, la lutte contre le terrorisme et la criminalité, ainsi que l’élaboration du plan d’action de la stratégie nationale de réforme du secteur de la sécurité, incluant les comités consultatifs locaux de sécurité.
Selon les spécialistes, la tenue de ce second forum sur la Réforme du secteur de sécurité marque des avancées tangibles dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Il permettra de débattre « sereinement » et de s’entendre sur les points clefs de l’accord de paix relatifs à son pilier sécurité et défense.
« La présente réunion est la suite logique, le prolongement de la précédente tenue sur la même thématique. Elle avait fait des recommandations fort pertinentes, il s’agit ici de les opérationnaliser », a expliqué le ministre de la cohésion sociale, de la paix et de la réconciliation nationale. Pour lui la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation est une priorité majeure des plus hautes autorités du Mali. « Cela se justifie largement par les enjeux qui lui sont liés, enjeux politiques et institutionnels, enjeux sécuritaires, enjeux économiques et de développement et enfin enjeux humanitaires et de réconciliation et aussi de justice » soutient-il. Avant d’ajouter que la sécurité et la défense occupent une place de choix «simplement parce que sans elles, rien d’autre n’est possible». S’adressant aux participants, Lassine Bouaré leur a rappelé la lourde tâche de faire en sorte qu’on puisse avancer sur le chantier combien difficile mais hautement stratégique des questions de défense et de sécurité de l’accord.
«La compétence, vous l’avez ! La volonté, nous devons l’avoir parce qu’il y va de notre crédibilité à nous tous et parce que c’est une question vitale pour notre pays qui a tant souffert et qui souffre encore des questions d’insécurité, malgré le progrès indéniable». Selon, lui les questions à aborder pendant cette réunion sont difficiles mais également simples. «Difficiles parce qu’il n’y a pas de réponses toutes faites et qu’elles sont toutes des questions de reformes, donc avec une part d’innovation et d’incertitude, cela va de soi. Mais elles sont aussi simples, parce que la mise en œuvre de nos intelligences collectives possède le pouvoir de tout simplifier». La réunion de haut niveau qui durera 3 jours abordera entres autres, des concepts d’armée reconstituée, de police territoriale, d’unité spéciale. Concepts qui ont été selon le ministre Lassine Bouaré plus ou moins « esquissés au cours de la précédente réunion, il s’agira maintenant de leur donner un contour concret, un contenu précis pour qu’ils soient des outils pertinents de réalisation de l’objectif de l’accord, à savoir la paix pour le développement et pour le bien être des Maliens et des Maliennes partout où ils se trouvent, vaste chantier ! Mais à la dimension de vos capacités». Selon lui, la meilleure façon de réaliser l’accord est «de poser toutes les questions, d’y chercher toutes les réponses possibles». Et de les prioriser, dans leur mise en œuvre, les réponses les plus pertinentes : les plus réalistes, celles dont on est sûr d’avoir les moyens de concrétiser.
ACCELERER LA MISE ŒUVRE DE L’ACCORD – Pour le chef d’Etat-major général des armées, un constat objectif permet de noter des acquis, mais, insiste-t-il, « le rythme de réalisation des actions prioritaires peut être amélioré en rapport avec nos ambitions ». Le général de division M’bemba Moussa Keïta se réjouit de l’amélioration progressive des conditions de sécurité dans le Nord et le Centre du pays, en citant la baisse « en nombre et en intensité » des attaques terroristes contre les forces de défense et de sécurité maliennes ainsi que les forces internationales. La «réduction notoire» du nombre de morts et de blessés des acteurs comme les FAMAs, la MINUSMA et Barkhane, la non-violation du cessez-le-feu, et le respect jusqu’à ce jour du non mouvement d’armes lourdes de la part des groupes armés signataires, sont aussi au nombre des arguments du général de division M’bemba Moussa Keïta, en ce qui concerne l’amélioration progressive des conditions sécuritaires au nord et au centre du pays. Cependant, le général déplore « une augmentation des victimes civiles. Il appelle à tout faire pour y mettre fin».
Si les participants vont profiter de cette rencontre pour réfléchir «à une vision partagée pour un destin commun», pour la représentante du représentant spécial du secrétaire général de l’ONU au Mali, Joanne Adamson, il est impératif de faire avancer simultanément, et de manière synchronisée, les quatre piliers de l’accord qui portent sur les réformes politiques, la défense et la sécurité, le développement économique, social et culturel ainsi que la réconciliation, la justice et les questions humanitaires». «C’est à ce prix que nous pourrons, ensemble, consolider les acquis», conclut-elle.
Khalifa DIAKITé
L’Essor