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Paix et réconciliation à Kidal: tout ça pour ça !

Après les affrontements meurtriers de jeudi dernier, à Kidal, tout n’est certes pas à reconstruire ; mais la mise en œuvre diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation en a pris un sacré coup entraînant un dégrisement et une nécessaire reprise en main du processus en cours.

minusma soldat militaire maintient paix

De la série de concertations d’Anéfis qui a permis de ‘’régler définitivement et durablement tous les conflits, litiges et différends’’ opposant les communautés, aux ‘’débats riches en sagesse et en objectivité’’, suite à l’entrée du GATIA à Kidal et qui ont abouti à une gestion consensuelle de la ville et l’intégration en perspective de celui-ci dans le dispositif sécuritaire ; l’on était en droit de s’attendre à un bond qualitatif sur le chemin de la paix et la réconciliation inter-communautaire.
Il faut dire qu’après Anéfis, l’optimisme était de retour. Cela d’abord du côté des mouvements armés qui ont réussi à faire la paix des braves après des combats meurtriers les ayant opposés à Tabankort, Ménaka, Anéfis, sans compter les escarmouches par-ci par-là.

Une étape qualitative
Les propos de Boubacar Ould Hamadi, de la CMA s’inscrivent dans cette veine : « la guerre est derrière nous. La Plateforme et la CMA ont fait la paix, mais les autres tribus ou groupes qui avaient des problèmes entre eux ont aussi fait la paix.
Azaz Ag Louda, élu de la région de Gao et membre de la Plateforme, lui parle d’un contrat qui porte sur l’honneur (le sentiment de sa propre dignité, de sa réputation ; l’ensemble des principes moraux qui incitent à ne jamais accomplir une action qui fasse perdre l’estime qu’on a de soi ou celle qu’autrui nous porte). Il a déclaré : « les groupes armés ont signé un +pacte d’honneur+ de cessez-le-feu et de paix. Ce sont les négociations directes qui ont donné ces résultats. C’est un grand jour pour le Mali ».
Pour sa part, au sortir des concertations d’Anéfis, Ahmoudène Ag Iknass, député de Kidal et partisan de la Plateforme, a expliqué : « nous avons opté pour la libre circulation des biens et des personnes. Il n’y a plus de fief de la CMA ou de la Plateforme » dans le nord du Mali.
La MINUSMA aussi qui a fortement soutenu les leaders d’opinion, chefs traditionnels et religieux des composantes de la CMA et de la Plateforme, qui se sont retrouvés du 27 septembre au 16 octobre 2015 à Edjerer, près d’Anefif, n’a pas tardé à exprimer sa grande satisfaction face aux résultats positifs engrangés. Elle l’a fait savoir dans un communiqué en date du 15 octobre 2015 : ‘’la MINUSMA note avec satisfaction la série de rencontres tenues à Anefis, du 4 au 14 octobre 2015, dans le cadre d’un dialogue direct et constructif, entre la Coordination des Mouvements de l’Azawad et la Plateforme. La MINUSMA est encouragée par ce développement qui constitue une étape qualitative dans le processus de paix inter-malien. Cette avancée s’ajoute aux progrès qui ont été enregistrés, depuis le parachèvement de la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale au Mali, réaffirmant ainsi la marche résolue vers une paix durable et inclusive’’.

L’embellie
L’embellie s’est poursuivie jusqu’à l’arrivée du GATIA, lourdement armé, aux portes de Kidal, dans la nuit du 1er au 2 février 2016, suscitant une violente réaction, notamment de la part de Alghabass Ag INTALLA, chef du HCUA qui n’entendait pas le voir dans la ville avec tout son arsenal. Mais, il y a eu plus de peur que de mal. En effet, le 6 févier 2016, un accord était trouvé entre les deux mouvements. Il dit : ‘’après de longs débats riches en sagesse et en objectivité, les deux parties sont convenues de ce qui suit : les deux parties restent fermement attachées à l’application de l’Accord de paix et réconciliation au Mali issu du processus d’Alger ; conformément aux dispositions déjà arrêtées, des éléments de la Plateforme intégreront les commissions chargées de la gestion de la ville de Kidal ; la Plateforme allégera son dispositif militaire présent à Kidal ; partout où les deux parties sont conjointement présentes, elles travailleront collégialement pour renforcer davantage le processus de paix enclenché, depuis la rencontre historique d’Anefis ; (…) les deux parties réaffirment leur indéfectible attachement à l’Accord d’Anefis qui est, aujourd’hui, le principal accord gage d’un retour à une paix et à une stabilité durables ; les deux parties réaffirment leur engagement à résoudre tout différend entre elles par la voie du dialogue’’.
La primauté est revenue à l’Accord d’Anéfis qui est devenu le fil conducteur des mouvements armés. Il a donc a permis d’éviter l’esclandre.

Le dégrisement
Une fois le GATIA à Kidal, il n’aura pourtant pas fallu longtemps pour constater une cohabitation mouvementée de deux groupes qui se regardent en chiens de faïence. Les signes du divorce de ce couple infernal sont apparus quand la Plateforme a décidé le boycott du Forum de Kidal, pourtant prévu dans l’Accord d’Anéfis dont elle était pleinement partie prenante.
Depuis la semaine dernière, rien ne va plus entre la CMA et la Plateforme. Et si elles ont accepté de prendre part aux travaux de la 10e session ordinaire du Comité de suivi de l’Accord (CSA), l’on apprend qu’elles ont rejeté l’inscription à l’ordre du jour de la question du règlement du différend qui les oppose. Ce qui est la preuve que chaque partie a effectué le déplacement de Bamako le couteau entre les dents. Le président du CSA, l’ambassadeur Ahmed Boutache d’Algérie ne s’y est d’ailleurs pas mépris en déclarant : « un coup dur à l’ensemble du processus de paix (…). Il va falloir fournir des efforts supplémentaires pour la paix au Mali ».
Au regard de cette donne, il faut dire que l’on va de charybde à scylla.

Par Bertin DAKOUO

 

 

Source: info matin

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