La signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger a suscité beaucoup de réflexions et incité plusieurs communautés à organiser des réunions, rencontres ou fora afin de s’insérer dans la dynamique de sa mise en oeuvre. C’est dans cet élan que la communauté Kel-Tamasheq de la Région de Tombouctou, soucieuse de consolider l’Accord, a décidé d’organiser une rencontre de concertation pour renforcer la cohésion sociale entre les Touaregs eux-mêmes et avec leurs voisins.

Une lettre d’invitation a été ainsi adressée au chef général de la tribu Kel-Antassar, Abdoul Mjid Ag Mohamed Ahmed dit « Nasser » pour honorer de sa présence les assises du forum. Avec le soutien des autorités nationales (ministères de le Défense et des Anciens combattants, de la Réconciliation nationale, de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne) et de bonnes volontés, la participations du chef de tribu, à la tête d’une délégation forte de 20 personnes, a été assurée.
Durant les trois jours du forum (du 18 au 24 novembre), les cadres composant la délégation du chef de tribu ont joué le rôle de facilitateurs dans les groupes thématiques. Les participants étaient répartis en 4 groupes de travail calqués sur les quatre thématiques définies par l’Accord pour la paix et la réconciliation : les questions politiques et institutionnelles, de défense et de sécurité, de développement socio-économique et culturel et humanitaires.
Un tour d’horizon de toutes ces questions a permis d’établir que les aspects relatifs à la défense, la sécurité et l’humanitaire méritent de bénéficier de réponses diligentes à la hauteur des enjeux. Pour les participants, deux mesures d’importance sont à prendre au plus vite : le cantonnement des hommes en armes et le contrôle des frontières de la région (de Foïta à Inokinder). Ces mesures ne doivent pas attendre si l’on veut récréer les conditions de la confiance.
Sur les questions humanitaires, le forum estime qu’il est plus qu’urgent de remettre en état de fonctionnement les services sociaux de base minimum dans les zones destinées à recevoir les réfugiés et déplacés et d’accélérer le retour de ceux-ci.
Pour Abdoul Mjid Ag Mohamed Ahmed dit « Nasser », ce sont là des mesures d’urgence qui sont des préalables pour amorcer un développement durable et conduire aisément les réformes institutionnelles qui, elles, s’inscrivent dans la durée.
« La mission a vu et compris que la paix et la réconciliation ne sont pas des vains mots n’en déplaise aux pessimistes. Mais il faut faire les choses en leur temps. Avant ce n’est pas bon, après il y a des risques de complications. Aujourd’hui, il faut cantonner les gens pour savoir qui est qui et surtout protéger les populations de la prédation, réhabiliter les points d’eau, les dispensaires, les écoles, et faire revenir ceux qui étaient partis pour occuper le terrain, car la nature a horreur du vide. C’est après ça seulement qu’il sera possible d’évoluer vers une plus grande normalisation », a jugé Abdoul Mjid Ag Mohamed Ahmed.
Quant au chef de village, Youba Ahmed Dicko, il a saisi l’occasion pour réitérer sa disponibilité et son engagement à faciliter le retour des réfugiés et des déplacés en incitant leurs frères restés sur place à les accueillir comme des frères. Il n’a pas tari d’éloges à l’endroit du coordinateur FAMA à Léré et du commandant de brigade de la gendarmerie qui « font vraiment  leur travail comme il faut, en véritable soldats et chefs militaires républicains ».
Le chef général de la tribu Kel Antassar s’est engagé à travailler, comme il l’a toujours fait, pour la construction de la cohésion sociale et le vivre ensemble au Mali et dans la région de Tombouctou, et singulièrement à Léré qui est un cas spécial de par sa position géographique et surtout par sa composition ethnique très cosmopolite.

A. DIARRA

source : Essor