La guéguerre entre les cotonculteurs et le président du Syndicat national des producteurs de coton connait enfin son épilogue, avec à la clé un désaveu cinglant aux allures d’une humiliation pour Bakary Togola. En effet, le gouvernement a décidé de payer aux paysans la ristourne au titre de la dernière campagne, chose que Bakary Togola et Kalfa Sanogo avait catégoriquement refusée.
C’est sur une braise ardente que le tout-puissant Bakary Togola est assis actuellement. Déjà dans le viseur des producteurs de coton qui demandent son départ de la tête du syndicat pour corruption et incompétence, il vient d’essuyer un second coup qui le projette au plus bas de sa popularité dans le monde rural. Déjà éclaboussé par le scandale des engrais dits frelatés, Togola a réussi à se mettre tout le monde rural sur le dos, en comptant sur le pouvoir de l’argent roi.
En effet, après la dernière campagne de production, Bakary Togola, président du Syndicat des producteurs de coton, et Kalfa Sanogo, PDG de la Cmdt d’alors, avaient refusé de payer la ristourne aux paysans sous prétexte qu’il n’y a pas eu de bénéfices après la vente du coton. Un bras de fer s’était ainsi engagé entre les deux hommes et les producteurs dans plusieurs filiales de la Cmdt, notamment celle de Koutiala où Kalfa Sanogo a même fait arrêter 11 paysans pour « perturbation de la campagne », après que ces derniers aient refusé que leur coton soit enlevé par les services de la Cmdt. Kalfa et son binôme Togola ont ensuite engagé une grande campagne de communication pour tenter de convaincre les paysans qu’il n’y a rien à leur payer cette année. Mais c’étais sans compter avec la détermination des paysans, conduits par Gaoussou Sanogo. Ils ont tenu tête aux deux barons, car ils étaient convaincus que la ristourne existait.
C’est dans cette euphorie que Kalfa Sanogo fut éjecté de son piédestal de PDG de la holding Cmdt. L’autre, Bakary Togola, bénéficiant de la protection du ministre du Développement rural de l’époque, « le phénomène » Bocari Tréta, s’est cru intouchable. Car, le cabinet du ministre aidant, il est parvenu à tordre le cou à la procédure d’élection du président de l’Apcam. Ce fut l’élection la plus controversée de l’histoire de cette institution consulaire. A ce jour encore des affaires s’y rapportant sont pendantes devant les tribunaux, notamment à Kati et à Koulikoro, pour contester sa légitimité.
Le 14 mai dernier, le ministre de l’Agriculture, comme pour enfoncer notre « super Togola », a annoncé, lors d’une visite dans la filiale sud de la Cmdt, qu’il y a bel et bien eu des ristournes sur la campagne dernière et a ordonné son paiement immédiat aux paysans. Car ces derniers menaçaient de ne plus produire du coton. Ce qui constitue un désaveu cinglant pour Bakary Togola qui participait à la tournée du ministre.
Cette décision gouvernementale vient encore une fois de mettre la crédibilité de M. Togola en jeu aux yeux du monde rural qui, pour une bonne frange, ne croyait plus à la sincérité de l’homme.
Mais d’où sort cet argent qui, aux dires de Bakary Togola, n’existait pas ? Voulait-il, avec Kalfa Sanogo et Tréta, casser du sucre sur le dos des pauvres paysans ? Rien n’est moins sûr.
Toujours est-il que les jours de l’homme tant décrié semblent comptés. A suivre !
Harber MAIGA
Source : Le Prétoire