Un an après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, les Maliens peinent à croire à l’horizon qu’ils ne veulent plus scruter. Ils veulent se ressaisir, car des millions d’électeurs sont convaincus et disent aujourd’hui que le pouvoir actuel est un accident de parcours dû à une erreur collective des Maliens qui l’ont élu à un score sans précédent. Faut-il encore attendre quelque chose du pouvoir IBK, étiqueté de la famille d’abord, plus que du bonheur et de l’honneur des Maliens ?
Les manifestations populaires de rue, hier des syndicats et des associations de jeunes, et aujourd’hui des partis politiques de l’opposition et des organisations de la société civile, sont l’expression d’un mécontentement qui se généralise.
Errare humanum est perseverare diabolicum (l’erreur est humaine, persévérer est diabolique) dit on. Pour les nombreux Maliens qui ont battu le pavé le samedi 21 mai à l’appel de l’opposition, l’heure est venue de compter encore sur nous-mêmes, de nous ressaisir et de rebondir sur de bonnes bases, avec une vision claire et non contreproductive. Puisque tous les horizons paraissent bouchés, la longue période des attentes est finie, le temps de l’introspection a gravé son verdict implacable : ‘’AGIR’’. On décide de se prendre en charge, et de ne compter que sur ses propres forces. Ils veulent corriger cette erreur qui a conduit à une rupture du dialogue politique et social, situation que l’on vit aujourd’hui de notre chaire et de notre quiétude. Place à la révolte des populations qui ont marché en affichant leur défiance, au moment où l’état d’urgence est en vigueur au Mali. Un carton rouge des Maliens au pouvoir IBK.
La crise politique et sécuritaire qui a effondré l’Etat malien en 2012 et entrainé l’occupation de ses régions du nord par les forces extrémistes, nécessitant l’intervention au Mali de forces étrangères, est loin d’être un souvenir. Les ténors du putsch du 22 mars 2012 ont été certes mis en quarantaine par le pouvoir IBK qui a décidé que Kati ne fera pas peur à Bamako, mais le nouveau locataire de Koulouba n’a pu trouver un compromis, qui à l’instar de l’accord de Ouagadougou, permettrait la tenue des élections sur l’ensemble du territoire malien et maintiendrait Kidal au Mali, avec l’étendard Vert, Jaune, Rouge flottant fièrement sur des édifices de la capitale des Iforas. Au contraire, le mal devient cancérigène.
Gouvernance à reculons
L’administration de supposés remèdes, prescrits à partir de mauvais diagnostics, est toujours vouée à l’échec. Ce à quoi on assiste depuis le 4 septembre 2013, date d’investiture du président IBK. La situation sécuritaire demeure préoccupante. La mal gouvernance a atteint des proportions inattendues obligeant l’opposition à marcher, mais aussi à saisir le Vérificateur général à travers le Parti pour la Renaissance nationale (Parena). « Il ne se passe pas un jour au Mali, sans qu’on n’entende des frasques de nos gouvernants. Et tout y passe : surfacturation, corruption, délinquance financière, mauvaise gouvernance… C’est devenu leur quotidien. Et cela dure depuis 32 mois. On veut mettre fin à ces dérapages. Il faut mettre fin au pillage et à la partition du pays », selon le président du Parena Tiebilé Dramé lors de la marche du samedi 21 mai 2016. C’est une marche pour défendre le Mali, pour défendre notre peuple. C’est une marche contre la mauvaise gouvernance du régime d’IBK, la mauvaise gestion du Nord, les surfacturations, l’association de la famille dans les affaires de l’Etat, pour la paix , pour la réconciliation nationale, la lutte contre le chômage et l’emploi des jeunes, pour le retour d’Amadou Toumani Touré. « IBK est atteint d’une maladie plus grave que la parathyroïde. Cette maladie c’est l’autisme. Le pouvoir n’attend pas le soupir et le gémissement du peuple malien. Jusqu’à ce jour le régime d’IBK est un fiasco de gouvernance, un fiasco démocratique. Le peuple malien est humilié et ils sont incapables de défendre l’intégrité du territoire national. Ils sont, aussi, incapables de défendre l’unité nationale », a déclaré le président du Parena.
B. Daou
Source : Le Républicain