Le Premier ministre Moctar OUANE a présenté son Plan d’Action du Gouvernement de la Transition (PAGT) au Conseil National de Transition CNT, le vendredi dernier, au Centre international de conférence de Bamako, conformément à l’article 15 de la Charte de la Transition. Ce document politique qui évoque les grands chantiers de la Transition est soumis au débat aujourd’hui au CNT.
Cinq mois après sa nomination, le Premier ministre était face au CNT pour présenter les grands chantiers prévus par le Gouvernement pendant la Transition. « Il est en effet rare, pour un gouvernement de transition, de présenter son plan d’action devant l’organe législatif », a soutenu le chef du gouvernement avant d’ajouter que l’approche entre dans le cadre du renouveau de la gouvernance qui impose une obligation de planification de l’action publique ainsi que le double devoir de transparence dans la gestion des affaires de la cité et de redevabilité.
En attendant le débat sur le Plan d’Action du Gouvernement de la Transition (PAG), le Premier ministre a indiqué que le document politique traduit les hautes orientations données au Gouvernement par le Président de la Transition, conformément à l’esprit et à la lettre de la Charte et de la Feuille de route de la Transition. Ces instruments, véritables boussoles pour la construction d’un avenir meilleur pour les Maliennes et les Maliens, ont constitué la principale référence du gouvernement dans l’élaboration du Plan d’Action du Gouvernement de la Transition (PAG).
Ce Plan de près de trentaine pages comporte 6 axes déclinés en 23 objectifs, adossés à 275 actions à évaluer à travers 291 indicateurs. Ils ont trait à aux réformes institutionnelles et politiques, à l’organisation des élections générales, à la sécurité, etc. En plus en détail de certains axes, le PAG annonce clairement la dissolution effective de toutes les milices qui a été toujours affirmée par des gouvernements successifs de l’ancien régime. Mais elle n’a jusque-là pas été effective. Parce que les milices se sont toujours opposées à leur dissolution sans une présence de l’armée pour sécuriser la population civile contre les groupes armés.
Ainsi pour pallier ces insuffisances, le Premier ministre dans son plan d’action prend aussi l’engagement de redéployer des forces de défense et de sécurité sur l’ensemble du territoire national. Moctar OUANE admet que c’est une mission ardue, mais qui n’est pas impossible. Ce travail de redéploiement va s’accompagner de certaines mesures, à travers notamment, l’augmentation des effectifs de 25 000 nouvelles recrues ; la construction de 42 postes de sécurité ; l’acquisition de matériels et d’équipements militaires ; la formation d’unités organiques.
Outre les actions de sécurité et de défense, le Plan d’action du gouvernement prend en compte la promotion de la bonne gouvernance mal au point à cause de la corruption endémique. En effet, selon plusieurs rapports financiers et d’enquête, la corruption fait perdre à l’État des centaines de milliards de FCFA par an. Ainsi, le Premier ministre se fixe comme priorité de faire l’audit de la gestion des fonds alloués aux secteurs de la sécurité, de la défense et de la justice dans le cadre des lois d’orientation et de programmation.
Indépendamment de cette action courageuse si elle est mise en application, il sera également question de rationaliser les dépenses publiques, à travers la réduction du train de vie de l’État. Parce que la dépense de l’État est disproportionnée en fonction des recettes fiscales à cause du gaspillage souvent dans les services de l’État.
Les réformes politiques et institutionnelles constituent l’un des axes prioritaires du gouvernement conformément aux exigences de la Charte de la Transition. Sur ce point, le Premier ministre est très attendu afin de pallier l’insuffisance dans certains textes sujets à polémique et source de différends entre les acteurs politiques. « Au fil du temps, la pratique institutionnelle et démocratique dans notre pays a révélé de nombreux dysfonctionnements ayant motivé différentes initiatives de réformes de l’État », indique le PAGT.
En tirant les leçons des précédentes tentatives de révision, le gouvernement envisage d’adopter des mesures pour plus d’inclusivité et de confiance en la démarche. Ainsi, il sera question de la rédaction de l’avant-projet de nouvelle Constitution, avec la revue et la consolidation des précédents projets de révision constitutionnelle. Ensuite, l’adoption du projet de constitution, avec l’organisation de concertations régionales et nationales sur l’avant-projet de Constitution ; l’organisation de la campagne référendaire.
Par ailleurs, le gouvernement de Transition est aussi attendu sur l’organisation des élections générales en vue du rétablissement de l’ordre constitutionnel après le coup di 18 août contre le président. Mais avant ces scrutins et pour garantir la sincérité du processus électoral, le PAGT prévoit plusieurs actions pour l’actualisation du fichier électoral, à travers : l’audit du fichier et son actualisation ; la révision des listes électorales ; l’actualisation et la mise en ligne du fichier électoral biométrique.
Cet ensemble cohérent d’actions, a-t-il souligné, vise à atteindre, dans un horizon précis, des objectifs définis, avec des moyens identifiés dans le respect du temps imparti et des équilibres macroéconomiques et financiers.
« La mise en œuvre du Plan d’action du Gouvernement contribuera aux réformes politiques et institutionnelles nécessaires à la consolidation de la démocratie, c’est-à-dire à renforcer la stabilité des institutions démocratiques et républicaines et à améliorer la gouvernance », a-t-il affirmé.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN