Les activités du programme « Oxyjeunes », « la radio pour les enfants et par les enfants », se sont poursuivies tout le long de la semaine dernière. Cette année, l’un des objectifs de la rencontre annuelle des enfants du Mali était de les éduquer et sensibiliser sur les questions de genre, l’égalité des droits fondamentaux entre jeunes filles et garçons, les violences basées sur le genre.
Plusieurs présentations ont été faites au cours de la session afin d’édifier les enfants sur la problématique du genre. C’est avec intérêt que les participants ont suivi la conférence dédiée à la violence basée sur le genre. Cette conférence était animée par Tiéba Traoré point focal droit des enfants à l’ONG « Bornefonden ».
Le conférencier a, d’entrée de jeu expliqué que la violence basée sur le genre (VBG) est une calamité qui ne peut être banalisée. La VBG ou « sexospécifique » est la violence dirigée spécifiquement contre un homme ou une femme du fait de son sexe ou qui affecte les femmes ou les hommes de façon disproportionnée. Cependant, les rapports entre hommes et les femmes étant la plupart du temps régis par une relation de pouvoir inégale où les hommes ont un rôle social dominant, ce sont les femmes qui sont le plus souvent les victimes de ce type de violence.
De façon générale, indique le spécialiste des droits de l’enfant à « Bornefonden », ce phénomène s’explique par une inégalité patente entre hommes et femmes, souvent matérialisée par un rapport de force omniprésent laissant place à des démonstrations de violence à l’encontre des femmes.
C’est pourquoi, la Convention pour l’élimination de toutes formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) la définit comme « tout acte de violence fondé sur l’appartenance au sexe féminin, causant ou susceptible de causer aux femmes des préjudices ou des souffrances physiques ou psychologiques et comprenant la menace de tels actes, la contrainte ou la privation arbitraire de liberté, que ce soit dans la vie publique ou la vie privée.
La VBG, souligne Tièba Traoré, est l’une des violations des droits de l’homme les plus étendues. Elle peut adopter différentes formes, physique, sexuelle, psychologique ou encore économique. Elle ne reconnait ni frontière d’âge, ni de race, de culture, de richesse ou d’emplacement géographique.
La violence disproportionnée contre les femmes a lieu à la maison, dans les rues, dans les écoles, au travail et dans les camps de réfugiés lors des conflits et des crises. Elle se manifeste de différentes manières allant des fléaux les plus répandus des violences domestiques et sexuelles aux pratiques destructrices d’abus de femmes enceintes, tueries fondées sur de supposées valeurs morales.
Au Mali, les violences sexuelles se sont amplifiées pendant le conflit pour se greffer à celles déjà existantes. Le phénomène est, hélas, répandu dans notre pays, cela malgré notre adhésion aux instruments légaux régionaux et internationaux pour le prévenir, l’éliminer, le condamner et le combattre. Aux grands maux, les grandes remèdes. Face à la situation, notre pays travaille à renforcer sa politique judiciaire afin de traiter avec célérité les cas de VBG.
Le spécialiste de « Bornefonden » a par ailleurs définit quelques violences faites aux femmes : les violences physique, psychologique, sexuelle, l’exploitation financière. La violence peut même être vestimentaire. En effet, a assuré le conférencier, les femmes et les enfants sont souvent victimes de leur mode de vie vestimentaire. On les oblige à s’habiller selon les coutumes ou la religion de leur époux ou parents.
Au finish, cette session a permis aux enfants d’avoir un aperçu sur les VBG, un phénomène social très répandu dans notre pays. Nouhoum Cherif Haïdara est un membre du Parlement des enfants. Il dit avoir suivi avec intérêt l’intervention de Tièba Traoré. « Je suis édifié en tant que futur jeune leader mais surtout en tant qu’homme. Je pense qu’il n’y a pas autre façon de lutter contre les VBG que la sensibilisation » a-t-il dit.
Tièba Traoré, a expliqué à ce propos que l’ONG « Bornfonden » est convaincue que l’enfant reste un vecteur de changement de comportement. C’est pour cette raison qu’elle cible les enfants, persuadée qu’ils sont les pépinières dans les activités de sensibilisation en vue d’une large vulgarisation des messages de paix et de non violence.
M. A. Traoré
(MPFEF)
Source : L’ Essor