Au Mali, après l’admission au Diplôme d’études fondamentales (DEF), les élèves sont dans l’embarras du choix. La plupart se retrouvent au lycée au détriment des filières professionnelles offrant plus de débouchés.
En 2019, 78 % des candidats admis au DEF ont été orientés au lycée, 17,6% pour le cycle de Brevet de technicien (BT) et seulement 4,3% pour le Certificat d’aptitude professionnel (CAP). Pourtant, les élèves orientés dans les centres professionnels ont plus de chance d’être en activité après leurs études, qui durent entre 2 et 4 ans selon la filière choisie.
La politique d’orientation au Mali destine les plus jeunes au lycée. Ceux qui sont un peu plus âgés sont orientés vers des filières professionnelles. Ce qui explique les effectifs pléthoriques dans les lycées. « En réalité, la bourse que l’État paie au compte d’un lycéen est plus faible que celle payée pour un étudiant de l’enseignement professionnel. C’est pourquoi, il oriente le maximum d’élèves dans les lycées, surtout dans les établissements privés pour payer moins cher », explique Boubacar Nafogou, enseignant. Ce que nous n’avons pu confirmer auprès du département en charge de l’éducation nationale. Outre cet argument économique, il y a un manque criard de centres publics d’enseignement professionnel.
Déficit de structures de formation
A Bamako, on compte trois centres répartis entre les deux rives : L’ECICA (l’École centrale pour l’industrie, le commerce et l’administration), le CFP-SK (Centre de formation professionnelle Soundiata Keita), situés sur la rive gauche et l’ISFP-SAB (Institut de formation professionnelle Sonni Ali Ber), le seul centre public de la rive droite. « L’Etat doit songer à multiplier les centres professionnels et à outiller les instituts privés », plaide Abdoulaye Yakere, un responsable du complexe scolaire Bocar Niafo.
En plus de cette politique de l’État malien qui n’est pas en adéquation avec les besoins du marché, beaucoup d’élèves se retrouvent au lycée par manque d’accompagnement dans leur choix. Et poursuivent un long cursus les menant à l’université, sans grand espoir d’être embauchés à la fin des études.
Par contre, après un cycle technique, l’élève à plus de chance d’être employé par une entreprise. Il a aussi la possibilité d’opérer à son propre compte. C’est le cas d’Ousmane Diabaté, âgé de 20 ans. Il hésitait au départ à aller vers le cycle professionnel. « Au début, je n’étais vraiment pas content d’être orienté au centre professionnel, car je voulais être avec mes amis au lycée », confie-t-il.
Encourager à aller vers les filières professionnelles
Aujourd’hui, Ousmane n’a pas intégré la fonction publique comme le souhaitent beaucoup de diplômés maliens, mais il gagne bien sa vie. « Après mes études en froid et climatisation en 2015, et trois mois de stage de qualification, j’ai été directement recruté par une entreprise. Aujourd’hui, je m’en sors très bien », témoigne-t-il avec fierté.
C’est dommage de constater que les parents interviennent dans le choix de filière de leurs enfants en les encourageant à choisir le lycée. Chacun rêve de voir son enfant devenir fonctionnaire tout en ignorant que la fonction publique ne recrute qu’un nombre insignifiant comparé au nombre de diplômés annuellement produits par les universités.
Les parents doivent encourager leurs enfants, qui optent pour les filières professionnelles. L’État devrait également multiplier les structures publiques de formation professionnelle. Il est temps de réfléchir à ces milliers de diplômés sans emploi qui sont partout et dont la plupart ne font que changer d’ombre avec la théière au fil de la journée. « Le plus important dans la vie, c’est de pouvoir s’en sortir », conclut Salimata Coulibaly, parent d’élève.
Source : Benbere