Le pays est dans l’impasse, les autorités de la transition tentent au mieux de trouver la solution de sortie de crise, les leaders politiques et autres forces occultes s’embourbent dans la contradiction de vouloir des élections transparentes, crédibles, dans les délais de la transition avec ou sans l’organe unique annoncé pour la gestion des élections. De mon point de vue, la priorité doit maintenant porter sur les réformes politiques et institutionnelles de la refondation afin de reconquérir l’indépendance et la souveraineté politique économique et sociale du Mali.
Le Mali est malade et il convient de le soigner en procédant au diagnostic correct, en posant des analyses à la dimension des problèmes dont il souffre. Il est évident que le bon remède capable de soigner n’est prescrit qu’après un bon diagnostic et une bonne analyse de la situation du malade. Pour la paix et la stabilité durable au Mali, la priorité doit être accordée au processus de la refondation de l’Etat.
Il est pratiquement impossible dans les délais prévus pour la transition, d’organiser dans le cafouillage actuel des élections crédibles, transparentes, telles que souhaitées par les animateurs des débats publics. La reconquête de l’intégrité du territoire ne sera possible qu’après la révision de l’accord de paix et de Réconciliation issu du processus d’Alger. Le rétablissement de la sécurité pour la circulation des personnes et la sécurisation des biens sur l’ensemble du territoire ne seront possibles que lorsque les maliens auront compris que la démocratie et le multipartisme intégral exigent d’avoir un Etat fort et des citoyens respectueux des lois et des valeurs républicaines.
La transition ne réussira que lorsque les leaders, les militants et sympathisants des 224 partis politiques auront compris que l’empressement de faire les élections dans les délais fixés par la communauté internationale ne fera que cautionner l’instabilité permanente au Mali. L’honnêteté exige de reconnaitre qu’il n’y a pas 224 plans ou programmes de développement pour sortir le Mali du gouffre dans lequel il est tombé. Faire de la conquête du pouvoir la seule motivation pour restaurer l’honneur, et la dignité bafouée du Mali relève de la mauvaise foi.
La reconquête de la souveraineté ne sera possible que lorsque que les maliens auront compris que la prolifération des partis politiques, actuellement au nombre de 224, est le piège tendu par les forces occultes pour diviser, attiser la haine et la colère de ceux sensés créer les conditions pour la bonne gouvernance et le développement du Mali. Il est vraiment difficile de comprendre, pendant que tous les indicateurs sont au rouge au Mali, que les leaders de partis politiques clament leur innocence, et soient pressés que la transition se termine dans les délais prévus, rien que pour accéder à Koulouba.
La supercherie est flagrante et le mensonge trop gros. Pour la honte et les souffrances jusqu’ici endurées, il est grand temps que les maliens se réveillent afin de barrer la route à ceux qui n’agissent que par intérêt en trainant le pays dans la boue. Il n’est pas permis d’espérer faire du Mali un havre de paix lorsque les germes du mensonge, de la fausseté et la fourberie sont produits par ceux sensés éclairer la voie et faire preuve d’exemplarité.
La stabilité et la paix durable au Mali seront liées à l’assainissement de la démocratie pour l’expression correcte et ordonnée du multipartisme dit « intégral ». La prolifération des partis politiques au Mali, actuellement au nombre de 224, plutôt que d’être perçue comme un indicateur et un signe de vitalité de notre démocratie, révèle fondamentalement la dégradation de nos valeurs morales, sociales identitaires.
De mon point de vue, lancer le processus de la refondation de l’Etat débarrassé des tares qui l’ont jusqu’ici miné ne sera possible que lorsque le paysage politique sera recomposé avec seulement trois (3) partis politiques aux couleurs du drapeau tricolore, le Parti du Peuple Malien (PPM) pour le vert, le Parti du But Malien (PBM) pour le jaune, le Parti de la Foi Malienne (PFM) pour le rouge. La recomposition du paysage politique du Mali aura l’avantage de permettre aux 4 à 8 millions d’électeurs potentiels de militer en toute conviction dans le parti qui correspondra au mieux à leur orientation idéologique.
Avec la transition et le processus de la refondation en marche, le réveil exige d’arrêter le mimétisme à l’occidentale, pour honnêtement exprimer la démocratie malienne débarrassée des calculs malsains, des maux et vices qui l’ont jusqu’ici miné. La prise de décision souveraine de prolonger ou pas les délais de la transition doit appartenir aux maliens et ne doit souffrir d’aucune pression ou influence des forces occultes internes ou de la Communauté Internationale.
La transition offre l’occasion de faire la preuve que seul le travail, l’intégrité et l’amour de la patrie pourront libérer et sauver le Mali. Nous avons à choisir entre, la prolongation de la durée de la transition pour la refondation de l’Etat, la reconquête de la souveraineté politique économique et sociale ou continuer de secouer sous la pression et l’influence des forces occultes qui n’ont d’ambition que pour leurs intérêts. Prenons donc le temps de bien faire en nous affranchissant des liens du mensonge et la fausseté pour restaurer les valeurs perdues de l’honneur et la dignité, et par amour du Mali.
Moussa Dao, Vice-président RESIF-C
Source: Le Pélican