La Russie, alliée stratégique de Bamako de ces derniers temps, a mis son veto, le mercredi 30 août 2023, contre une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU rédigée par la France et les Émirats-Arabes-Unis, prolongeant les sanctions contre des autorités de la transition et des membres de groupes armés supposés « menacés » la mise en œuvre de l’accord de paix dans le pays, que les autorités du Mali réclament la levée.
La Russie, qui était d’accord pour prolonger les sanctions, mais seulement une dernière fois, voulait surtout dissoudre le Comité d’experts dont elle conteste avec Bamako l’objectivité.
Le représentant permanent russe auprès de l’ONU, Vassili Nebenzia, a expliqué pourquoi la Russie a bloqué ce projet de résolution du Conseil de sécurité sur le Mali rédigé par la France et les Émirats-Arabes-Unis.
Selon Vassili Nebenzia, la résolution ne tenait pas compte des préoccupations de Bamako. « La Russie a voté contre le projet de résolution sur la reconduction du régime de sanctions contre le Mali. À notre grand regret, le texte présenté ne prend pas en considération les préoccupations de la partie malienne et la position russe. Et ce malgré nos multiples appels à une approche constructive et à un compromis raisonnable », a-t-il signalé.
Et d’expliquer : « La position russe n’a pas été prise en compte et qu’un pas substantiel au-devant de la demande officielle du Mali n’a pas été fait ».
Le diplomate a noté que la Russie avait appelé à soutenir son projet alternatif prévoyant de prolonger les sanctions d’un an, pour qu’elles « ne se transforment pas en un instrument de pression extérieure sur les problèmes politiques intérieurs maliens ».
Il a précisé que le potentiel du comité d’experts était « épuisé depuis longtemps » et qu’il était « nécessaire de le dissoudre ».
Pour rappel, la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU prévoyant de prolonger d’un an les sanctions mises en place en 2017 contre des individus « mettant en danger » l’accord de paix de 2015 au Mali, et le mandat du Comité d’experts chargés de les surveiller, a recueilli, le mercredi 30 août dernier, 13 voix favorables. La Russie a mis son veto tandis que la Chine s’est abstenue.
Lesdites sanctions concerneraient sûrement les trois membres influents de la transition qui ont été les premiers à être sanctionnés par le Conseil de sécurité. S’en est suivie celles de : Mohamed Ould Mataly, Mahri Sidi Amar Ben Daha alias Yoro Ould Daha, Mohamed Ben Ahmed Mahri dit alias Rougi, Houka Houka Ag Alhousseini, ainsi que Ahmed Ag Albachar.
Mais en examinant le cas de Mohamed Ould Mataly, qui avait polémiqué un moment. On se demande si la grâce n’excède pas les trois premiers.
A noter que « ces personnes citées sont accusées d’entrave à l’application de l’Accord de paix, de trafic d’armes et de drogue, de supporter les groupes terroristes et d’avoir détourné de l’aide humanitaire destinée aux populations ». Par conséquent, elles étaient interdites de voyager à l’extérieur du Mali et les organisations internationales étaient sommées de ne pas leur apporter du soutien.
Notons que le dernier rapport du Comité d’experts de l’ONU publié la semaine dernière mettait notamment en cause les violences contre les femmes perpétrées de façon « systématique et organisée » par les forces armées maliennes et leurs « partenaires de sécurité étrangers ».
Ce régime de sanctions (gel des avoirs ou interdiction de voyage) avait été mis en place en 2017 et concernait huit individus, notamment des responsables de groupes signataires de l’accord de paix de 2015 accusés de le mettre en péril. Ces sanctions avaient été réclamées par le gouvernement malien de l’époque, mais les autorités actuelles ont réclamé leur levée.
Source : l’Indicateur du Renouveau