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La France-néocoloniale défie les autorités du Niger !

Le vendredi 25 août 2023, la junte militaire, qui a saisi le pouvoir il y a un mois, a ordonné à l’ambassadeur de la France-néocoloniale, Mr Sylvain Itte, de quitter le Niger dans les 48 heures. Le lundi 28 août, le président français, Mr Emmanuel Macron, a déclaré haut et fort qu’il n’obtempèrera pas à l’injonction du général Abdourahamane Tiani, le nouveau chef militaire du pays, de dégager. Le chef de l’ancienne métropole poursuit dans sa colère nostalgique, lorsqu’il ajoute que « Nous ne reconnaissons pas ceux qui ont fait le putsch, nous soutenons un président qui n’a pas démissionné et auprès duquel nous restons engagés. »

A rappeler que l’ancien président, Mr Mohamed Bazoun, est toujours entre les mains des nouveaux maîtres des lieux. Celui-ci refuse de reconnaître les nouvelles autorités et se considère encore comme le président légitime du Niger parce qu’il avait été élu et entamé son mandat le 2 avril 2021.

Le 10 août dernier, j’avais publié ici, dans les colonnes de « Boukan News », un papier révélateur sous le titre, « Les promesses libératrices des convulsions Africaines ». Dans lequel, j’avais recommandé et je cite, que « Les nations africaines doivent couper toutes relations diplomatiques avec les anciennes métropoles, telles que la France, la Belgique, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie, le Portugal…afin de les relancer sur de nouvelles bases. C’est une action politique et diplomatique majeure qui notifie le rejet de l’ordre néocolonial instauré après la vague d’indépendance de 1960. Tout en introduisant une nouvelle forme de coopération globale entre les États africains, les anciennes métropoles et le monde occidental. » Cet article a été publié dans plusieurs pays étrangers, dont le Niger, le Cameroun, le Burkina-Faso…

L’arrogance néocoloniale de la France

En 2007, le président français de l’époque, Mr Nicolas Sarkozy, disait avec l’arrogance coutumière que « l’homme africain n’est pas suffisamment entré dans l’histoire ». En général, les responsables français n’ont jamais raté une occasion pour ne pas humilier tout le continent par des remarques indignes en privé comme en public. La France a toujours joué un rôle politique et économique important dans la débâcle des pays francophones. Presque tous les coups d’État africain sont de fabrication de Matignon, et ceci depuis les années 1960. « Depuis 1990, 78 % des 27 coups d’État perpétrés en Afrique subsaharienne l’ont été dans des États francophones, ce qui amène certains commentateurs à se demander si la France – ou l’héritage du colonialisme français – n’est pas à blâmer ».

Le cas de Jean-Bedel Bokassa, le président de la Centrafrique, est répugnant. Il fit cadeau d’énorme quantité de diamants au président français, Mr Giscard D’Estaing, et aussi bien qu’à sa famille. Ce dernier allait plus tard renverser Bokassa et le remplacer par David Dacko, un vassal de la France, par un coup d’État en 1979. Le support de plus de 30 ans à l’impopulaire président Idriss Deby au Tchad est nauséabond. Je pouvais citer des cas à n’en plus finir ou la France a été directement impliquée dans des assassinats politiques, de coups d’État, de corruption à grande échelle…

Aujourd’hui, la France est contre coup-d ’État

Pour ainsi dire, la France est entrée ouvertement en rébellion contre le nouveau pouvoir du Niger. Cette attitude belliqueuse de l’ancienne puissance coloniale était prévisible. Car, contrairement aux premiers coups d’État qui s’étaient déroulés dans les pays suivants : Burkina-Faso, Mali, Guinée-Emmanuel Macron avait adopté une attitude mesurée. Face au coup d’État du Niger, il était intraitable. Dès le départ, son intention était claire, qu’il reconnaît continûment Mr Mohamed Bazoun comme le seul interlocuteur légitime du Niger.

Le général-président du Niger a entrepris une série de mesures en vue de consolider le pouvoir. La France-néocoloniale qui a été toujours perçue comme une menace concrète pour les nouvelles autorités est le premier état qui est atteint de mesures de raffermissement. Ainsi, déclarer l’ambassadeur français « persona non grata » fait partie de la stratégie nécessaire à la sauvegarde de l’expérience autonomiste et indépendantiste inaugurée le 26 juillet 2023. Donc, l’incontournable escalade des relations entre les deux pays n’a qu’à ses débuts.

La France a jusqu’à présent plus de 1500 soldats sur le territoire du Niger, sans oublier les 500 marines de l’armée américaine. Les soldats du « Groupe Wagner » sont visibles dans le pays, si l’on croit certaines informations. Les forces armées du Niger, fortes de 30.000 hommes, sont mobilisées depuis plus d’un mois dans le but de faire face à la tentative de la « Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest-CEDEAO » d’intervenir militairement dans le pays pour rétablir le président déchu dans ses fonctions. Une prétention qui a été vite abandonnée, due au faible soutien des pays de la zone à une telle initiative. En un mot, l’armée du Niger est en état de guerre maximal. Depuis samedi, 20.000 Nigériens se trouvent en territoire du Niger pour soutenir le régime militaire. Les gouvernements du Mali, Burkina Faso et de la Guinée…expriment clairement leur solidarité avec le Niger en cas d’agression militaire. Les manifestations populaires s’activent en permanence sur tout le territoire, en particulier à Niamey.

SI les militaires sont arrivés au pouvoir à travers un coup d’État, toutefois, ils jouissent d’une légitimité populaire certaine. Le peuple détestait Bazoun qui, pour eux, fut au service exclusif de l’occident au détriment des intérêts fondamentaux du pays. Dans ce cas, peut-on sacrifier la volonté populaire sur l’autel de la légalité, ne devraient-elles pas marcher de pair ?

L’obstination d’Emmanuel Macron-néocolonial à s’accrocher au président déposé n’est pas liée à une quelconque morale internationale démocratique. Elle est déterminée par la peur d’assister à l’effondrement des intérêts vitaux de la France sur le continent africain. Ce qui pourrait miner considérablement le secteur militaire, le niveau de vie économique et social, la sécurité nationale…de la France. Une nouvelle réalité qui peut mettre en péril la fragile stabilité politique qui prévaut là-bas. Car, une France sans les mannes de l’Afrique sera reléguée au stade banal du plus pauvre pays de l’Europe !

Pourquoi cette attitude martiale face au Niger ?

La France est totalement dépendante de l’Uranium du Niger. Sans ce combustible essentiel, sa capacité de production d’énergie et des armes nucléaires sera terriblement souffrante. Sans omettre de mentionner l’importance stratégique du Niger face à la montée de l’islamisme dans toute l’Afrique de l’Ouest. D’autre en plus, il y a l’influence Russe à contenir et qui se qui se développe de façon exponentielle. Le succès de la rébellion du Niger constitue un grave danger à l’influence française sur tout le continent de l’Afrique et ailleurs. Cela ressemble à deux gouttes d’eau a la menace que représente la révolution anti-esclavagiste, anticolonialiste et anti-raciste de la république d’Haïti le 1er janvier 1804 aux puissances occidentales de l’époque.

Que peuvent faire les généraux au pouvoir ?

L’ultimatum de 48 heures est arrivé à terme depuis dimanche. Du côté des militaires c’est le silence. Certainement, comme stratège ils devraient s’attendre à cette réaction belliqueuse du gouvernement français. Donc, ils ont un plan !

En général, quand une situation diplomatique s’est détériorée à ce niveau, le pays hôte entreprend des actions de représailles non-létales pour forcer l’autre à obéir. J’ai en tête la prise des otages américains en Iran à l’intérieur même de leur ambassade, en 1979, après le triomphe de la révolution islamique chiite menée par Ayatollah Khomeiny. Cependant, les militaires du Niger ne se risqueront pas dans cette aventure dangereuse. Ce qu’ils peuvent faire, c’est d’harasser les diplomates français qui se trouvent encore sur leur territoire. C’est-à-dire, coupure d’électricité, du téléphone, de l’internet, rationnement d’eau, contrôle de l’approvisionnement en nourritures, empêchement de dormir par du bruit musical/détonations…

Pour le bien-être de l’humanité, je souhaite des négociations avec l’ancienne puissance tutrice française. Toutefois, la France doit reconnaître 63 ans de domination et de pillage des ressources des États africains, ça suffit. Ils doivent commencer par explorer l’idée de coopérer avec les nouveaux États souverains de l’Afrique sur de nouvelles bases !

Joël Léon

Source: https://www.mondialisation.ca/

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