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Opération Barkhane, deux ans après: les motifs de satisfaction

1er août 2014 – 1er août 2016, il y a très exactement deux ans, la France lançait l’opération Barkhane au Sahel. 3.500 soldats déployés sur cinq pays : le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Burkina Faso et le Tchad, dans le cadre du dispositif militaire qui a pris, le 1er août 2014, le relais de l’opération Serval, lancée en janvier 2013. Deux ans après, même si le bilan de cette opération, censée éviter que des groupes djihadistes ne se reconstituent, est diversement apprécié, il n’en demeure pas moins qu’elle a permis de mettre «hors de combat» plus de 200 «terroristes» et une saisie ou destruction de 16 tonnes d’armes.

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La France est loin d’avoir terminé la guerre contre le terrorisme en Afrique. Après le déclenchement de l’opération Serval au Mali qui, au-delà d’avoir stoppé les groupes terroristes qui menaçaient l’existence de l’État démocratique et laïc du Mali, a permis de mettre fin à une forme d’industrialisation du terrorisme qui s’était implanté dans le désert au nord du pays, et ce, au prix d’un engagement déterminé qui a coûté la vie à 10 soldats français et blessés plus d’une soixantaine d’entre eux, le président Français a lancé une nouvelle intervention au Sahara et au Sahel.
Son nom de code : opération Barkhane. Ce terme désigne les dunes sahariennes qui prennent la forme d’un croissant sous l’effet du vent. Cette intervention a été officiellement déclenchée lors de la mini-tournée que le président Hollande a effectuée en Côte d’Ivoire, puis au Niger et au Tchad en fin juillet 2014.
L’acte de naissance de l’opération Barkhane a été signé à Bamako, la veille de la tournée africaine du président par le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. Car après l’opération Serval, il s’agit de « terminer le travail », selon l’expression d’une source militaire de haut rang.

Approche régionale
Dans un premier temps, les forces françaises déployées au Mali ont mis un terme à l’offensive djihadiste sur Bamako avant de porter un coup au sanctuaire des terroristes dans l’Adrar des Ifoghas, massif du Sahara. Mais le danger demeure, car des groupes pourraient se reconstituer. L’objectif de Barkhane est donc d’éradiquer la menace islamiste radicale dans la région.
Dans cette bande sahélo-saharienne, séculaire autoroute des trafics en tout genre, le péril terroriste est bien présent. La porosité des frontières permet aux djihadistes de circuler. Sans compter que le chaos libyen, avec l’absence de contrôle étatique sur le pays, augmente une menace que les autorités jugent alarmante. D’après les services de renseignement français, des camps d’entraînement de djihadistes y sont installés.
À l’Élysée, on considère qu’il existe un risque de voir se reconstituer des poches de concentration terroriste dans ce secteur… d’où le lancement de Barkhane. Son approche est régionale, et les États de la zone, en particulier la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso et le Tchad où les forces françaises sont stationnées, seront associés.
Si Barkhane s’inscrit dans une nouvelle approche stratégique, elle se caractérise aussi par une logique de fusion et de partage des moyens qui, jusqu’alors étaient dévolus à des opérations distinctes (l’opération Serval au Mali, déclenchée en 2013 et l’opération Épervier au Tchad, déclenchée en 1986).
La présence des forces françaises est maintenue au Mali comme au Tchad, mais les moyens présents dans ces pays sont désormais mutualisés et les zones d’engagement étendues à l’ensemble de la bande sahélo-saharienne (BSS).
L’opération Barkhane est commandée par un officier général, depuis un poste de commandement unique stationné à N’Djamena, au Tchad (poste de commandement interarmées de théâtre ou PCIAT).

Missions de la force Barkhane
Les missions de la force Barkhane sont les suivantes : appuyer les forces armées des pays partenaires de la BSS dans leurs actions de lutte contre les groupes armés terroristes ; contribuer à empêcher la reconstitution de sanctuaires terroristes dans la région.
Avec un impressionnant dispositif militaire qui regroupe 3500 militaires, l’opération Barkhane compte une vingtaine d’hélicoptères, 200 véhicules de logistique, 200 blindés, 6 avions de chasse, 3 drones et une dizaine d’avions de transport.
Ces 3500 militaires sont répartis sur deux points d’appui permanents à Gao (Mali) et à N’Djamena (Tchad). Ce dispositif n’est pas figé et le commandant de la force pourra faire basculer ses efforts (troupes et moyens) en fonction de la menace à laquelle il sera confronté.
Depuis ces deux points d’appui permanent, des détachements sont déployés sur des bases avancées temporaires (BAT). Ces bases constituent des « plateformes relais » à partir desquels seront conduites les missions, aux côtés des soldats des pays dans lesquels se situent ces bases.
L’emploi de l’ensemble des moyens aériens – hormis les moyens de détachements de l’aviation légère de l’armée de terre (ALAT), ainsi que les aéronefs des forces spéciales – est planifié depuis Lyon par le JFACC AFCO (Joint Force Air Component Command – Commandement de la composante air de la force interarmées de l’Afrique centrale et de l’ouest).
Ces différents vecteurs terrestres comme aériens sont répartis sur quatre bases au sein de la BBS.

Le dispositif en place
Au Mali : Environ 1.000 militaires sont déployés sur une base militaire à Gao, au sein d’un groupement tactique désert. À Tessalit, au nord-est du Mali et à proximité de la frontière algérienne, entre 30 et 50 soldats sont prépositionnés sur une base avancée, «susceptible de pouvoir accueillir une opération si nécessaire», selon Jean-Yves Le Drian.
Au Tchad : À N’Djamena, capitale du pays, est installé le Poste de Commandement InterArmées de Théâtre (PCIAT). De plus, la base aérienne accueille les moyens aériens de cette opération. Les Mirages 2000D et les Rafales stationnent aux côtés des ravitailleurs C-135FR du Groupe de Ravitaillement en Vol 2/91 «Bretagne». On retrouve également des avions de transport Transall et C-130 Hercules. En tout, environ 1.200 militaires sont présents au Tchad.
Au Burkina Faso : C’est sur l’aéroport de Ouagadougou que sont prépositionnés des hommes des forces spéciales françaises, disposant de leurs propres avions de transport et hélicoptères.
Au Niger : La base aérienne française à Niamey, capitale du pays, accueille tout ce qui concerne le renseignement. Elle dispose, entre autres, de deux drones MQ-9 Reaper et d’un drone Harfang, de l’Escadron de Drones 1/33 «Belfort». La région de Madama a également été choisie pour qu’une base avancée y soit implantée, en raison de son emplacement stratégique, à quelques kilomètres de la frontière libyenne… où la France y opère régulièrement, avec l’accord du gouvernement libyen, et avec l’aide des États-Unis. Ainsi, 300 militaires français sont installés au Niger.
En Mauritanie : A Atar, une ville du centre-ouest de la Mauritanie accueille un détachement d’instruction opérationnelle, afin de former des soldats à diverses techniques.
Deux ans après son déclenchement en grande pompe, les résultats de cette opération d’envergure, avec pour missions principales de traquer et de mettre hors d’état de nuire les terroristes, restent diversement appréciés au sein de l’opinion nationale et même dans l’hexagone.

La menace persiste
Certes, les groupes islamistes ne contrôlent plus de grandes zones dans le nord du Mali, ils ne circulent plus dans la BSS en toute tranquillité.
Aussi, si l’opération Serval a permis de chasser en grande partie les groupes terroristes dans notre pays, il faut cependant reconnaître que ces derniers conservent toujours «un pouvoir de nuisance» et ont multiplié ces derniers mois les attaques meurtrières à l’engin explosif contre les forces maliennes et internationales. Par des actions asymétriques, les djihadistes ont bien compris l’intérêt de se faire discret et multiplient plutôt les coups d’éclat avec des attaques suicides et la pose de mines au bord des routes. Des actions qui, depuis deux ans, auront coûté la vie plusieurs dizaines des soldats du côté des Famas et des forces onusiennes.
Au total, 17 militaires français ont perdu la vie dans la région dont 7 dans le cadre de l’opération Barkhane et dix au cours de Serval.
Au-delà du Mali, l’Afrique de l’Ouest est secouée depuis un an par une série d’attentats qui menacent de déstabiliser une région déjà ébranlée par le groupe islamiste Boko Haram et le vide sécuritaire en Libye.
Au problème sécuritaire s’ajoute une autre source d’inquiétude : la fragilité des États qui composent le G5 Sahel.
La Mauritanie et le Niger sont travaillés par des courants musulmans conservateurs et par des tensions religieuses.
Le Burkina sort à peine d’un coup d’État et le Tchad, gravement touché par la chute du prix des hydrocarbures, est menacé à ses frontières par des groupes islamistes tandis que le pouvoir central est de plus en plus contesté.

Le satisfecit du Commandement
L’armée française estime toutefois que son intervention porte ses fruits et qu’il faut donner du temps au temps pour stabiliser définitivement le pays.
Pour le Colonel Perrin, cela ne fait aucun doute : les motifs de satisfaction sont nombreux « Nous avons neutralisé 200 terroristes, fouillé 2 000 caches, détruit 16 500 kg de de munitions et 200 kg d’explosifs, saisi 1 400 kg de drogues », dit-il.
Sur les 200 terroristes « neutralisés », une cinquantaine environ a été tuée, les autres faits prisonniers. Pour quel coût, « 600 millions d’euros par an », répond l’Officier supérieur, soit 1,2 milliard en deux ans !
Au regard de ces succès militaires, il ne fait aucun doute que la France, à travers l’opération Barkhane, est plus puissante que son ennemi.
« Pour les terroristes, Barkhane, c’est la fin des zones refuge, une pression permanente et une menace continue », ajoute le Colonel Perrin.
Le Général Patrick Brethous, commandant de la force Barkhane jusqu’à avant-hier 1er août, explique que l’une des principales réussites de cette opération est la coopération militaire entre les pays du G5 Sahel et la France.
« Nous sommes arrivés il y a 100 ans. Nous sommes partis il y a 50 ans. Ils nous sont rappelés il y a deux ans. Nous sommes de retour ici avec eux et derrière ».
À quelle fin ? « Nous les aidons à monter en puissance et s’organiser afin qu’ils puissent assurer leur propre sécurité », répond-il. Autrement dit, l’opération française consiste à contenir la menace terroriste et à la maintenir à un niveau adapté à la force des partenaires.

Par Mohamed D. DIAWARA

 

Source: info-matin

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