Accusé d’acheter du riz importé à la place de celui «local», le PDG de l’Office des produits agricoles du Mali (OPAM) donne sa version des faits.
La société internationale islamique de financement du commerce (IFTC), membre du groupe de la banque islamique pour le développement, a mis à la disposition du Mali un prêt de quinze millions d’euros, environ près de dix milliards de FCFA destinés à l’achat de céréales et autres produits de première nécessité.
Selon des sources concordantes, le PDG de l’OPAM, Youssouf Maïga, s’est servi de ce financement pour payer plusieurs tonnes de riz importé au détriment du riz local. Ce qui constitue une violation flagrante de l’accord de financement. «Ce fonds dit de Mouharaba a été octroyé à notre pays pour booster l’économie locale», atteste une source proche du dossier. Il a pour but de soulager les producteurs locaux de céréales.
«On a toujours laissé une marge pour les producteurs locaux»
Approché, le PDG de l’OPAM, Youssouf Maïga, confirme l’achat de riz importé. Cependant, ajoute-t-il, il a été fait dans le souci de ne pas perdre le financement, d’autant que les opérations devraient impérativement prendre fin au plus tard le 11 décembre. «Et il n’y avait pas de riz local sur le marché. Faut-il attendre le riz local pour acheter et perdre le financement ou acheter du riz importé et sauvegarder la signature du pays?» s’interroge-t-il.
Face à ce dilemme, le PDG affirme avoir opté pour le premier choix. Car avec le décaissement du fonds, le Mali pourra légitimement prétendre à un financement supérieur. De l’avis de Maïga, l’argent généré par la vente du riz importé servira à payer du riz local. «On a toujours laissé une marge pour les producteurs locaux», précise-t-il.
L’OPAM a d’ailleurs prévu de payer plus de cinq mille tonnes avec les producteurs locaux. Des rencontres ont même eu lieu entre l’interprofession riz et l’OPAM. Il a également assuré que tout se fait sous le contrôle du ministère de l’Economie et des Finances. «On ne peut rien faire sans la caution de la dette publique», clame-t-il.
Par ailleurs, le PDG Maïga affirme qu’il n’est pas mentionné dans la convention qu’il faut exclusivement acheter la production locale. Dans le document, dont Le Wagadu s’est procuré copie, à la page 12 section 3 Achat de marchandises, il est convenu entre les parties que le bénéficiaire est autorisé à acheter, au niveau local, ou dans un pays membre ou non membre, pour le compte de l’IFTC. Il doit toutefois s’engager à acheter les marchandises en conformité avec les procédures de passation de marchés de l’IFTC. Il s’engage aussi à sélectionner les marchandises et à exercer autant de soin à satisfaire ses besoins en termes de qualité et quantité de marchandises.
Abdrahamane Sissoko
Le Wagadu