Le 7 juin, le colonel Assimi Goïta est devenu le nouveau Président de la transition à Bamako et Choguel Maïga a été nommé le même jour Premier ministre. Ce dernier a annoncé la formation de son gouvernement le 11 juin. Ces événements se sont produits neuf mois avant la fin de la période de transition convenue.
« Une action immédiate est maintenant requise pour engager des réformes cruciales et jeter les bases d’un processus électoral crédible », a déclaré le chef de la MINUSMA, El-Ghassim Wane, lors de sa première intervention publique devant les membres du Conseil. « Cela implique une approche inclusive, un leadership malien fort et un compromis politique. Le soutien indéfectible des partenaires internationaux restera vital », a ajouté M. Wane qui est également Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali.
M.M. Goïta et Maïga ont assuré aux partenaires internationaux qu’ils respecteraient le calendrier de transition, qui prévoit des élections d’ici février, et qu’ils ne se présenteront pas à ces scrutins. Ils ont également réitéré leur engagement à travailler avec les mouvements armés signataires de l’accord issu du processus Alger, qui sont représentés dans le nouveau gouvernement, en vue d’accélérer la sa mise en œuvre. « Ces engagements doivent maintenant se traduire par des actions urgentes et concrètes, qui nécessitent la contribution constructive de toutes les parties prenantes maliennes », a insisté M. Wane.
« Le moment est venu pour les dirigeants maliens de s’élever au-dessus de la politique partisane et des intérêts personnels et de travailler ensemble pour faire face à la crise dans l’intérêt de leur pays et de son avenir », a-t-il ajouté, tout en précisant que « l’appui de la MINUSMA restera essentiel à cet égard ».
Insécurité dans le nord et le centre du Mali
La situation actuelle au Mali est également marquée par la persistance de l’insécurité dans le nord et le centre du pays et la menace d’attentats terroristes affectant d’autres régions. Pour le Représentant spécial, le soutien de la MINUSMA est d’autant plus nécessaire que l’insécurité a un impact dévastateur sur la vie quotidienne des gens et continue de faire des ravages.
Il y a aujourd’hui plus de Maliens déplacés qu’au plus fort de la crise en juin 2013. « Beaucoup d’entre eux vivent dans des conditions très difficiles, et les informations faisant état de violations des droits humains sont profondément inquiétantes », a dit M. Wane. Dans le centre du Mali, près de la moitié des écoles sont fermées, principalement en raison de la menace des groupes armés. Dans certaines zones marquées par la présence de groupes extrémistes violents, les fermetures d’écoles atteignent jusqu’à 84%.
« Alors que Bamako est le centre de l’attention politique et que l’engagement politique dans la capitale restera essentiel, les efforts de la Mission doivent être concentrés sur le terrain », a souligné le chef de la MINUSMA.
L’insécurité et le manque d’accès à l’éducation, à l’eau et à d’autres services de base ont été identifiés comme des défis majeurs affectant la vie des Maliens en dehors de Bamako. La plupart des interlocuteurs que M. Wane a rencontrés depuis son arrivé au Mali ont exhorté la mission onusienne à faire plus. « Les attentes sont élevées. C’est compréhensible. Là où ils vivent, il y a peu ou pas de présence de l’État et la Mission est considérée comme le seul fournisseur de services de sécurité et d’autres services de base. La MINUSMA a un impact tangible souvent négligé », a-t-il expliqué
Plan de 60 jours de la MINUSMA
Depuis que M. Wane a pris ses fonctions, la MINUSMA a élaboré un plan de 60 jours décrivant les actions prioritaires à mettre en œuvre d’ici la fin du mandat de la mission ousienne prévu fin juin. Conformément aux priorités stratégiques inscrites dans le mandat de la MINUSMA, des initiatives concrètes ont été identifiées pour accélérer la mise en œuvre des dispositions clés de l’accord de paix et pour faciliter un processus de transition politique plus inclusif. La mission onusienne s’engage également à favoriser une approche davantage centrée sur les personnes et orientée vers l’action.
« Nous serons jugés en fonction de l’impact que nous avons sur la vie des personnes qui souffrent le plus », a affirmé M. Wane.
« Le Mali est à un tournant critique et nous ne pouvons pas le laisser sombrer dans une nouvelle instabilité avec des conséquences dramatiques pour la sous-région et au-delà. Ce serait faire défaut au peuple malien, qui mérite mieux », a-t-il prévenu.
ONU