La pénurie d’eau dans plusieurs zones de l’Office du Niger durant cette campagne est une réalité.
Face à cette situation, le président directeur général de l’Office, Mamadou M’Barry Coulibaly a donné sa version des faits. Selon lui, cette rareté d’eau est due non seulement à la vétusté des installations, les mesures sécuritaires, mais aussi à un problème de gestion d’eau liée aux comportements « indisciplinés » de certains paysans qui vandalisent les réseaux d’irrigation pour se satisfaire au détriment des autres. Pour mettre fin à cette crise d’eau dans l’office, le PDG plaide pour une gestion rationnelle de l’eau en communion avec les paysans.
La pénurie d’eau dans l’Office du Niger est un secret de Polichinelle. Dans les journaux et sur les réseaux sociaux, diverses versions ont été données. Certains sont même allés à accuser inutilement la direction générale de l’Office du Niger. Face à cette situation, le président directeur général de l’Office, Mamadou M’Barry Coulibaly est sorti de son silence pour donner sa version des faits.
Dans un entretien à bâton rompu accordé à votre journal « Le Débat », le PDG de l’Office reconnait les problèmes de pénurie dans certaines localités. Selon lui, le problème de pénurie d’eau à l’Office du Niger est un problème qui n’est pas à la portée de la direction générale. Pour Coulibaly, la campagne agricole 2017 à l’office a démarré avec des difficultés à cause des mesures sécuritaires instaurées par l’Etat. Ces mesures sécuritaires interdisaient la circulation des motos dans les régions de Mopti et Ségou, précisément dans la zone de Niono à partir de 18 heures. Avec ces interdictions, les agents contrôleurs des installations de l’office et les paysans sont restés du 15 mai au 15 juillet 2017 sans circuler sur les motos.
Donc durant cette période, les agents contrôleurs de l’office ne pouvaient pas conduire les motos pour contrôler les réseaux hydrauliques dans les différentes zones de l’office pendant la nuit. Seulement les agents faisaient leurs contrôles durant la journée et avec des véhicules. Mais dès que la nuit tombe, il était impossible pour ses agents de faire les contrôles dans certaines zones accessibles que par motos. Et pourtant ces agents doivent vérifier nuitamment ces différents réseaux pour voir si l’eau circule normalement ou pas. Malheureusement certains paysans « indisciplinés » profitent de cette situation pour vandaliser les réseaux et empêcher du coup les autres d’avoir de l’eau.
Pour le PDG, cette situation n’arrange personne. Selon lui, les paysans ont été déjà interpellés sur la question à Kolongo : « Il faut qu’on se donne la main afin de lutter contre cette situation qui n’arrange personne. Les paysans doivent comprendre que sans la bonne gestion de l’eau irriguée, tout le monde n’aura pas sa part. Il faut qu’on organise l’irrigation. Tant qu’on n’organise pas l’irrigation, les gens ne peuvent pas avoir de l’eau suffisamment à l’Office du Niger. Pour ce faire, il faut obligatoirement une collaboration des paysans. Un réseau d’irrigation est calibré et ça doit irriguer un certain nombre d’hectares à un temps donné. Mais si tout le monde ouvre au même moment, il y aura forcément une pénurie d’eau ».
Mamadou M’Barry Coulibaly a reconnu que l’office est confronté à un problème de vétusté de ses installations, mais il a également signalé que l’Etat fournit des efforts pour réhabiliter les installations : « Il y a certes des problèmes à car l’office est vieux. Les réseaux d’irrigation sont vétustes. Mais l’Etat est entrain de fournir de gros efforts pour réhabiliter les périmètres de l’office du Niger. L’Etat met les moyens pour travailler sur les réseaux primaires et secondaires. Cette année on a mis des gros moyens dans le Fala pour déboucher certains périmètres pour que l’eau puisse circuler normalement, grâce à ça il y a eu beaucoup d’eau dans le Goumary. Malgré tout, le problème d’accessibilité à l’eau a été posé partout, mais on ne comprend pas. Je pense qu’il y a un problème de gestion de l’eau. Pour mettre fin à cette crise d’eau dans l’office, il faut une gestion rationnelle de l’eau et cette gestion doit se faire en communion avec les paysans. J’invite les paysans à collaborer avec la direction générale de l’Office du Niger pour instaurer une gestion normale et coordonnée de l’irrigation. Il y a trop de désordre dans la gestion de l’irrigation. Certains paysans font ceux qu’ils veulent. Deux ou trois personnes, parce qu’ils n’ont pas d’eau, se cachent la nuit pour saboter les installations ».
Aux dires du PDG, la direction générale entend dans les prochains jours rencontrer les paysans pour instaurer des nouvelles dispositions de gestion d’irrigation. Selon lui, cette gestion se fera en complicité avec les paysans. Pour Coulibaly, avec ces dispositions la gestion sera rigoureuse. Il a aussi déclaré que ces nouvelles dispositions de gestion d’irrigation seront mises en œuvre dès la campagne prochaine. Parmi ces nouvelles dispositions, le PDG n’exclut pas des sanctions à l’encontre des paysans qui vont violer ces mesures.
Concernant la campagne en cours, le PDG a déclaré qu’elle se porte bien dans la zone de l’Office du Niger : « On est actuellement à 98% de la réalisation des objectifs de l’office et l’état végétatif du riz est très satisfaisant. Vu la physionomie, nous constatons que les paysans ont respecté le calendrier cultural et les engrais ont été apportés à temps pour les cultures. Nous saluons l’effort personnel du Président de la République d’avoir accepté de rénover le barrage de Markala. Nous nous réjouissons également de la subvention des engrais et autres intrants agricoles. Les machines piqueuses et les tracteurs ont été un apport inestimable pour les femmes et les paysans de l’office ».
Le PDG a aussi invité les paysans à réconforter le Président de la République en faisant la gestion rigoureuse de l’eau une priorité pour le bonheur de tous les paysans.
Wassolo