La perspective d’un accord rapide sur le dossier nucléaire iranien semblait plus incertaine samedi à l’entrée des négociations dans leur troisième semaine, l’Iran refusant de se fixer une limite dans le temps et les Etats-Unis évoquant « des questions difficiles » persistantes.
Au lendemain d’une énième prolongation des pourparlers, les principaux acteurs de la négociation, l’Américain John Kerry et l’Iranien Mohammad Javad Zarif, se sont retrouvés samedi au palais Coburg à Vienne.
Il y a « encore des questions difficiles à régler », a twitté le secrétaire d’Etat américain à l’issue de cet entretien, le dernier d’une longue série depuis le 26 juin.
Et il pourrait y en avoir encore d’autres… « Nous n’avons aucune limite dans le temps pour parvenir à un bon accord », a déclaré à l’AFP un responsable iranien, interrogé sur la possibilité d’un report de ce round de négociations.
Le but de ces efforts? Refermer un dossier qui empoisonne depuis plus de 12 ans les relations internationales.
« Il faut obtenir le meilleur accord possible, un (accord) qui résiste à un examen approfondi, qui empêche l’Iran de fabriquer une bombe atomique ou d’en acquérir une », a martelé vendredi le porte-parole du département d’Etat américain Mark Toner, en assurant que les parties allaient « travailler tout le week-end » en ce sens.
La République islamique est soupçonnée d’avoir mené à partir de 2003 un programme nucléaire militaire sous couvert d’un programme civil, ce qu’elle a toujours nié.
Depuis 2006, la communauté internationale a voté plusieurs trains de sanctions contre Téhéran, qui étouffent l’économie de ce pays de 77 millions d’habitants.
Depuis septembre 2013, une négociation est engagée afin d’arracher un accord qui permette de rassurer la communauté internationale et les voisins de l’Iran sur son programme nucléaire, en échange d’une levée des sanctions.
Après plusieurs rounds, la session viennoise est censée mettre un point final au texte d’une centaine de pages en discussion. Mais les tractations, qui devaient se conclure le 30 juin, ont été prolongées à plusieurs reprises.
« Un moment historique »
Même si les pourparlers avancent à un rythme « péniblement lent », selon le ministre des affaires étrangères britannique Philip Hammond, toutes les parties s’accordent pour dire que des progrès ont été enregistrés.
Vendredi soir, John Kerry avait donné des signes d’espoir, évoquant la résolution de certaines « questions en suspens » à l’occasion des séances de travail « très constructives » menées dans la journée.
Depuis plusieurs jours, les discussions butent sur la levée de restrictions sur les armes, réclamées par Téhéran avec le soutien de Moscou. Mais les Occidentaux jugent cette demande délicate en raison de l’implication iranienne dans plusieurs conflits, notamment en Syrie, en Irak ou au Yémen.
Autres points de désaccord : le rythme de levée des sanctions, l’inspection des sites militaires iraniens et la durée de l’accord.
Jeudi, le ton était monté, chaque camp accusant l’autre de ne pas prendre les décisions nécessaires.
Pour l’analyste Kelsey Davenport, spécialiste du dossier, ce n’est pourtant « plus l’heure de la surenchère ou de durcir les positions. C’est un moment historique et il pourrait y avoir de lourdes conséquences si les négociateurs laissent filer l’occasion de conclure un bon accord ».
« Reporter la décision sur un accord à ce stade, ou échouer à résoudre les derniers détails et quitter la table des discussions, permettrait aux opposants les plus durs à un accord, notamment au sein du Congrès américain, d’agir pour empêcher la finalisation d’un accord », met en garde cette spécialiste basée à Washington, qui travaille pour l’Arms Control Association.
Ces derniers fourbissent déjà leurs armes. Vendredi, le sénateur républicain John Cornyn s’est réjoui du fait que le Sénat « ait prouvé dans le passé qu’il ne restait pas impassible quand le président prend des accords aux conséquences lourdes pour la sécurité nationale ». Il s’est dit prêt à travailler à nouveau pour « protéger les intérêts » américains en cas d’entente avec l’Iran.
En cas d’accord, le texte sera soumis aux parlementaires américains, qui pourraient le faire capoter mais avec une majorité des deux tiers au Congrès.
Source: lesechos