Après un report du scrutin référendaire qui était annoncé pour le 19 mars 2023, les Maliens sont finalement invités aux urnes le 18 juin 2023 pour voter pour ou contre le projet de la nouvelle Constitution du pays. Ce processus engendre d’énormes défis que les autorités de la transition sont appelées à relever avant et pendant le scrutin si elles veulent bénéficier de la confiance de l’opinion nationale et internationale pour les prochaines échéances électorales.
D’abord, faut-il le rappeler, la Constitution est la loi fondamentale qui fixe l’organisation et le fonctionnement d’un pays. Ce qui sous-entend que toutes les personnes éligibles ont le droit d’exprimer leurs choix ou de donner leurs avis sur le projet de la Constitution. Autrement dit, ce scrutin référendaire ne doit normalement épargner personne du moment qu’elle est éligible.
Donc, toutes les personnes éligibles doivent pouvoir voter dans la transparence, en toute liberté et sécurité. C’est là où se situe le plus grand défi pour les autorités de la transition. Il s’agit de faire en sorte que ce scrutin puisse se tenir sur la majeure partie du territoire national en toute sécurité.
Au plan matériel, il faut le dire, beaucoup d’efforts restent à fournir afin de rendre disponibles les cartes d’identité biométriques sécurisées servant également de cartes d’électeur. Aujourd’hui sur la base des informations relatives à la disponibilité des cartes, l’on a le droit de se demander si ce scrutin sera réellement inclusif.
Pour rappel, à la date du 11 avril 2023, seulement 1 500 000 cartes d’identité nationale biométriques étaient disponibles. Certes, les choses peuvent changer d’ici le 18 juin 2023 à Bamako, mais à l’intérieur du pays et au niveau de la diaspora, il va falloir trouver rapidement une alternative permettant aux électeurs de pouvoir voter au cas où ils n’ont pas la carte d’identité biométrique.
Aussi par ce scrutin, l’on assiste à une première expérience de l’Autorité Indépendante de Gestion des Elections (AIGE) qui doit forcément prouver aux Maliens que les autorités de la transition ne se sont pas du tout trompées en supprimant la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour manque d’efficacité. Donc, cette première expérience ne doit nullement souffrir de disfonctionnement ou de maladresse pouvant créer une méfiance entre les autorités et la classe politique et même le peuple.
Enfin, si le NON l’emporte, alors les autorités vont devoir s’attendre à une autre réalité ou pression socio-politique qui pourrait même avoir raison sur elles. Donc, elles ne doivent rien sous-estimer.
En vérité, ce scrutin référendaire demeure un test pour le Col. Assimi et son gouvernement leur permettant de s’affirmer davantage. C’est à partir de là que l’on saura si la situation sécuritaire s’est réellement améliorée à l’intérieur du pays. Cela se justifiera par la couverture territoriale du scrutin et les conditions dans lesquelles le vote va se dérouler. Aussi, c’est cette première échéance qui déterminera les prochaines. Donc, les autorités n’ont pas du tout droit à l’erreur.
Ousmane BALLO
Source : Ziré