L’hôtel El Farouk de Bamako a abrité hier, jeudi 13 mars, l’ouverture du troisième atelier informel entre le pouvoir central et les groupes armés organisé par la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA). Il s’agissait pour cette dernière de rétablir le dialogue entre les différents protagonistes de la crise au nord du Mali afin de préparer la tenue des pourparlers inclusifs. Signalons que seul le MNLA a refusé de participer à ce dialogue, preuve sans doute qu’il n’est pas prêt à rejoindre la table du dialogue. Au cours de cette cérémonie, il a également été procédé à la signature d’un projet de cantonnement du fonds de consolidation de la paix entre le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies et le ministre de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord. A travers ce document, l’ONU s’engage à décaisser 3 millions de dollars pour le financement de 3 sites de cantonnement.
Comment rendre effectif le redéploiement de l’administration en vue de la reprise des services sociaux de base dans le nord du Mali. Où en est la mise en œuvre de l’Accord préliminaire de Ouagadougou. Telles sont entre autres les questions auxquelles devront répondre les participants au troisième atelier informel organisé par la MINUSMA. Cette rencontre regroupe, durant deux jours, le gouvernement malien et les groupes armés rebelles. Le premier jour était consacré à la discussion sur le redéploiement de l’administration en vue de la reprise des services sociaux en faveur des populations des régions septentrionales du Mali. Quant au deuxième jour, il s’agira de faire un examen exhaustif de la mise en œuvre de l’accord préliminaire signé le 18 juin dernier entre les autorités de transition et les représentants des groupes armés sous la supervision de la communauté internationale. Il convient de rappeler que cette rencontre intervient après la tenue de deux ateliers informels les 13 et 14 février derniers portant sur les leçons apprises des accords de paix passés et sur le processus de cantonnement. Ces rencontres avaient permis de relancer le processus de paix qui était au point mort depuis fin 2013. Une dynamique qui s’est poursuivie avec la rencontre entre le gouvernement et les mouvements armés sur le cantonnement, conduisant à l’adoption le 18 février dernier d’un document de travail sur le mode opératoire du cantonnement.
D’ores et déjà, on peut signaler l’absence de l’un des protagonistes de la crise en l’occurrence le MNLA. Sans fournir d’explication, ce dernier a refusé de participer à ces ateliers. Sans doute que cela est du à la récente vague de démissions qui secoue ce mouvement dont la dernière en date remonte à il y a quelques jours lorsque l’un de ses cadres en l’occurrence Ibrahim Ag Assaleh a décidé de claquer la porte. Sauf si dans un dernier sursaut d’orgueil pour ne pas perdre définitivement la main, ce mouvement décide de faire monter les enchères.
Dans son discours, le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et chef de la MINUSMA, Bert Koenders, a rappelé que cette série de rencontres était destinée à » poser des bases de réflexions solides aux pourparlers inclusifs « . Il a en outre insisté sur la nécessité du redéploiement de l’administration dans toutes les régions du nord du pays pour mettre fin au calvaire vécu par les populations quant aux difficultés d’accès aux services sociaux de base. Il a signalé qu’en la matière des efforts ont été réalisés malgré la persistance des défis en raison de l’insécurité résiduelle qui règne dans les régions du nord. Rappelant la nécessité du rétablissement total de la sécurité, il a mis en exergue le triptyque : sécurité, paix et développement. Pour lui, il faut également impliquer les populations à la base dans ce processus tout en appelant le gouvernement à mettre en œuvre le programme de développement accéléré pour les régions du nord. C’est ainsi qu’il a déclaré que » le projet de cantonnement du fonds de consolidation de la paix va dans le sens de la stabilisation, du renforcement de la confiance et la sécurisation du pays à tous les niveaux « .
Timide redéploiement de l’Administration au Nord du Mali
Pour sa part, le ministre de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du nord, Cheikh Oumar Diarra, a rappelé l’engagement du chef de l’Etat à mener le pays sur le chemin de la paix et de la réconciliation nationale.
Il a rappelé que c’est conscient du rôle que le pays peut jouer pour stabiliser la région sahélienne, que la présidence des deux premières années de la plateforme de coordination pour le Sahel a été confiée au Mali. Il a également avancé quelques chiffres concernant le redéploiement de l’administration en indiquant que dans les régions de Gao et Tombouctou 85% du personnel de l’éducation et 65% de l’effectif sanitaire ont déjà regagné leurs lieux de travail. Pour la région de Kidal, la situation est plus mitigée en raison de l’insécurité. Ce taux est de 20% pour l’éducation et 20% dans le secteur de la santé.
Le ministre a déclaré que la République doit reprendre ses droits. Comme preuve de cette note d’espoir, le Ministre Diarra et le représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies et patron de la MINUSMA ont procédé à la signature officielle du projet de cantonnement du fonds de consolidation de la paix. Un document-cadre à travers lequel l’ONU s’engage à débloquer la somme de 3 millions de dollars pour financer l’ouverture de 3 sites prioritaires de cantonnement sur les 8 qui sont en cours d’identification. Ainsi, il convient de préciser que l’article 24 de l’accord préliminaire de Ouagadougou stipule que : » Les dispositions du présent Accord restent en vigueur jusqu’à la signature d’un accord global définitif de sortie de crise « . Il faut rappeler que ces rencontres visent à mettre en place un chronogramme de rencontres formelles entre les différents acteurs afin d’identifier des actions concrètes visant à activer le processus DDR.
Massiré DIOP
SOURCE: L’Indépendant