L’association des griots de Bamako (Djélitonba) a installé son nouveau patron, Mamadou Diabaté dit Kaladjoula. C’était le dimanche 16 novembre 2014 à Lafiabougou. La cérémonie a été présidée par les griots de Kela aux côtés desquels on notait la présence de nombreux cadres de certains départements ministériels, des associations et d’autres structures. Les chefs des associations de griots de plusieurs localités et les notables de la commune ont également répondu à l’appel de Djelitonba, afin d’être témoins de la grande cérémonie d’intronisation.
Vêtu d’un grand boubou blanc, coiffé d’une chéchia en tenant le bâton sacré des chefs de griots, Mamadou Diabaté dit Kaladjoula a été intronisé au cours d’une cérémonie solennelle. Il remplace Ousmane Soumano, décédé il y a quelques mois. Plus d’un millier de personnes ont assisté à la cérémonie d’installation du nouveau chef des griots. C’est à travers des notes de tambours des griots de Kela et les louanges des grandes figures de la musique mandingue au Mali telles que Dédé Kouyaté que la cérémonie a débuté. S’en suivirent quelques allocutions et le rituel d’installation du nouveau leader des griots de Bamako, qui a reçu solennellement le plein pouvoir de la part des griots de Kela.
Le nouveau chef des griots de Bamako, marié et père de plusieurs enfants, aura désormais pour missions de fédérer l’ensemble des clans des griots, régler les conflits, protéger et valoriser le patrimoine culturel et initier des actions en faveur du développement.
Après son investiture, Mamadou Diabaté dit Kaladjoula a lancé un appel à tous les » Jéliw » de s’unir pour redorer l’image du » Jéliya « . Car, dit-il : « aujourd’hui, cette fonction est travestie, parce qu’avec le règne de l’argent, la fonction du » jeli » s’est dégradée, le « jeli » est même devenu un bouffon. Il est dommage qu’aujourd’hui le « jeliya » soit basé uniquement sur la recherche effrénée de l’argent. Ce n’est pas ça notre métier ».
Il a ensuite rappelé la fonction réelle du « jéli » qui est un historien du passé et du présent qui, de par sa voix et ses connaissances, participe même à l’éveil des consciences citoyennes, en rappelant aux uns et aux autres leurs origines ancestrales.
Selon lui « un bon jeli est un véritable communicateur au service de sa communauté et il participait même à tous les processus de développement de celle-ci. Dommage, car aujourd’hui, nous avons deux types de communicateurs traditionnels, si on fait allusion aux jeli, en tant que tels. Il y a, certes, de vrais communicateurs traditionnels, mais aussi des communicateurs traditionnels pécuniaires ».
Par ailleurs, il a déploré la perte des valeurs de dignité, d’honorabilité, de respect mutuel, de fraternité, etc. Depuis que les chants laudatifs ont cédé la place aux sonorités musicales, la nouvelle génération a commencé à perdre les valeurs qui faisaient la fierté des Maliens. Aujourd’hui, toutes ces vertus ont laissé leur place à des tares qui n’honorent aucun individu. Avant de conclure : « Si nous ne faisons rien, le jeliya risque de se perdre, parce qu’il n’aura plus de repères. Si nous voulons avoir, demain, le Mali dont nous rêvons, il nous faut investir dans la jeunesse, en leur enseignant le passé de notre pays qui avait des hommes et des femmes vertueux. Pour cela, il nous faut leur enseigner leur propre histoire et cela, le jeli est le mieux placé pour le faire. Et pour cela, il faut que nous soyons tous unis ».
La Rédaction