Il y a plus de 70 ans un jeune instituteur débarquait à Sikasso dans les années 1940 après de brillantes études à l’école William Ponty où il sortit major de sa promotion. Celui que ses professeurs qualifièrent d’instituteur d’élite très intelligent, mais anti-français, d’agitateur de haute classe à surveiller de très près fut un compatriote hors pair, un panafricaniste intégral et un visionnaire à valeur d’exemple. C’est à lui aujourd’hui que nous voudrons rendre hommage, au moment où notre pays s’apprête à célébrer avec faste son centenaire. Celui que le Général De Gaule disait un jour qu’il était le seul chef d’état africain avec qui il n’avait pas besoin de baisser la tête pour lui parler, au sens propre comme au figuré. Vous l’aurez compris nous voulons rendre hommage à « notre Père », le Président Modibo Keïta.  Le fils de Daba et de Hatouma Camara mérite bien un hommage unanime et intemporel. Pour cela rien de plus juste que d’ériger son mémorial en Mausolée. Il suffirait de ramener ses restes et celui de ses deux parents du cimetière de Hamdallaye au Mémorial  qui porte son nom pour que tous ceux qui visitent ce sanctuaire puissent, s’ils le souhaitent, se recueillir aussi sur sa tombe. Le Mali en sortirait grandit à jamais. Et ce n’est pas sans raison que la Corée de Pyongyang a bien voulu construire le  Mémorial Modibo Keita. Notre Père Modibo mérite bien cela pour avoir donné à notre pays un nom, son nom, sauvé en son temps l’honneur et la dignité du Mali, pour avoir incarné la grandeur d’un peuple, auquel il a su donné une image et une vision. Comme le Président Alpha Oumar Konaré avait si bien le dire le 16 mai 1995. Faisons l’unanimité autour du Président Modibo Keita en pardonnant ses  erreurs et les fautes commises dans le feu de l’action. Ne tirons pas sur tout, n’abattons pas tous nos symboles, faisons un consensus national autour de Modibo et offrons son itinéraire politique et son amour de la partie  comme repères à notre Jeunesse. Il fut incontestablement une fierté pour le Mali et l’Afrique et trois témoignages viennent confirmer le grand Homme d’Etat que fut le président Modibo Keita :

Léopold Sédar Senghor : Ce que je retins de Modibo Keïta c’est sa grande droiture qui prenait ses racines dans sa foi profonde. C’était ce que j’appelle un vrai musulman. Il ne croyait pas, il ne croit pas aux gris-gris et aux maraboutages ……le deuxième trait du caractère de Modibo Keïta est précisément son besoin de rationalité et son esprit de méthode……le Troisième trait que je vais retenir de Modibo est son humanisme.

Jeune Afrique commentant le push du 19 novembre 1968 : il sait lutter pour ses convictions, avec patience et méthode. Le prestige moral qu’il a apporté à son pays est considérable. Dans les instances interafricaines sa parole a du poids. Il se conduisait sans complexe avec les dirigeants de l’est et de l’ouest qui venaient proposer de l’aide à son pays. Avec Modibo à la tête du pays aucun compromis n’était possible en ce qui concerne la souveraineté. Seuls entrait en ligne de conte l’intérêt du Mali. En tout cas quoi qu’il arrive en ce moment Modibo restera aux yeux de la génération d’africains dont nous sommes ce qu’il a été : un homme politique incorruptible.

Le Monde du 19 mai 1977 : Modibo Keita, ce nationaliste combatif et tenace fut un homme respecté par ses compatriotes et écouté sur la scène internationale. Sa distinction, son autorité naturelle et souriante avait plut au Général De Gaule. Il peut être considéré comme un des grands dirigeants de l’Afrique noire révolutionnaire telle qu’elle existait au lendemain des années 60.

O’BAMBA

source :  Le Républicain