Le champion d’Afrique 2015 U17 vient d’ouvrir son compteur-but dans le championnat belge. Dans cette interview, il se réjouit d’avoir retrouvé le goût de la compétition et affiche ses ambitions pour le reste de la saison. Pour lui, l’exercice 2020-2021 pourrait marquer une étape importante dans sa carrière

L’Essor : Vous venez d’ouvrir votre compteur-but avec votre nouvelle équipe, le RW Molenbeek. Qu’est-ce que vous ressentez, quand on sait que c’est votre premier but depuis que vous êtes en Belgique ?

Abdoul Karim Danté : C’est un sentiment de joie qui m’anime, ce n’est pas tous les jours qu’on marque. Je suis fier de pouvoir ouvrir mon compteur-but, mais je dois dire que j’avais déjà marqué des buts avec l’équipe réserve. Je remercie mes coéquipiers, sans eux je n’aurais peut-être pas marqué ce premier but. Je n’oublie pas le coach Drazen Brncic et le reste du staff technique qui m’ont fait confiance.

L’Essor : Vous avez connu un début de saison difficile, mais lors des cinq derniers matches du club, vous avez été titularisé par le coach. Quels commentaires vous inspire ce nouveau statut ?

Abdoul Karim Danté : Effectivement, cela fait cinq journées de suite que le coach m’intègre dans le onze de départ. C’est un signe de confiance et c’est à moi de profiter de cette opportunité pour m’imposer. Je pense que le coach m’a appelé parce qu’il a constaté des problèmes dans l’entre-jeu, mais aussi derrière où l’équipe prenait trop de buts. Je suis défenseur central de formation, mais je joue milieu défensif au RW Molenbeek. Je suis content de ma situation actuelle et je ferai tout pour maintenir le cap.

L’Essor : Quels sont vos objectifs cette année ?

Abdoul Karim Danté : Mon objectif cette année, c’est jouer le maximum de matches avec mon club et après on verra ce qu’il se passera la saison prochaine. En football, les choses peuvent aller très vite et c’est difficile de savoir comment les choses évolueront d’ici à la fin de la saison. Ce qui est important pour moi, c’est de rester concentré sur mon club et donner le maximum de moi-même sur la pelouse.

L’Essor : Vous avez fait une saison à Virton avant de venir au RWD Molenbeek. Quelles sont les raisons qui ont motivé ce changement de club ?

Abdoul Karim Danté : Virton a fait faillite, les conditions sont devenues intenables et ce sont plusieurs joueurs qui ont décidé de partir. Très honnêtement, la situation était telle que je ne pouvais pas rester, sinon, il me restait une année de contrat avec le club. Je me suis engagé avec le RW Molenbeek pour avoir plus de temps de jeu et, surtout grandir. Ici, je me sens bien et je m’entends avec tout le monde, mes coéquipiers, les dirigeants du club, le staff technique. Bref, l’atmosphère est bonne ici et devrait me permettre de franchir un nouveau palier.

L’Essor : Vous avez signé une année de contrat qui prend fin en juin 2021. Une prolongation est-elle en vue. Est-ce que vous avez été approché par d’autres clubs belges ou étrangers ?

Abdoul Karim Danté : Effectivement, j’ai signé une année avec mon club et le contrat prend fin l’année prochaine, mais avec option de renouvellement. Les dirigeants du club sont contents de mon travail et je ne doute pas une seconde que je vais rester au moins un an de plus ici. J’ai été approché par beaucoup de clubs belges mais pour le moment je me consacre pleinement au RW Molenbeek.

L’Essor : En février dernier, alors que vous évoluez à Virton, vous avez été bloqué à Bamako pour cause de la Covid-19. Comment avez-vous vécu cette épreuve et quelle a été la réaction de votre club ?

Abdoul Karim Danté : J’ai été bloqué au pays pendant quatre à cinq mois pour cause de coronavirus. Heureusement que les compétitions étaient arrêtées en Europe. J’étais venu à Bamako pour voir la famille qui me manquait beaucoup, surtout ma mère. Elle est tout pour moi. Le fait que la pandémie m’a trouvé au Mali, entouré de ma famille a été tout bénéfice pour moi. à dire vrai, je n’ai pas beaucoup ressenti la crise sanitaire. Concernant la réaction de mon ancien club, elle a été positive, le club a compris que c’était un cas de force majeure et il n’y a eu aucun problème. à Bamako, je continuais à m’entraîner à la maison deux fois par jour et cela m’a permis de garder la forme.

L’Essor : Vous êtes le capitaine de la sélection nationale U17, vainqueur de la CAN au Niger en 2015. Avec ce sacre, vous êtes devenu le premier footballeur malien à soulever un trophée continental avec une sélection nationale. Avec un peu de recul, quels souvenirs avez-vous de cette consécration historique ?

Abdoul Karim Danté : Je garde de très bons souvenirs de cette CAN au Niger. Je me rappelle bien, c’était le dimanche 1er mars 2015 à 19h que le Premier ministre nigérien m’a remis le trophée de la CAN. J’ai versé des larmes en regardant le ciel. J’ai remercié Dieu de nous avoir donné la coupe. Après, l’ancien président de la Fédération malienne de football, Boubacar Baba Diarra m’a pris dans ses bras pour me féliciter. C’était magique, tous les footballeurs du monde rêvent de soulever ce genre de trophée dans leur carrière. Nous avons passé toute la nuit à l’hôtel à chanter et à danser.

Personne n’a dormi, l’ambassadeur du Mali au Niger nous a offert deux moutons. Nous avons mangé toute la soirée jusqu’au petit matin. à notre retour au bercail, nous avons été accueillis avec tous les honneurs par les autorités, notamment l’ancien Premier ministre Modibo Keïta qui est venu à l’aéroport avec beaucoup de membres de son gouvernement. Les supporters étaient également de la fête et le lendemain, toute l’équipe a été reçue au palais de Koulouba par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Ma main a tremblé au moment de présenter le trophée à IBK qui a offert une maison et une tablette à chacun des joueurs. Je n’oublierai jamais cette consécration.

L’Essor : Sékou Koïta, Amadou Haïdara, Moussa Djénépo, Mamadou Fofana sont tous vos anciens coéquipiers chez les U17 et les U20. Aujourd’hui, tous ces joueurs sont avec l’équipe A. Comment vivez-vous cette situation ?

Abdoul Karim Danté : L’équipe actuelle du Mali est majoritairement composée de joueurs de ma génération et beaucoup d’entre eux sont mes amis. Je vis bien cette situation, je suis content pour eux et je leur souhaite bon courage et bonne chance avec l’équipe A. J’ai confiance en moi et je sais que le sélectionneur Mohamed Magassouba me suit et qu’il m’appellera un jour en sélection.

L’Essor : Le Mali a remporté les CAN U17 et U20, mais la sélection nationale A court toujours derrière son premier sacre. Selon vous, qu’est-ce qui manque à notre pays pour inscrire son nom au palmarès de la CAN et se qualifier pour la phase finale de la Coupe du monde ?

Abdoul Karim Danté : Le Mali a toujours eu de bons joueurs et j’ai beaucoup de respect pour la génération d’aujourd’hui. Elle vient de prouver sa compétitivité en se qualifiant pour la phase finale de la CAN, à deux journées de la fin des éliminatoires. C’est une très belle performance, l’équipe est constituée de jeunes pétris de talent.

J’espère simplement que le ministère de la Jeunesse et des Sports et la Fédération malienne de football vont tout faire pour encadrer et accompagner ces jeunes. S’ils sont bien accompagnés, ces jeunes peuvent offrir le premier trophée continental à notre pays. Pour moi, cette équipe a également les moyens de se qualifier pour la Coupe du monde. En tout cas, c’est tout le mal que je souhaite pour le capitaine Hamari Traoré et ses coéquipiers.

L’Essor : Quel est le footballeur qui vous a le plus marqué, au Mali ou ailleurs dans le monde ?

Abdoul Karim Danté : Ils sont nombreux les footballeurs qui m’ont marqué. Au Mali, je citerai les deux anciens capitaines des Aigles, Seydou Keïta «Seydoublen» et Mamadou Diarra «Djila» et en Afrique, l’Ivoirien Didier Drogba. Avec votre permission, je terminerai en faisant un petit coucou à tous les supporters du pays et aux joueurs et dirigeants de mon ancien club, la J. A.

Que Dieu bénisse notre Maliba !
Interview réalisée par
Djènèba
BAGAYOKO

Source : L’ESSOR