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Nord: vive tension entre l’Etat et la plateforme

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Créés par des non-Touaregs pour défendre les populations sédentaires du nord et les intérêts de l’Etat contre les rebelles touaregs du MNLA, les islamistes d’Ançar Dine et les narco-trafiquants de tous bords, les mouvements d’autodéfense se sont regroupés dans la « Plateforme ». Ils seront rejoints par le GATIA, un groupe armé composé principalement de Touaregs Imghads et placé sous l’autorité de Alladji Gamou, un rebelle repenti devenu général de l’armée malienne. Le GATIA fut, au départ, soutenu par l’Etat malien qui lui affecta des soldats et des armes. Mais depuis la signature des accords de paix du 15 mai et du 20 juin 2015, la Plateforme se sent lâchée par l’Etat. « C’est la France qui a ordonné au président IBK de ne plus frayer avec nous », croit savoir un responsable du GATIA. Depuis sa visite d’Etat dans ce pays, nous ne sommes plus considérés ni reçus par IBK; les rares ministres qui nous reçoivent ne nous écoutent guère ». Notre interlocuteur fait remarquer qu’en revanche, il suffit qu’un leader de la CMA (rébellion) appelle pour que les autorités décrochent et que tout responsable de la CMA est reçu en audience à la première demande, tant au palais présidentiel que dans les ministères.

Un autre responsable de la Plateforme nous révèle que dans le cadre du processus de cantonnement des groupes armés, la Plateforme a sollicité que l’Etat dote ses combattants d’armes afin qu’ils justifient de leur qualité de combattants et soient cantonnés en nombre. « Cela permettrait à nos combattants d’être plus nombreux que les rebelles à bénéficier des mesures de cantonnement et de réinsertion dans l’administration publique », explique notre source. Mais l’Etat a refusé. Du coup, la réinsertion profitera davantage à la CMA qui, appuyée par ses alliés occidentaux, a des armes à revendre. « Nous avons plus de combattants que d’armes, se lamente-t-on à la Plateforme, et il nous arrive même d’acheter des armes à la CMA pour équiper nos combattants destinés à être cantonnés ».

Un autre sujet de colère de la Plateforme a trait aux nominations en cours. « Un nouveau gouverneur vient d’être nommé à Kidal; il appartient à la CMA et sa nomination, contrairement à ce que stipulent les accords de paix, n’a été précédée d’aucune consultation de la Plateforme », se plaint une source proche du GATIA. La même source assure que dans le cadre de la mise en place d’autorités transitoires au nord, la CMA a déjà préparé une longue liste de ses militants qui a toutes les chances d’être adoptée par le gouvernement, aux dépens des mouvements d’autodéfense qui ont cru bon de rester fidèles à l’Etat. « Tout se passe comme si l’Etat voulait pousser la Plateforme à la faute en la faisant apparaître comme un obstacle à la paix », analyse un stratège de la Plateforme qui ne comprend que l’on nomme, à Kidal, un gouverneur affilié à la CMA alors que les Imghads, affiliés à la Plateforme, sont majoritaires dans cette ville. Un autre « Plateformiste » fait valoir une opinion différente: « En réalité, comme par le passé, l’Etat ne veut plus traiter avec les groupes qui l’ont soutenu; il ne reconnaît comme interlocuteur que la CMA et entend faire disparaître les autres groupes ».

C’est parce qu’elle n’obtient plus rien de l’Etat que la Plateforme a rejoint la CMA et débarqué à Kidal. « La main de la CMA est la seule qui nous soit restée tendue », explique un leader de la Plateforme. Il y a pourtant dans ces retrouvailles une grave menace pour l’Etat car les deux groupes tendent, depuis le 2 février 2016, à s’entendre pour gouverner le nord à l’exclusion de l’Etat. Ce scénario sera conforté par le fait que selon les accords de paix, la Plateforme et la CMA seront majoritaires au sein des autorités transitoires; de ce fait, elles pourront mettre systématiquement en minorité l’Etat quand il s’agira de décider. Que gagne l’Etat à se retrouver exclu de la gestion des deux tiers de son territoire ? Cette crainte a été exprimée par des experts auditionnés par l’Assemblée nationale dans le cadre de l’examen d’un projet de loi relatif à la mise en œuvre des accords de paix. Mais jusqu’à ce jour, l’Etat semble faire la sourde oreille…

En tout cas, l’Etat aurait grand tort de compter sur la CMA dont la félonie est notoire. Par exemple, la CMA a reçu une caisse d’argent pour organiser le Forum de Kidal qui devait rassembler, outre les groupes armés, des représentants du gouvernement. Contre toute attente, elle a fini par faire sortir des populations à Kidal qui disent s’opposer à la venue de ministres maliens dans la prétendue « capitale de l’Azawad ».Le gouvernement a dû renoncer au voyage que n’effectueront même pas les deux ministres touaregs: Zahabi et Ag Erlaf. Réservant le plus souverain mépris à l’Etat et à la Plateforme elle-même qui demande un report, la CMA vient de publier, le 26 mars 2016, un communiqué où elle déclare maintenir le Forum du 28 au 30 mars. La raison véritable de ce forcing de la CMA est la suite: elle refuse que lors du Forum, soit évoquée la question du retour de l’administration malienne à Kidal.

 

Tiékorobani

 

Source: proces-verbal

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