La question du Nord Mali ne peut pas être mise de côté en raison de la lutte nécessaire contre les groupes terroristes du centre du pays. Les observateurs s’accordent sur le fait que le foyer terroriste est d’abord venu du Nord avant de se disséminer vers le Centre puis le Sud.
Il faut donc saluer les efforts actuels pour maintenir et relancer le dialogue entre les autorités du pays et les groupes armés signataires, à présent dans le Cadre stratégique permanent (CSP). Pourtant la relation entre les deux parties n’a pas toujours été au beau fixe.
Le conflit est ancien et remonte à la grande rébellion de 1915-1916, puis la révolte de 1963 et enfin les guerres des années 90 et 2000. La montée en puissance des djihadistes en 2012, qui a relégué au second plan les factions traditionnelles touarègues que sont par exemple le MNLA et le HCUA, a marqué un changement de nature sur les rapports entre Bamako et le Nord. Mais le Mali ne peut pas faire l’économie de régler cette question, qui l’empoisonne depuis bien longtemps. Même s’il n’est pas le premier accord de ce type, il n’en demeure pas moins que l’accord d’Alger de 2015 a permis de rétablir une certaine stabilité dans cette région
De plus, tous les groupes du Nord, même les anciens ennemis comme le MNLA, le HCUA et le GATIA, se sont regroupés, peut-être pour la première fois, pour appeler à la mise en œuvre complète de l’Accord d’Alger. Bien sûr, ils jouent leur partie, et il ne faut rien céder sans garantie très claire de leur part. Il faut poursuivre le dialogue, comme l’a fait ces derniers jours le Ministre Wagué à Gao. Ce dialogue doit se poursuivre avec toute la fierté du peuple malien uni, mais il faut aussi le faire avec la volonté d’avancer car il en va de l’avenir du Mali.
En effet, le Mali vit des jours difficiles. En plus du terrorisme, les mauvaises récoltes ou encore les difficultés économiques dues en partie aux sanctions de la CEDEAO mettent en mal le pays. Ainsi, une nouvelle guerre entre Maliens ne saurait aider le pays à sortir de cette situation. Les premiers ennemis du Mali restent les terroristes qui créent l’instabilité dans le pays. Et si l’accord d’Alger explose, ce sont ces derniers qui en tireront profit.
Mamadou Bare