Le pardon et le respect sont indispensables dans la vie d’un couple. Quand l’une ou l’autre qualité fait défaut, la rupture est inévitable, estime la blogueuse, Laya Kounché Arama.
Le mariage a une signification sociale et humaine. Il a également un pouvoir de coercition. La femme mariée jouit d’un certain privilège dans sa communauté. Elle bénéficie d’une protection sociale, juridique et même financière. Cependant, lorsque dans un foyer, tout semble aller de travers, le domicile conjugal se transforme en un ring de boxe, il vaut mieux se quitter. L’écrivain béninois Amzat Abdel Hakim, estime à ce propos qu’il y a des couples mal assortis, des couples déroutants. Semblable à l’union entre un lézard et une tourterelle.
En effet, certains couples ne partagent rien en commun. Ils ont des goûts différents, des manières de penser différentes, des objectifs différents. Ils ne s’accordent sur rien. Mais ils restent mariés pour sauver les apparences. Chaque membre du couple nie son bonheur individuel au profit du bonheur collectif. Pourtant, il faut reconnaitre qu’il ne saurait y avoir de bonheur collectif effectif si l’individu n’est pas épanoui dans son être.
L’audace de la liberté
Aujourd’hui encore, dans la société malienne, la femme est mal vue quand elle prend la décision de rompre un mariage qui constitue une entrave à son épanouissement. Il faut savoir faire table rase des préjugés sociaux. Les qu’en dira-t-on ne constituent que des poisons mortels pour l’âme. Aucun foyer ne saurait se bâtir sur la patience meurtrière. Une patience n’est utile que si elle permet d’unir deux cœurs prêts à se respecter mutuellement. Les législations actuelles favorisées par la démocratie donnent toutes les chances à la femme de disposer de sa vie et de juger de ce qui est le meilleur pour elle.
Mais, les mœurs et coutumes dissuadent la femme d’user de ces textes. Et puis, la peur de rester célibataire toute sa vie pousse la femme à accepter des situations dangereuses et des mariages potentiellement meurtriers. Si la religion, les mœurs et coutumes autorisent l’homme à avoir un pouvoir de domination sur la femme, il est cependant nécessaire de souligner que rien n’oblige la femme en ce XXIème siècle à supporter un homme alcoolique, polygame, violent et, noctambule, contre son gré.
La liberté est pourtant capitale pour un être humain. Certes, nous vivons en communauté et, il est nécessaire de tenir compte de cela. Mais, il est utile aussi de savoir que la vie est précieuse et qu’il ne faut pas la sacrifier pour une collectivité qui ne garantit pas forcement notre bonheur. Il faut oser tourner le dos lorsque notre liberté en tant qu’individu est bafouée. Cela n’est cependant possible que si nous pouvons assumer pleinement les conséquences de notre choix. Car tout choix nécessite un sacrifice et tout sacrifice entraine des conséquences qu’il faut assumer.
Mauvaise perception du divorce
Dans plusieurs pays africains notamment au Mali, une femme divorcée est mal perçue par la société. Cela devient plus scandaleux quand l’initiative du divorce vient de la femme. La femme est censée, selon l’opinion générale, supporter toutes les difficultés auxquelles elle sera confrontée dans son foyer. Mieux, elle doit œuvrer dans le sens de préserver son mariage. Quels types de problèmes pourraient-ils conduire un couple au divorce ? se demande-t-on.
Bien qu’ignorant le calvaire que vit la femme dans son couple, la société apporte rarement son soutien et son assistance à la femme divorcée. La veuve est mieux traitée et mieux protégée que la divorcée. Au regard de ce qui précède, il est important de noter que la femme dans nos sociétés, préfère souvent mourir que de vivre son statut de divorcée sans complexe.
Changement de mentalité
Outre la peur du rejet sociétal, la femme dépendant financièrement de son mari n’ose pas demander le divorce car elle craint de perdre les privilèges qu’elle détient en tant qu’épouse. La peur du divorce pousse beaucoup de femmes à tomber dans les bras de marabouts et charlatans vils et pervers qui ne craignent ni Dieu ni l’enfer.
Néanmoins, une femme travaillant, qui bénéficie pleinement du fruit de son travail peut oser partir lorsque le mariage, qui est censé contribuer à son bonheur se transforme en un enfer.
Le mariage n’est pas une fin en soi. Encore moins la réalisation effective du bonheur de l’être humain. Alors, pourquoi sa dissolution serait-elle une catastrophe ? Avant d’être une femme mariée, la femme est d’abord un être humain et la négation de son humanité n’est qu’une offense à l’humanité elle-même. Il est important qu’elle reconnaisse sa nature humaine et lutte pour la préserver. En ce sens qu’elle ne doit laisser aucune situation étrangère la piétiner.
Le mariage est un devoir envers la communauté, mais il importe de reconnaitre que le divorce n’est pas une fatalité. Les mentalités doivent changer. Le mythe qui entoure le divorce aussi.
Source : Benbere