Dans une lettre ouverte adressée au Président de la Transition, à l’attention du Vice-Président de la Transition, et du Premier ministre de la Transition, le Comité du Syndicat Autonome de la Police (SAP) du Commissariat du 2e Arrondissement de Sikasso, pointe du doigt un traitement discriminatoire entre les militaires qui ont accès aux hautes fonctions, depuis le changement de régime, et les fonctionnaires de Police qui sont marginalisés. Tout en rappelant que l’impartialité et l’équité doivent être un prérequis pour que les forces de défense et de sécurité puissent mener à bien ses missions et de jouer son rôle de vigie au sein de notre démocratie, le Comité syndical estime qu’il est encore possible de rectifier le tir et le plus tôt serait le mieux.
Nous vous livrons in extenso la lettre ouverte.
Monsieur le Président de la Transition,
Je voudrais me permettre, avec tous les respects que je dois à Votre Excellence, de vous envoyer une réflexion sur la portée des nominations au sein des forces de défense et de sécurité, depuis le 18 août 2020, à l’avènement du changement de régime jusqu’à nos jours et les implications sur le processus de paix en cours.
Je m’incline tout d’abord devant la mémoire de tous les patriotes des forces de défense, de sécurité et des civils qui sont tombés sur les champs de l’honneur.
Monsieur le Président, je me le permets à double titre, en tant que fonctionnaire de Police chargé de la sécurité et en tant que syndicaliste pour la défense des intérêts matériels et moraux des Policiers.
Nous les syndicalistes de la Police Nationale souhaitons vous saisir de leurs vives inquiétudes face à la marginalisation des fonctionnaires de Police dans la nomination des hauts postes de responsabilité du pays.
En effet, en dépit de quelques dispositions positives comme, par exemple, un grand nombre des mesures mises en œuvre, le dénouement de la crise scolaire, le ralentissement de la progression inquiétante des terroristes vers le Sud du pays, l’acquisition des équipements militaires, … ont contribué à apaiser le climat social et à instaurer un sentiment de confiance au sein des forces de défense et de sécurité.
«Vous ne pouvez pas créer la prospérité en décourageant la Police Nationale » !
Comme des millions de maliens, j’ai suivi avec intérêt vos différentes nominations depuis votre accession à la fonction suprême du pays. Au sein de la Police Nationale, le constat est amère et désolant, aucun fonctionnaire de Police n’a été nommé Ministre, ni Secrétaire Général de Ministère et nul Conseiller à la Présidence. Par contre, je salue la nomination de deux fonctionnaires de Police au poste de Gouverneur de Région, contre un seul auparavant dans le régime déchu.
Aussi, un seul policier vient d’être nommé au Conseil National de la Transition (CNT) sur les vingt-deux postes attribués aux forces de défense et de sécurité. Il faut ajouter à cela, que sur les sept postes offerts aux Syndicats, la Police Nationale s’est retrouvée bredouille. Sans oublier, que la Police Nationale regroupe en son sein plus de huit tendances syndicales dont le Syndicat Autonome de la Police (SAP).
Monsieur le Président, l’impartialité et l’équité doivent être un prérequis pour que les forces de défense et de sécurité puissent mener à bien ses missions et de jouer son rôle de vigie au sein de notre démocratie. Aussi les personnes nommées doivent être suffisamment légitimes et charismatiques pour pouvoir exercer pleinement ses fonctions et prendre les décisions courageuses, parfois clivantes, qu’impose la défense de l’intérêt général du pays.
«Vous pouvez en corriger le tir mais il faut agir et agir vite»
Monsieur le Président, on n’échappe pas aux responsabilités de demain en cherchant à les éviter aujourd’hui. «Le Chef de l’État doit avoir le souci de la promptitude, de la rapidité et de l’urgence», l’urgence est là Monsieur le Président, saurez-vous y faire face ?
Monsieur le Président, André MALRAUX disait que «Tous les combats ne doivent pas être menés en même temps mais les plus simples sont parfois les plus importants». Nous souhaitons appeler votre attention sur une question qui pourrait se régler en quelques heures : la nomination des fonctionnaires de Police dans les plus hautes fonctions de Commandement de la Nation au même titre que les autres forces défense et de sécurité.
En effet, la Police Nationale regorge des ressources humaines compétentes et expérimentées dans les rangs des Inspecteurs Généraux, des Contrôleurs Généraux, et des Commissaires Divisionnaires, qui sont capables d’assumer toutes les fonctions de l’État.
A travers cette lettre ouverte, Monsieur le Président, nous tenons à vous témoigner de notre attachement à cette Institution de la Police, à son rôle prépondérant dans le bon fonctionnement de notre démocratie.
Face à cette urgence sociale, nous restons à votre disposition pour travailler ensemble afin d’échanger et de construire ensemble des réponses adaptées qui placent la réalité de vie des personnes les plus vulnérables au cœur de la volonté des réformes.
Monsieur le Président, nous devons être capables de penser résolument à une force de Police à la hauteur des espérances de la population. Une Police professionnelle, protectrice des droits, des vies et des biens. Les défis sécuritaires sont nombreux entre autres l’insécurité, le terrorisme, la traite des personnes, le banditisme, la criminalité organisée, les affrontements interethniques et les assassinats ciblés. C’est pourquoi les plus hautes autorités du pays doivent s’atteler à doter la Police des moyens conséquents pour l’accomplissement de ses missions.
Vous seul, Monsieur le Président, pouvez régler rapidement cette situation, je ne doute pas que vous le ferez.
Dans l’attente de votre réponse, et, souhaitant recevoir toute votre considération, je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l’expression de mon espérance la plus sincère.
Très respectueusement.
Qu’Allah bénisse le Mali.
Le Président du SAP
Comité-Sikasso
L’Adjudant de Police Antembelou SAGARA
Source : INFO-MATIN