«Nous, les femmes de l’espace CEDEAO pour la paix et la sécurité, nous saluons sa bravoure et sa détermination à tourner la page de cette crise qui n’a fait que trop duré. Elle a tout notre soutien et elle le mérite. Les femmes du Mali et celles de l’espace CEDEAO qui militent pour la paix et la sécurité l’accueillent à bras ouverts chez elles. Ce geste de Nina Wallet est celui d’une femme responsable». Ces propos sont de Me Saran KEITA, présidente du Réseau des femmes pour la paix et la sécurité dans l’espace CEDEAO, dans une interview qu’elle a bien voulu nous accordé, hier mercredi.
Après l’annonce du nouveau gouvernement, la nomination qui fait le plus de tollés est incontestablement celle de Mme Nina Wallet Intalou, la présidente des femmes du MNLA, comme ministre de l’Artisanat et du tourisme.
Les raisons d’un soutien indéfectible
Une nomination négativement appréciée par les ennemis de la paix et de la réconciliation au Mali dont le souhait est de l’échec du processus en cours. Mais, fort heureusement, les femmes leaders du Mali sont là pour soutenir et accompagner la nouvelle ministre partout où besoin sera afin qu’elle réussisse la mission à elle confiée par les plus hautes autorités du Mali.
En tout cas, c’est l’assurance donnée par Me Saran KEITA, présidente du Réseau des femmes pour la paix et la sécurité dans l’espace CEDEAO, et Mme BOUARE Bintou Founé SAMAKE, présidente de l’ONG Femme/Droit et Développement en Afrique (WILDAF/Mali).
Selon Me Saran KEITA, cette bonne volonté de Nina Wallet est à saluer et à appuyer, avant de rappeler que le rôle d’une femme est de consolider la paix dans un pays. Et Me KEITA d’expliquer: «Ce sont les femmes et les enfants qui subissent les plus lourdes conséquences d’un conflit. Car elles seront veuves et se retrouvent avec des orphelins.
Aussi, est-elle convaincue, les femmes et les enfants sont plus vulnérables que les hommes. Elle en donne comme exemple concret : les récents cas de viol sur les femmes et les filles.
Par ailleurs, soutient Me Saran KEITA, une femme qui pense aux douleurs de ses sœurs fera tout pour stopper des conflits. Et elle estime que c’est ce sentiment de bonne mère qui a guidé les pas de cette «grande dame».
«Qu’elle en soit sincèrement félicitée. Et nous ferons tout pour la soutenir et la défendre contre des personnes de mauvaises foi qui interprètent mal sa décision», a-t-elle rassuré.
Signalons que le Réseau des femmes pour la paix et la sécurité dans l’espace CEDEAO réunit l’ensemble des organisations des femmes dudit espace. Il a organisé des actions pour la promotion de la mise en œuvre de l’accord de la paix et de la réconciliation. D’ailleurs le réseau a effectué une multitude d’activités au Nord Mali, notamment Gao et Tombouctou, pour sensibiliser les femmes et les jeunes sur leur rôle dans le processus. Pour la ville de Kidal, Me KEITA soutient que le réseau attend seulement le feu-vert du gouvernement pour aller encourager les femmes de cette ville.
Selon Me KEITA beaucoup de femmes de Kidal s’inscrivent dans la paix, mais ont peur des répressions d’une minorité qui créent la terreur au sein de la communauté. Elle a, à cet effet, rappelé qu’une mission de son Réseau est de rassurer les femmes de Kidal de rejoindre les autres femmes qui ne veulent plus de cette situation de conflit, de méfiance et de frustrations:
«Nous n’avons pas peur d’aller à Kidal, malgré les dangers qui y prévalent et même si nous n’avons pas d’armes, notre stratégie de communication à l’endroit de nos sœurs du Nord pour restaurer une paix effective et durable dans l’espace CEDAO, est une arme efficace», a-t-elle affirmé.
En tout cas, est convaincue Me Saran KEITA, les femmes de Kidal seront libérées de cette prison dans les jours à venir, grâce surtout aux actions des autres femmes engagées dans la dynamique de la paix.
Une nomination bien justifiée
Quant à Mme BOIRE Bintou Founé SAMAKE de WILDAF/Mali, elle n’a pas caché la satisfaction de son ONG pour cette nomination. Pour preuve, de nos jours, cette ONG peut être considérée comme une référence en matière de lutte pour la défense des droits de femmes en Afrique de l’Ouest. Son bureau sous régional couvre tous les pays de l’espace CEDEAO. L’ONG assure la prise en charge des femmes victimes des violences basées sur le genre.
Pendant la crise de 2012, WILDAF/Mali a accompli la prise en charge de plus de 300 femmes et enfants victimes des exactions des rebelles de la CMA et celles des islamistes plus tard. Ce qui fait qu’elle travaille en étroite collaboration avec des organisations internationales, notamment l’ONU-Femmes.
Selon Mme BOUARE, cette nomination est un signal fort pour toutes les femmes du Mali.
«Contrairement à ce que les gens disent, ce n’est pas de l’opportunisme de la part de notre sœur, car nous sommes en quête de paix. Je suis au regret de constater que les chefs des groupes armés ont dénoncé cette nomination. Pourtant, ce gouvernement a répondu positivement à tous les caprices de ces groupes armés et il ne pouvait pas nommer ces chefs qui ont les mains et les pieds tâchés de sang de viol des femmes. Quand une femme est là pour tourner cette page nous devons l’encourager à l’instar de toutes les autres femmes des régions u Nord qui sont dans les dispositions de conflit », a-t-elle martelé sur les antennes de radio Klédu.
Rappelons que Mme Nina Wallet a été nommée vice-présidente de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) en 2015. Une fois ministre, nous pouvons confirmer que la nomination de cette ex-rebelle touarègue est perçue comme un signe de bonne volonté de la part des autorités maliennes dans le cadre de l’application de l’accord de paix, même si les gourous de la CMA le perçoivent autrement
Christelle KONE
Source: info-matin