La montée en puissance des terroristes de Boko Haram est désormais en train de menacer toute la région et non plus seulement le Nigeria. Face aux risques de voir s’étendre le groupe, la question de la mise en place d’une coalition pour intervenir se pose.
Plusieurs milliers de morts depuis le début de l’année, des dizaines de villages rasés, des attaques qui s’étendent au Cameroun, des menaces très claires à l’encontre des pays occidentaux… La montée en puissance de Boko Haram constitue un vrai défi et surtout une problématique de taille pour le Nigeria mais pas seulement. Les pays aux alentours aussi sont directement visés et le Cameroun est désormais en ligne de mire des terroristes qui veulent étendre leur territoire sur le modèle de l’Etat islamique à cheval entre la Syrie et l’Irak.
Face à la dégradation de la situation, pourtant, les autorités nigérianes semblent complètement insensibles et la course à la présidentielle qui a lieu en ce moment donne une image de profond décalage entre la situation sur le terrain et celle que les hommes politiques représentent. Alors que Goodluck Jonathan espère remporter l’élection le mois prochain, son impuissance et surtout son manque d’action dans le nord du pays a permis à Boko Haram de s’étendre dans des proportions qui étaient évitables si une vaste offensive avait été lancée bien avant.
L’impuissance de l’armée nigériane et l’intervention camerounaise
Le problème que rencontre le Nigeria dans sa lutte contre les terroristes réside avant tout dans la faiblesse de son armée. Si les militaires sont très nombreux, ils sont mal entrainés, mal armés et surtout leur comportement vis à vis des populations est considéré par beaucoup comme violent. De plus à plusieurs reprises lors d’attaques de Boko Haram, des groupes entiers de militaires n’ont pas hésité à fuir plutôt qu’à sauver les habitants, installant par la même occasion un climat de défiance. Il n’en reste pas moins que ce manque d’action de la part du gouvernement central est actuellement en train de conduire le Nigeria dans le mur et surtout d’y entrainer les pays voisins. C’est le cas du Cameroun qui doit faire face depuis plus d’un an à des infiltrations de terroristes sur son territoire. Pour les contrer le chef de l’Etat Paul Biya a ordonné de bombarder à plusieurs reprises via l’aviation, les positions djihadistes. Ces derniers jours plus de 140 hommes de Boko Haram ont ainsi été tués par l’armée camerounaise. Des pertes sans précédent pour l’organisation terroriste.
Mais malgré la volonté du Cameroun, la puissance de Boko Haram fait craindre une multiplication des actions et notamment des attentats. Le Tchad et le Niger sont également menacés et rien n’indique que des attaques n’auront pas lieu dans les prochaines semaines. Face à la détérioration de la situation et surtout à l’incapacité très claire du Nigeria à régler le problème, la question d’une intervention se pose. Néanmoins Abuja s’est toujours positionné de façon à ce que son indépendance soit respectée à tous points de vue. Il est donc peu probable qu’en dépit des conditions catastrophiques le Nigeria demande de l’aide militaire. En revanche les pays de la région qui sont directement menacés sont eux, des alliés de très longue date de la France, qui de plus à un certain nombre d’intérêts stratégiques dans la zone. Si pour le moment Paris n’a absolument pas dit envisager une intervention, il est probable que la question commence à agiter le ministère de la Défense. Si Boko Haram multiplie ses attaques et s’en prend par la suite au Niger et au Tchad ou que le Cameroun se retrouve dépassé, il ne fait aucun doute que la France envisagera une solution militaire, même si elle se confine à des frappes aériennes.
La Rédaction
Source: afriqueinside.com
